Day - 1

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Aujourd'hui, je suis ici. // Demain, je serai là.


Avec mon père, cela fait dix ans qu'on change d'endroit tous les jours.

Il a peur qu'on nous retrouve. Il craint la taule. Moi je le craint lui. Chacun souffre en silence.

07:00 -

A ce moment où j'écris dans mon petit journal, je me sens bien. Mon père est parti boire un verre. Il m'a laissé seule, comme toujours. Je suis dans la cabine de la péniche qu'il a volé à un vieux couple la semaine dernière. Je suis allongée sur le lit et je m'évade dans mes pensées. Je me pose un milliard de questions ... "Est-ce que je manque à ma mère ?", des trucs du genre.

Normal pour une gamine qui s'est fait enlevée. Non? Je me sens sereine, posée. Ici, il fait beau et c'est mignon malgré que je ne sache jamais où nous sommes. Mon père me dit toujours de ne pas m'inquiéter, qu'il veille sur moi. Drôle de façon de veiller sur sa fille... Je lève la tête et regarde par le hublot de la cabine et j'aperçois un groupe de trois filles installées près du bord. Je n'ai pas le droit de sortir de la péniche. Il ne faut pas que je sorte. Je le sais. Personne ne doit me voir. Je ne dois ni me montrer, ni faire du bruit. Je me fais souvent surprendre car je n'ai jamais eu le talent d'être discrète. Lorsque mon père décidait que c'était trop dangereux de rester, nous repartons. En dix ans, je crois que nous avons fait le tour du monde. Nous sommes passés par la mer, la campagne, la ville, la forêt, ... Revenons aux trois filles. Elles tiennent toutes les trois un portable et semble bien s'amuser.

[Oui, j'ai peut-être grandie coupée du monde mais je sais quand même ce qu'est un portable]

Je manque d'amour. Ça fait un peu désespérée, mais c'est ce que je suis. J'aimerai tellement avoir des amis moi aussi. Filles ou garçons qu'importe ! Si mon père lisait ce journal je serai probablement foutue mais j'ai le don de cacher les objets. Je regarde la pendule: 07:18, il ne devrait pas être là avant 08:00 et en plus il sera défoncé alors comptons 08:10. J'ai le temps de sortir discrètement et de parler avec ces filles. Je ne devrais pas ?! Je sais. Mais le contact avec le monde extérieur me manque.

Je monte l'escalier et descend de ma péniche. Les jeunes filles ne me remarquent pas. J'approche doucement vers elles, hésitante. Puis, arrivant en face d'elles:

" - Sa-sa-sa-salut ...

- Tu veux quoi toi ? "

Wahou! Les gens sont aimables ici. (ironie pure et douce)

Je repris:

" - Je m'appelle La...

- T'as oublié ton prénom ou quoi ? "

Les trois filles se mirent à rigoler. Je pensais pas que ce serait si difficile de se faire des amis. Je me souvint alors que mon père m'avait formellement interdit de donner mon vrai prénom en cas de rencontre avec les gens extérieurs.

" - Wouhou ! Allo la Terre ici la Lune ! Tu t'appelle 'La' quoi trou de balle ?

- Lamina.

- Et tu veux quoi Lamina ?

- Je veux des amies. "

Les filles explosèrent de rire. Je ne comprends pas sur le coup. La chef du groupe se leva et avança très près de moi:

" - Écoute petite, on a pas que ça à faire. T'es pas la bienvenue, tu vois ? Y a pas de place pour une fille comme toi. Regarde-toi ! Tes cheveux sont gras, tu ressembles à rien on dirait que ça fait dix ans que t'as pas eu de contact avec des gens. Alors t'es mignonne mais tu rembarque dans ta barque et tu nous fait pas chier sinon ...

- SINON QUOI ? "

Je me retourne brusquement. C'est mon père. Je suis dans la merde. Il m'attrape par les cheveux et me balance sur la péniche, sur le regard amusé des pétasses.

" - T'es contente ? Tu t'es faite remarquée encore une fois. A cause de toi on dégage encore. Tu me fais chier Laya ! Je me demande bien à quoi tu sert ! "

Ses paroles sont dures. Mais je la ferme. Je me renferme dans la cabine. Des larmes me montent aux joues. Je n'en peux plus de cette vie. Ce n'est pas une vie ! Le point positif c'est qu'il ne m'a presque pas frappé pour une fois. Ça change des coups de poing à répétition.


09:07 -

Nous embarquons. J'ai hâte que tout ceci se termine.

16:13 -

Mon père me réveille. Il me présente à un homme: Roger. Apparemment, c'est lui qui va nous héberger pendant quelques jours. Nous abandonnons la péniche volée et nous montons dans son 4X4 kaki. Une nouvelle aventure débute. Cela ne m'enchante pas du tout.

17:56 -

Roger s'arrête en plein dans les bois. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Mon père me fait signe de descendre du véhicule. J'obéis. Roger ne parle pas et nous le suivons en silence, tous en file indienne.

19:02 -

Je suis épuisée. Nous sommes arrivés dans une cabane au fond de la forêt. J'ai froid, j'ai faim et je manque de sommeil. Rien ne va. Roger nous a présenté son fils Tristan, âgé d'une vingtaine d'années. Il est plutôt mignon mais après mon aventure de ce matin je ne veux plus rien tenter.

23:13 -

Je n'arrive pas à dormir. Je pense trop. Je pense à ma mère, aux trois filles de ce matin, à mon horrible père, à ma misérable vie et à Tristan.
Je suis seule dans le grenier sur un matelas poussiéreux. Ce n'est pas le grand luxe mais j'ai appris à faire avec et à la fermer quoi qu'il arrive. Je me pose des questions sur ce que nous sommes venus faire ici. Qui est Roger ? Je ne sais pas. Il ne parle presque pas. Tristan est aussi timide que lui, la différence c'est que lui il est mignon et il a (presque) mon âge. Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui mes amis. Demain sera un autre jour, et peut-être que je ne serai plus là.  ~ Maybe



Merci de m'avoir lu. Donnez-moi vos avis, vos idées et vos reproches en commentaires ou en petit message personnel si vous préférez. Je tiens à souligner que ce n'est pas mon histoire, je l'ai inventée. Voilà, sur ces belles paroles, je vous dis bonne journée/soirée/nuit mes lecteurs.



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⏰ Last updated: Dec 21, 2015 ⏰

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s'évader ∞Where stories live. Discover now