Chapitre II

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       Cet hurlement s'était fait entendre dans tout le palais. Eren était toujours là, il tenait toujours la main de sa mère et n'avait toujours rien réalisé. La Reine Carla avait les yeux fermés, on aurait presque pu croire qu'elle dormait paisiblement, qu'elle était insouciante.

       Mikasa entra précipitamment dans la salle et vit alors son demi-frère agenouillé à terre, des larmes l'inondant. Son regard était vide, sa bouche restait semi-ouverte. Elle courut à lui et le serra contre son corps. Il se laissa emporter par la douceur de ses courbes, son parfum envoûtant, ces quelques gouttes d'eau retombant sur lui. Tous les deux pleuraient, leur cœur se déchirant dans un même temps.

       On entendit des pas dans les couloirs se diriger vers la salle où les deux se situaient, toujours l'un contre l'autre. Ils relevèrent la tête, semblant inquiets de la probable arrivée d'un Titan, mais ce n'était qu'une petite tête blonde accompagné du majordome des Jaeger. Lorsqu'ils virent à leur tour le désastre, ils se figèrent comme si leur sang avait arrêté de couler. Ils avaient cru pendant quelques instants que leur esprit quittait leur corps. Mais Armin fut le premier à reprendre conscience.

« Il faut partir. »

       Ils étaient ailleurs, leur esprit vagabondait dans un autre monde. Seul Hannès revint à lui-même. Dans un élan protecteur, il courut alors jusqu'aux deux enfants perdus et les porta sur lui ; c'est à ce moment-là que leurs yeux jusqu'à présent vides retrouvèrent leur lueur de vie. Posé sur l'épaule droite de son majordome, ses jambes d'un côté et sa tête de l'autre, Eren tendit alors le bras en direction du cadavre de sa mère. Des larmes ruisselaient le long de ses joues de plus en plus rapidement au fur et à mesure qu'il s'éloignait d'elle. Mikasa, soulevée par le bras gauche du serviteur telle une botte de paille, avait préféré fermer les yeux et tourner la tête de l'autre côté de cette scène morbide. Les cris d'Eren lui déchirait le cœur, elle se sentait faible et impuissante.

       Eren aurait voulu hurler, crier « maman » jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux et vienne le rejoindre. Il osa crier ces paroles bloquées au fond de sa gorge, mais rien ne se passa. Sa mère était toujours là, morte, tandis que lui pleurait de tout son être. Il ne réalisait rien, tout cela rimait à un cauchemar pour lui. Il souhaitait se réveiller en sursaut, en sueur, et se rassurer en voyant ses parents sur le trône.

       Hannès se sentait lâche d'abandonner sa Reine Carla ainsi que son Roi ; Armin les suivait, courait derrière eux, se sentant tout aussi désolant. La scène était si horrible qu'elle semblait être au ralentit, mais pourtant elle paraissait d'une rapidité extrême pour nos protagonistes, ainsi qu'irréalisable. Il ressentait cette scène comme étant invivable et ils la quittaient enfin avec cette odeur de sang restant bloquée sous leurs narines. Ils couraient maintenant à travers les couloirs, descendaient précipitamment les escaliers, Hannès portant toujours ses deux maîtres suivi de près par Armin. Ils évitaient les Titans, se cachaient, jusqu'à enfin arriver à l'extérieur du palais. Ils n'attendirent pas une seconde de plus pour se faufiler à travers d'étroites ruelles obscures, éloignées de toutes attaques. Les villageois couraient de partout, des maisons s'enflammaient, mais pourtant aucun Titan ne rodait à l'horizon. On les reconnaît grâce à leurs capes, noires avec deux épées croisées comme symbole. Leurs épées en acier étaient redoutablement aiguisées et dangereuses, fabriquées avec une technique spéciale et secrète. Aucun d'entre eux n'était dans le champ de vision de nos quatre héros isolés dans de fines rues désertes. Leur but était de sortir de la ville le plus rapidement possible, passer la grande porte de Maria sans croiser les ennemis. Jusqu'à là, ils avaient tout évité, mais en sortant d'un passage ils tombèrent nez à nez avec un Titan. Lorsque nos héros furent rentrés dans son champ de vision il sortit brusquement ses deux épées. Sans plus attendre, il tenta d'atteindre le cou du petit prince, semblant avoir cerné sa véritable identité. Mais par réflexe, le majordome se mit en travers : l'épée le transperça. La deuxième quant à elle essayait de passer à travers les mailles du filet, fort heureusement Hannès poussa le bandit qui partit alors en arrière. Celui-ci prit la fuite, ne finissant ainsi pas la mission qu'il avait entamée. Hannès, lui, s'écroula à terre.

Deux ailes pour une libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant