Prologue

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Un homme sur un canot ne pouvait détacher ses yeux couleur miel du doux trésor que ses maigres bras transportaient. Il les leva un instant pour observer la distance les séparant lui, son trésor ainsi que le jeune garçon qui pagayait derrière lui du quai. Il sentait son doigt devenir froid avec la température, mais pour rien au monde il ne l'aurait lâcher. Sous la peau rugueuse de ses doigts, il voulaient encore sentir ou espérer sentir cette douceur si près de la soie. 

Plus que quelques mètres, avant de devoir payer cet homme de ses services. Ce jeune homme avait a peine une vingtaine d'années. Il passait habituellement ses journées sur le quai du village voisin à attendre sagement qu'un passant lui demande un service de passage. Cela n'aurait couté que quelques cents tout ou plus. Le canot était, certes, peu recommandable, mais à quoi bon s'attarder au détails lorsque les utilisateurs étaient pressés.

L'homme demandait tout les jours à ce jeune garçon un moyen de passer sur le lac, puis il rentrait a pieds par le parc de l'autre côté. Il s'assurait toujours que les cents donné lui permettait d'avoir un bon repas. Le jeune garçon avait prit pour habitude de l'attendre sagement, car il était un client régulier.

Cet après-midi là, l'homme faisait un dernier voyage dans ce canot tant de fois fouler. Un dur aller simple. Il n'y aurait plus de rendez-vous entre eux dans un silence apaisant et respectable. Ils accostèrent silencieusement sur le quai achalandé.

- Cela vous fera 3 cents, monsieur. Dit le jeune homme.

L'homme fouilla rapidement dans ses poches avec sa main valide tout en serrant son trésor contre lui. Il trouva sa bourse avec à l'intérieur 15 cents. Il le mit dans les mains du garçon et partit sans un mot sans le laisser protester. Il heurta des gens au passage, mais continua sa course. Il fuyait prestement le quai, s'engagea dans les rues et courut vers les quartiers de la classe moyenne. Enfin, il trouva le bâtiment qu'il cherchait. Il ne restait plus qu'à attendre que le soleil se couche afin de passer inaperçu.

Plusieurs heures plus tard, la lune était haute dans le ciel étoilé. L'heure était venue. L'homme rajusta la couverture cachant son trésor, rabaissa le chaperon de sa cape sur son visage, puis marcha avec prudence sous la lumière des lampadaires. Arrivant à la porte, il s'arrêta. Une larme avait roulé sur sa joue tant les émotions étaient fortes et atterrit sur le trésor. Se retenant pour ne pas céder, il le posa devant la porte, cogna et s'en fuyait sans un regard derrière lui.

Une femme ouvrit la porte. En baissant son regard, elle fut surprise. Là, sur le seuil de l'orphelinat, une petite fille dormait a point fermé, le pouce dans sa bouche. Elle était emmitouflée dans une couverture de laine au motif complexe et épaisse. À l'endroit où la larme avait tombé, une rose noir s'était creusé dans sa chair comme un tatouage. La femme l'a prit dans ses bras sous le regard douloureux de l'homme qui s'était caché non loin après avoir abandonné sa fuite. Lorsqu'elle referma la porte, le destin fut scellé, du moins pour un temps.


Le lendemain, ce fut le scandale dans les rues paisibles. On murmurait avec horreur dans l'ombre. Partout sur les visages, on lisait les mêmes nouvelles : Le roi fou était mort durant la nuit. Sa femme et sa fille toujours disparues.


CalvaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant