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Je sors une cigarette du paquet et l'apporte à ma bouche. La plaçant entre mes lèvres, je l'allume avec un briquet avant de m'asseoir sur l'un des bancs du parc pour gosses dans lequel je me trouve. Il est dix heures du soir et après les cours, je ne suis pas rentré chez moi. J'ai marché pendant plusieurs heures en mélangeant les rêves et les pensées sérieuses, faisant une pause dans un bar pour prendre un verre, avant de continuer ma ballade. Je me suis ensuite arreté au terrain de jeux, j'ai joué un peu avec un balon crevé qui traînait et puis je me suis mis à fumer cette cigarette.

Je n'ose même pas consulter mon portable. Je dois avoir plus de vingt messages et appels en absence. Ma mère doit être morte d'inquiétude et Harry.. Harry doit paniquer. Je suis le putain de connard qui est en train de le faire paniquer pour que dalle. Je soupire, avant de tirer une nouvelle fois sur ma cigarette.

La vérité, c'est que j'avais besoin de passer du temps seul avec moi-même. De faire le point sur ma vie et sur mon avenir. J'avais besoin de m'évader de l'environnement qui m'entoure habituellement. Quand j'y pense, je réalise que dans mon quotidien, je suis toujours entouré. Soit par mes amis, soit par ma famille, soit par Harry. Je ne suis jamais seul et je ne me pose jamais de questions par rapport à tous ces trucs. Peut-être que c'est justement cela qui m'empêche de passer des moments comme celui que je suis en train de passer. Il y a tellement de personnes et de mouvements autour de moi que je m'oublie.

Toute ma vie durant, j'ai fait en sorte de ne jamais ressembler à mon père. J'étais effrayé à l'idée d'avoir hérité de l'un de ses traits de personnalité comme l'égoïsme, la manipulation, le mensonge,.. J'ai toujours voulu faire de mon mieux pour m'éloigner de la personne que j'ai pourtant si souvent admiré lorsque j'étais enfant. J'aime à penser que j'ai réussi. Je suis heureux de me dire que je ne suis pas comme lui, qu'il y a des chances pour que je ne sois pas une aussi mauvaise personne que lui. En revenant dans ma vie, il a tout chamboulé. Je n'avais plus qu'une envie : le voir déguerpir. Malheureusement pour moi, même s'il a rapidemement quitté la maison, le mal est fait. Je ne peux plus fermer les yeux et m'empêcher de songer à lui.

Au fond, je ne sais pas ce qui me dérange le plus : l'avoir revu, ou savoir qu'il prétend avoir changé. Lui, changer... Je retiens un rire nerveux. Un homme comme lui ne pourra jamais changer. En apparence peut-être, mais il gardera toujours en lui cette nature si froide, terne et méprisable. On ne sauve pas les apparences. Pas à chaque fois.

Quant à mon avenir... C'est le trou noir. Un immense trou noir qui me submerge dès que je tends à y penser. Aucun domaine n'a l'air de me correspondre professionnelement et quand bien même ce serait le cas, mes résultats ne me le permettraient tout bonnement pas. Je crains ne pouvoir ouvrir aucune des portes qui pourraient me mener à un beau futur. Plus j'essaie de m'y faire, plus une évidence se présente : la fuite. L'évasion. Il faut que ne m'en aille, que je prenne la route, le train, l'avion, peu importe, tant que cela aura l'audace de me faire prendre la fuite. De me permettre l'évasion à l'état pur. La liberté, l'absence de contraintes et de système qui me réduit à néant. À un simple élève en manque de capacités et d'intérêts. Une erreur dans leur programme qui n'est promise à pas grand chose..
Je soupire une nouvelle fois, avant de m'emparer de mon portable et de taper quelques mots à Harry pour qu'il vienne me rejoindre. J'ai besoin de lui, j'ai éperdumment besoin de lui.

En moins d'un quart d'heure, il est là, au bout de l'allée. Il avance de sa démarche gracieuse, dans sa paire de jeans bleu et son haut à manches courtes blanc. Il doit avoir froid. Bordel, qu'est-ce qu'il doit être gelé! Il doit faire -36, je tremble sous ma veste et lui.. Il se ramène ici, en tenue de printemps!

- Louis! Qu'est-ce que tu fais là !? On s'est tellement inquiétés pour toi, putain! Ta mère.. Ta mère, elle allait appeler les flics! m'hurle-t-il dessus, lorsqu'il arrive à ma hauteur.
- Tu aurais pu mettre un pull ou une veste.., je murmure en lui faisant signe de s'asseoir à mes côtés.
- Va te faire foutre! s'exclame-t-il en souriant. J'étais mort de trouille, j'avais tellement peur qu'il te soit arriver quelque chose Louis, t'imagines même pas.. On a appelé Zayn et Niall et.. Et j'ai eu peur. Je.. Je sais pas ce que j'aurais fait si.. S'il t'étais arrivé quelque chose..
- Chuuuuut, je fais tout en passant mon bras autour de sa taille tandis qu'il se blottit tout contre moi. Harry, tu claques des dents..

embrace my fears.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant