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Un soir après être rentrée du bar, le monde m'a beuglé que je devais vivre.

Que la façon dont je m'occupais de moi était innommable et surtout pas normale. Alors j'me suis posée, une minute, puis dix. Et j'ai réfléchi. J'ai pensé à mes bleus au cœur, aux larmes dans mes rires, aux peurs dans mes sourires. Et j'ai su.
J'ai compris que je voyais le mal partout, tout simplement parce qu'il s'était immiscé dans mon sang et dans ma vie. Et j'me suis perdue. Parce que je suis le genre de personne qui s'en fout de tout, sauf de l'amour. Parce que c'est en quelque sorte, la seule chose en laquelle je crois réellement. Alors oui, le malheur des autres, c'est une affaire différente que le bonheur de mon cœur, pourtant, je me soucie plus des joies du monde que de mon propre bien-être.
Et vous savez, j'ai rencontré quelqu'un qui croquait la vie à pleines dents. J'ai d'ailleurs mis du temps à m'adapter à sa façon de faire avec le temps. À sa façon d'aimer les saisons, que se soit l'hiver, l'été, l'automne ou bien même le printemps.
Au départ ça m'amusait, parce qu'il pouvait vivre à minuit ou bien à midi, parce qu'il pouvait sourire n'importe quand et n'importe comment. Parce qu'il s'en foutait qu'il soit bien coiffé ou mal coiffé, parce qu'il se fichait de savoir si j'étais maquillée, ou bien si sa chemise était mal boutonnée.
Et à partir de là, j'ai changé. J'ai commencé à compter les jours qu'il me restait à passer avec lui avant que l'été ne soit fini, j'ai commencé à apprendre à rire jusqu'à en pleurer. J'ai commencé à sourire jusqu'à en avoir mal à la mâchoire. J'ai commencé à dire au revoir aux bleus qui barbouillaient mon cœur pour faire place à une âme illuminée. Et un soir, après avoir bu quelques verres et après avoir rigolé comme jamais, je l'ai embrassé. J'ai commencé tout doucement, puis j'ai appris à l'aimer. Et j'en suis tombée folle amoureuse, comme si le monde s'était mis à tomber et à pleurer sur mon âme qui s'endormait, mais au contraire, je n'ai pas pleuré, j'ai ri à en faire taire mes silences perchés. J'ai aimé de tout mon cœur même si je n'avais que des nuits et des vertiges à offrir.

J'étais passionnée par la vie, comme si j'avais ouvert une boîte à souvenir et que chaque parcelle de mon corps avait décidé de revivre.
Et j'me sentais bien. Parce que dans mon regard j'avais une place pour l'univers, une place pour les étoiles, et une place pour lui. Et tout ça c'était nouveau pour moi, c'était comme si au lieu de me perdre je m'étais retrouvée.
Et c'était beau.

C'était beau d'apprendre à vivre.
Comme d'apprendre à aimer.

•CITATIONS•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant