Chapitre 15

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PDV DE BRITTANY

Maya sort de la voiture en claquant rageusement la porte, faisant trembler l'habitacle. Je lui en veux, pourtant, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, ce qui m'énerve encore plus. Pourquoi est-ce que ça a du tomber sur moi? Je n'ai rien demandé! Je sers le volant de mes mains moites et fais demi-tour, rentrant chez moi. Mes yeux me piquent, j'ai besoin de me défouler. Je m'engage dans le chemin menant à notre propriété, longeant la forêt. Un footing dans les bois, voilà ce qui me fera du bien.
Je me gare sans prendre la peine de rentrer la voiture dans le garage. Hanna n'étant pas là, je vais devoir aller au lycée avec ma voiture, ce qui ne me plait pas. Je les imagine déjà tous baver autour, comme des chiens à qui on aurait jeté un os.
Le climat s'est refroidi, à l'image de mon humeur. Encore une fois, le jeu y est pour quelque chose, je commence à en avoir vraiment marre. Dire que ça fait seulement quelques jours et que je vais devoir supporter ça trois ans! Je vais devenir folle.

-Brittany! Comment vas-tu ma chérie?

Je lève les yeux et adresse un faible sourire à face à l'accueil de notre femme de ménage.

-Oh...bonjour Jane. Ça va, ça va.
-Tu es sûre? Pourquoi tu n'es pas en cours, tu es malade? Je peux te préparer une tisane si tu veux. Me propose-t-elle en posant une main ridée sur mon front.

Je soupire. J'adore cette femme, elle est comme la grand-mère que je n'ai jamais eu. Son instinct maternel a toujours été plus prononcé pour moi que pour Hanna, mais, aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à être gentille.

-Non, je ne suis pas malade. J'ai juste besoin d'aller courir.
-Qu'est-ce qui se passe?
-Rien! Laisse moi!

Elle ouvre la bouche, comme pour ajouter quelque chose, puis la referme, fixant ses chaussures. Ses mains lissent son tablier de manière mécanique, comme si elle réfléchissait.
Merde, comment je peux me comporter comme ça avec la femme la plus adorable qui puisse exister?
Jane travaille pour mes parents depuis près de vingt ans. Elle m'a raconté que sa petite fille, Léna, venait chez elle tous les week-ends et pendant les vacances. Mais un après-midi, Jane n'a pas pu l'emmener au lac, alors Léna y est allée seule. Sa grand-mère a retrouvé son cadavre flottant près du ponton, après l'avoir cherchée partout. Sa fille, Amélie, n'a plus jamais voulu la revoir, et Jane s'est retrouvée seule. Elle me disait souvent que je ressemblais à Léna, quand elle s'occupait de moi il y a plusieurs années, et qu'elle me considérait comme sa petite-fille. Cette femme m'a toujours réconfortée et m'a vu grandir, elle est formidable, et je trouve le moyen de lui parler comme un chien.

-Excuse moi...murmurais-je. Tu as raison, je ne vais pas bien, mais je ne veux pas en parler. J'ai besoin d'aller me défouler, ça ira mieux après.

Elle me sourit tendrement.

-Tu ne seras pas longue? Les bois, ce n'est pas l'endroit le plus fréquentable pour une belle jeune fille telle que toi. Tu ne veux pas demander à quelqu'un de t'accompagner?
-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas aller plus loin que le premier circuit.

Elle hoche la tête et je la serre dans mes bras, humant son odeur si familière de lavande, pendant qu'elle me tapote gentiment le dos.
Je met fin à notre étreinte et monte les marches de l'escalier quatre à quatre.
Je me dirige dans mon dressing, choisissant au hasard des affaires de sport et les enfile rapidement. J'attrape mes écouteurs, mon portable puis enfile mes chaussures.
Le son de l'arrivée d'un texto me cloue sur place. En le lisant, mon cœur s'affole et un sourire béât apparaît sur mon visage.

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