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Cela fait deux semaines que Louis enchaîne les fêtes, même en pleine semaine. Il rentre totalement ivre, se rendant directement à la douche ou se laissant simplement tomber sur le canapé. J'essaie de toujours être au petit soin avec lui. Je lui prépare des tasses de thé, je lui apporte des cachets d'aspirine et je pose des couvertures sur son corps. Quelque chose à changer chez lui. Depuis cette fameuse soirée chez Zayn, je le trouve différent. Il scintille moins. Il s'absente régulièrement, autant bien physiquement que mentalement. C'est peut-être normal.. Peut-être que je m'inquiète pour rien, qu'il s'est juste fait de nouveaux amis et que l'univers de la nuit lui plaît beaucoup. Peut-être qu'il s'amuse véritablement bien, lors de ses sorties nocturnes mais.. Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai cette inquiétude au fond de moi. Il faut sans cesse que je m'assure qu'il va bien. Que la personne qui va le ramener à la maison est sobre. Qu'il ne déprime pas, qu'il est heureux. J'ai besoin de m'occuper de lui.

C'est comme si les rôles s'étaient inversés. Bien sûr, au lycée, rien n'a changé. Il me tient la main en y allant et on reste ensemble durant les récréations et les midis. Je sèche autant de cours que je le peux et je n'ai toujours pas d'amis. J'ai l'impression que.. Je vais mieux. En quelque sorte. Je crois que le fait d'avoir autant peur pour Louis me fait oublier mon mal-être. Il est au centre de toutes mes préoccupations. J'essaie de lire dans son regard, de percer le mystère qui s'est installé dans ses yeux mais.. Je n'y trouve rien pour la simple et bonne raison que ses orbes me fuient. Il évite méthodiquement le contact visuel. Ça me fait mal. Je me demande si c'est moi qui ai fait quelque chose de travers. Il a certainement découvert que je ne suis pas si intéressant que cela. Que je suis plutôt ennuyeux comme garçon et qu'aux fêtes, les gens sont beaucoup plus cools. Qu'ils sont tous tellement mieux que moi. Qu'à côté d'eux, je fais tâche. Je suis bien trop pathétique pour leurs arriver à la cheville. Ce doit être cela.

Johannah ne sait pas, pour toutes ses sorties. Louis fait le mur. Il est si discret qu'elle ne se rend compte de rien. Il ne la prévient que lorsqu'il sort le week-end. Je me sens coupable. Je me dis que s'il lui arrive malheur, je m'en voudrais toute ma vie. Que ce sera de ma faute, que si j'en avais parlé à sa mère, elle aurait pu calmer le jeu. Sauf que je ne peux pas trahir Louis. Jamais je ne ferai ça.

J'ai promis que je ne l'abandonnerai jamais et je compte tenir cette promesse. Alors ce soir, lorsqu'il rentre d'une énième soirée, complètement défoncé, je pose mon livre sur la table du salon et je m'approche de lui. Il empeste l'alcool, ses cheveux sont gras et ses yeux sont rouge vif, soulignés par des cernes foncées. Il est méconnaissable.

- Louis..

Il avance en titubant jusqu'au sofa et s'allonge avec nonchalence sur ce dernier. Il gromelle, se frotte les yeux, gémit puis vomit. Je m'empresse d'aller chercher une bassine que je lui tends, et puis je m'empare d'une serpière et d'un produit nettoyant afin de faire disparaître cet incident. Je m'agenouille ensuite près de lui, je caresse son front, et je m'attarde un peu sur ses cheveux.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, Louis..

J'aimerais qu'il m'explique, qu'il me dise ce qui se passe. Ce qui a changé. Où est passé le Louis que j'aimais tant ? Mais il esquive le sujet sans arrêt et.. Je n'ose pas insister.

Pendant un instant, j'ai le vague sentiment de l'avoir retrouver. Il me fixe. Ses yeux océans plonge dans les miens. C'est comme avant. Il y a cette magie, cette énorme complicité qui n'est autre que de la fusion. Mon cœur palpite. Je mords l'intérieur de ma joue. Il m'avait manqué. Il me manque alors qu'il est là, avec moi. À travers ses yeux, j'ai l'impression de retrouver mon Louis. Mais tout s'arrête, brutalement. Cet espoir qui avait grandi en moi n'aura duré que l'espace de quelques secondes. Il ferme les yeux et je sais que je l'ai à nouveau perdu. Je vais le retrouver demain matin. Il aura sa main dans la mienne, son bras autour de moi, ma tête contre son épaule et pourtant, il sera loin. Dans un ailleurs qui me ferme la porte.

embrace my fears.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant