Chapitre 1

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Age : 1

- Matteo ! Réveille-toi !

Ça faisait déjà six heures qu'il dormait et j'estimais que c'était suffisant, étant donné la faible activité physique qu'il entretenait à l'âge d'un an. Et ce corps me paraissait incroyablement vide, sans lui.

Je savais bien qu'il était inutile de l'appeler, qu'il ne pouvait pas m'entendre quand il dormait. Il était de l'autre côté de la porte, qui s'était refermée.

J'avais finalement découvert l'utilité de chacune des brèches. Elles s'ouvraient en temps voulu. La première était la mienne, et la deuxième celle de l'humain. Y entrer nous permettait de prendre contrôle de notre corps. Ce qui était d'ailleurs assez difficile à faire tous les deux en même temps.

La troisième porte, je l'utilisais pour inspecter le corps, vérifier ses organes, soigner ses maladies ou accéder à sa mémoire physique, c'était un peu l'entrée de service.

Quant à la quatrième, seul Mattéo l'utilisait lorsqu'il était fatigué. Il passait à travers et revenait quelques heures plus tard.

Après l'incident de la cheminée, je n'avais plus revu mon père. Le seul contact avec mon monde était avec Daphné, une immortelle qui m'amenait une petite boîte de pilules tous les mois. Elle disait que c'était « mon Ambroisie », je ne savais pas vraiment ce que c'était mais ça avait bon goût. J'en mangeais tous les soirs, ça me redonnait de l'énergie. Elle disait aussi qu'un jour je serai capable de remonter, et que je n'aurai plus besoin de suivre ce traitement.

Daphné m'avait offert un bracelet, qu'elle m'avait interdit d'enlever. Elle disait que ça servait à coordonner mon âme à celle de Mattéo. Il devait être efficace, puisque je n'avais plus revu de second bras depuis que je le portais.

Nous avions d'ailleurs changé de maison. La nouvelle maison était plus grande et moins sombre, j'avais aussi ma propre chambre.

J'avais découvert quels étaient les vrais noms de mes parents. Géant s'appelait William et sa femme se prénommait Dana. Quant à Humain, il tenait à ce que je l'appelle Mattéo.

J'essayais d'appeler à nouveau :

- Matteo ?

Ça ne marchait toujours pas. Je savais comment le réveiller, mais il n'aimait pas ça. Il allait sûrement bouder un moment, mais je m'ennuyais trop et il avait assez dormi.

Je posai ma main sur l'entrée de la troisième porte, elle s'ouvrit à mon ordre et je m'y engouffrai.

Je savais déjà où aller, au cœur. Ce gros organe rouge qui ne s'arrêtait jamais de trembler, de se gonfler et de se dégonfler. Je tendis vers lui mon doigt translucide et un petit éclair doré en sortit. Le cœur se mit à battre de plus en plus vite, puis reprit un rythme normal. Mattéo était réveillé.

- Tu m'as encore secoué, ça fait mal !

Je remontais vers la salle des portes, l'air innocent.

- Mais je veux jouer... disais-je.

Je savais qu'il adorait s'amuser et qu'il ne pourrait pas faire la tête bien longtemps.

- Si on mangeait d'abord ? demanda-t-il.

- Tu as raison, je n'ai rien mangé pendant que tu dormais.

Notre mère, qui n'en pouvait plus d'un bébé actif vingt-quatre heures sur vingt-quatre, était partie se détendre chez une amie, nous étions seul à la maison.

Tome 1 : Le ThéohumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant