Lorsque Françoise découvrit sa chambre, un large sourire se dessina sur son visage. Elle déposa ses bagages devant la commode puis regarda par la fenêtre. Une ombre se dessina derrière les rideaux de la fenêtre en face de la sienne. Françoise resta à observer cette forme encore un moment, le sourire aux lèvres.
Elle prit le temps de défaire ses valises. Elle déposa ses habits dans la commode puis entrepris de faire sa toilette. Elle connaissait cette pièce par cœur, dans les moindres recoins. Lorsqu'elle se coucha, elle songea à tous les moments qu’elle avait vécus ici.
Plongée dans ses pensées, elle se souvint d’une chose. D’une promesse qu’elle avait faite et qu’elle avait eu du mal à tenir. Aujourd’hui, elle pouvait la lire…
Françoise se dirigea vers la commode puis la poussa d’une dizaine de centimètres. Elle passa sa main sur le papier peint vert et senti une pliure. Elle souri puis sorti deux morceaux de papiers de l’encoche. Un des avantages de cette pièce était que sa vieillesse regorgeait d’endroits tous plus saugrenus les uns que les autres ou cacher des choses que personne ne retrouverait.
*Jacques écrivait, appliqué. Françoise le regardait, des étoiles plein les yeux. Ils venaient de passer un accord. Chacun devait écrire sur un morceau de papier, les dernières paroles qu’il voulait que l’autre lise. Ils s’étaient fait la promesse de ne les lire qu’à la mort de l’un d'entre eux. C’était une façon de se montrer qu’il tenaient l’un à l’autre. Françoise était aux anges.
« Alors ? Tu écris ? » lui demanda Jacques
"Oui, oui ! "
Tous deux continuèrent à écrire, s’échangeant des regards amoureux de temps à autre. *
Françoise déplia le premier papier. C’était le sien. Elle le lu à haute voix :
« Mon cher Jacques. Tu n’as pas eu besoin d’ouvrir la bouche pour que je sache que c’était toi. Ton simple regard et ton attitude gauche m’on séduite. Tu vas me prendre pour une folle à écrire cela mais c’est pourtant la vérité. Lorsque tu m’as parlé pour la première fois, mon cœur a fondu. Tes mots résonnent encore dans ma tête. Je t’aime et je t’aimerais toujours. »
Françoise essuya d’un geste sec les larmes qui perlaient sur ses joues. Elle se revoyait écrivant ces quelques phrases. Son Jacques n’était plus de ce monde à présent mais son souvenir restait intact et son amour de même.
Elle pris la deuxième lettre et la lu silencieusement cette fois.
*Françoise, mon amour, mon âme, mon tout. Tu es pour moi, comme une fée qui voit pour la première fois la neige. Ton sourire illumine mes journées entières. Tu me donnes la force de me battre contre la maladie. Je sais qu’au moment où tu lis cette lettre, c’est une découverte pour toi. Je n’ai jamais voulu t’encombrer avec mes soucis, c’est la raison pour laquelle je ne te l’ai jamais dit. J’espère que tu comprend.
Quand je t’ai vu la première fois, tes yeux brillaient comme deux billes resplendissant dans la nuit. Tes longs cheveux ondulés me faisaient penser aux vagues qui s’échouent sur le sable, dignes. Françoise, tu es tout pour moi et tu le resteras. D’où je suis, je ne t’oublie pas. Je m’excuse d’être parti mais je t’aime Françoise ; je t’aime.*
Françoise était bouleversée par ces mots. Elle n’avait rien vu de sa maladie. Elle ne savait même pas de quoi il en retournait. En lisant ces mots, Françoise compris que l’homme qu’elle aimait avait eu de la chance de vivre si longtemps et elle éprouva de l’admiration pour Jacques. Elle murmura ces mots :
« Bien sur que je comprend. Je t’aime. »
Tout à coup, tout s’éclairait. Elle se souvint que certains jours, Jacques ne rentrait pas et qu’il allait souvent voir un ami qui lui était inconnu pendant plusieurs jours. C’était donc pour ne pas lui montrer qu’il souffrait. Les yeux brillants, elle se remémora son visage aux traits fins et passa une main sur sa joue. Il n’était pas là, pourtant, elle le sentait, elle le voyait, il avait lu la lettre pour elle, c'était sa voix qui avait prononcé ces mots. Françoise s’endormi, des pensées pleins la tête, heureuse.
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La mort dans l'âme
Short StoryFrançoise est une grand-mère de 85 ans. Elle sait qu'elle va mourir, elle le sent, s'en est ainsi. Elle profite donc du temps qui lui reste pour faire ce qu'elle a toujours voulu faire...