Chapitre 1

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Bip bip bip

6h30, le bruit du réveil romp le silence dans ma chambre. Aujourd'hui, c'est la rentrée, et j'ai un mauvais pressentiment. Je n'ai jamais vraiment réussi à m'intégrer mais depuis la mort de mon père, c'est encore pire : le peu d'amis que j'avais sont devenus inexistants. J'ai toujours été la petite intello timide qui restait seule et qu'on n'entendait jamais, une sorte de meuble vivant. J'ai conscience que cette année je dois changer mais je sais que ça n'arrivera pas.

-Maya! Ton petit déjeuner est prêt! Crie ma mère depuis le séjour.
-J'ai pas faim, maman...

Je n'ai qu'une envie, me recoucher. Je décide de me doucher et j'essaye de trouver un plan pour sécher cette première journée. Je pourrais faire semblant d'être malade? Hm...connaissant ma mère, elle m'emmènerait à l'hôpital en ambulance, sirènes hurlantes, comme elle avait fait l'année dernière. Vous comprendrez pourquoi je n'ai plus jamais été malade après cet épisode catastrophique. Non, vraiment, c'est une mauvaise idée, et je ne pense pas pouvoir échapper à l'enfer qui m'attend. C'est à contrecœur que je sors de la douche, il ne manquerait plus que je sois en retard. J'enroule une fine serviette autour de mon corps et jette un rapide coup d'œil dans le miroir mais détourne rapidement les yeux. Je m'applique simplement de la crème hydratante et attache mes longs cheveux en queue basse. Je n'aime pas le reflet que me renvoie la glace. Je vais être l'exception du lycée, le vilain petit canard comme dirait ma mère mais je garderai ça pour moi et le confierai à mon journal intime, comme je le fais depuis des années. Je prends le premier pantalon qui me vient, mon long tee-shirt blanc et enfile mes ballerines. En descendant je ne peux pas m'empêcher de regarder le mur où des photos de mon père, souriant, sont accrochées. Il nous a quitté il y a 3 ans, quand j'étais en 4eme. Il était gendarme et n'a pas survécu à la balle d'un meurtrier que son équipe essayait d'arrêter. Le proviseur était venu me chercher en plein cours de français, expliquant qu'il y avait une urgence et que ma tante aller me ramener chez moi, tout ça sans oser me regarder dans les yeux. Je me rappelle avoir senti mon cœur se briser en un millier de morceau en ayant appris la nouvelle. Il neigeait ce jour là, je suis donc sortie et me suis allongée dans le fond du jardin, sur un tapis de neige, et j'y suis restée plusieurs heures jusqu'à ce qu'on ne voit plus mon corps enseveli sous ce froid. Les professeurs et les médecins ont conseillé à ma mère de m'emmener voir un "psychologue pour adolescents ayant subi un événement traumatisant" et nous ont promis que ça m'aiderait à guérir mais je n'ai jamais voulu me confier. Quelques mois plus tard, ma mère a tout simplement arrêté de m'y conduire. Je n'ai plus jamais été la même après ce 13 décembre, je me suis renfermée sur moi même et ai coupé les ponts avec le peu de personnes qui m'adressait la parole. Je passe maintenant mon temps à étudier pour oublier, même pendant les vacances. Vous vous imaginez bien les deux mois qui viennent de se terminer, j'ai nagé dans mes cahiers pendant que ma famille allait à la plage, faire les boutiques, se comportant comme des gens normaux. Je décide d'aller me passer de l'eau sur le visage quand je m'aperçois que je pleure. Tant pis pour ma crème, je ne veux pas que ma mère me voit dans cet état. J'ai la boule au ventre ce matin, j'avale un jus d'orange et embrasse ma mère qui me souhaite bonne chance. Je monte alors dans le bus en essayant de me préparer mentalement à cette première journée.

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