Jour 1

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 Assise sur un banc, je regardais les premiers flocons de l'hiver tomber. Le froid était mordant et les arbres autour de moi m'envoyaient un air glacial. Mais je m'en fichais, cela me faisait sentir un peu plus vivante, après tout quand on avait un cancer qui partait pour ensuite revenir, il était bon de profiter un maximum de ce qui nous entourait. Je ne m'occupais guère des personnes extérieures à ma famille, le plus important pour moi était la nature et les animaux. Les humains ne me comprenaient pas, mes amis d'avant ne me comprenaient pas... Leurs visites à l'hôpital ne me rendaient aucun espoir, ils me fixaient comme si j'allais m'éteindre, là, sous leurs yeux. Ils se contentaient de m'écouter parler, en hochant la tête comme pour dire "Je comprends ta souffrance". Au fond, qu'est ce qu'ils comprenaient vraiment ? La prise de médicaments, les séjours à l'hôpital, la perte des cheveux, la douleur lancinante dans mes poumons...tout ça, personne ne pouvait comprendre tant qu'on ne l'avait pas vécu. Bien entendu, mes parents et ma petite soeur Alicia étaient là pour moi et chaque jour je remerciais Dieu de m'avoir donné une petite soeur aussi adorable. 

 Je me levai difficilement du banc, encore fatiguée par la chimiothérapie et me dirigeai vers ma maison située à quelques mètres de ce petit coin isolé. Ma mère devait se faire un sang d'encre en voyant que j'étais encore partie m'isoler. Elle ne voulait pas que je sorte seule et voir ma solitude la rendait malade. Quand on la voyait, on croirait presque que c'était elle la malade et pas moi. Mon père lui se contentait de penser comme ma mère. Parfois pour rassurer ma mère j'amenais Alicia au parc avec l'accord des docteurs. 

Lorsque ma mère me vit à travers la fenêtre de la cuisine, elle sortit dehors et m'entraîna dans le couloir où elle m'enveloppa d'un grand plaid après m'avoir fait enlever mon manteau.

"- Maman ça va, c'est bon, grommelai-je.

-J'étais inquiète ! Tu ne devrais pas sortir par ce froid.

-Je voulais juste admirer les premiers flocons..."

Devant mon air mélancolique elle se tut et me fit un câlin. J'avais de la chance de recevoir autant d'amour et je le savais. Notre élan d'amour fut interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Le numéro m'était inconnu mais je décidai de répondre.

"-Allô?

-Nina? C'est Simon, tu te souviens ?

- Oui bien sûr que je me souviens de toi Simon -il était un de mes amis les plus proches avant que je ne coupe contact avec tout le monde-  qu'est ce que tu veux?

-Bon sang Nina j'ai tellement eu de mal à retrouver ton numéro de téléphone... S'il te plaît ne couple plus les ponts avec moi tu me manques trop.

-Ce n'est pas contre toi Simon mais ma solitude me va alors si c'est ma mère qui t'a contacté autant arrêter ça tout de suite !

-Ta mère ? Je n'ai pas besoin d'elle pour reprendre contact avec toi! Tu m'offenses Nina! Ecoute, je sais que je n'ai pas été d'un très grand soutient parce que je ne sais pas à quel point c'est dur d'être malade mais...laisse moi juste l'occasion de te revoir.

-Bon OK, je t'enverrai un message alors."

Ma mère qui avait entendu toute la conversation sourit d'un air joyeux et partit vers la cuisine. Je soupirai doucement, mais un sourire prit place sur mes lèvres. Simon m'avait manqué  après tout... 

La soirée se passa dans une ambiance légère, très certainement dû au fait que ma vie sociale allait probablement redémarrer. J'envoyai un message à Simon lui proposant d'aller prendre un café chez "Valentine's" demain. Il me répondit de suite pour me confirmer et son empressement me fit rire. Je m'installai devant la fenêtre de ma chambre d'où je pouvais voir mon banc illuminé par un seul lampadaire. D'habitude il n'y avait jamais personne dessus sauf cette fois-ci où je pouvais voir un jeune homme courbé. C'était assez étrange de voir qu'on occupait MON banc. Mais je ne me posai pas plus de questions et m'endormit en pensant à Simon.



Juste un hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant