L'uniforme ensanglanté

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La jeune femme vêtue d'un sailor fuku s'approchait de la fenêtre. Son sourire était si creepy que je dus fermer les rideaux pour le cacher. Mon cœur battait pendant que des rires de petites filles se rapprochaient. La porte grinça : j'avais oublié de la fermer...

Je me retournai d'un coup,terrorisée. Ce n'était qu'un courant d'air... glacial. Les rires s'intensifiaient de plus en plus. Je me retournai, regardai par la fenêtre en entrouvrant les rideaux : elle était juste devant ! Je fis un bon en arrière et sans regarder derrière moi, je m'enfuis de ma chambre. Je courais dans le couloir, bien sûr, il n'y avait personne chez moi. Personne pour me venir en aide. J'étais seule.Toute seule. Affreusement seule. Et terrifiée. Je me cachai dans la salle de bains, entre le miroir et le placard. Je repliai mes jambes vers moi, les entourai avec mes bras et enfouis ma tête dans mes genoux. Au fur et à mesure que ma peur grandissait, ces satanés rires résonnaient de plus en plus fort dans ma tête. Arrêtez-vous ! J'en ai marre de vous entendre rire, rire, rire, encore et encore ! Arrêtez-vous ! Arrêtez de vous moquer de moi ! Arrêtez !

Je relevai la tête. Elle était là, juste en face de moi ! J'essayai de la frapper tout en me relevant pour fuir, et elle disparut. J'ai gagné ? Non,ça ne peut pas être aussi facile...

Je tournai la tête. Elle était assise sur l'évier. Vas-t-en ! Je tentais de la frapper à plusieurs reprises, et je dévalais les escaliers, et je courais dans la cuisine, dans le salon, et j'étais affolée, horrifiée, terrifiée, terrorisée, et je la frappais, encore et encore, et elle disparaissait, encore et encore, et ces satanés rires ! Ces rires de fillettes, ces rires horripilants ! Ils me rappelaient trop le mien d'il y a des années ! Arrêtez de vous moquer de moi ! Vous n'êtes que des fantômes du passé ! Arrêtez de me rire au nez comme si vous étiez mieux que moi ! Et celle-là, elle n'énervait aussi, à sourire comme ça ! Elle aussi se moque de moi ! Arrête de sourire bêtement ! Arrête de sourire comme une insouciante ! Arrête de sourire ! Je te frappe, et tu reviens toujours me hanter ! Tu vas disparaître oui ?! Laisse-moi en paix !

Je me précipitai, glissai et ouvris un tiroir en tombant. Je me relevai : un couteau. Un magnifique couteau. Bien aiguisé, brillant. Il m'appelait. Peut-être qu'avec lui, elle disparaîtrait enfin, qui sait ? Je m'emparai de l'arme, je la serrai entre mes doigts. J'étais en sécurité. Je le savais. Je le sentais. Les rires se sont arrêtés. Elle   s'approche de moi, son éternel sourire sur son visage. Je la laisse venir vers moi, un peu plus... encore un peu...

Tentant de la prendre par surprise, j'essayai de la poignarder alors qu'elle était à dix centimètres de moi. Je triomphai.

Non.

C'est faux.

Je comprends maintenant.

« - Alors,inspecteur ?

- Tout porte à croire que la victime a cassé toutes les choses dans lesquelles on peut voir son reflet avant de se poignarder elle-même.

- Et le corps ?

- Mmmh... c'est pas joli-joli : le corps est couvert de blessures, de bleus, de coupures dues au verre éclaté... et son visage... son visage...

- Son visage ?

-Un sourire malsain. »



L'uniforme ensanglantéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant