Chapitre 7

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Une autre fois, cela c'était passé différemment. Françoise était allée voir « Monsieur le torrent » avec son amie Francine. Elles avaient alors décidé de retenter l'expérience et d'aller voir de l'autre côté, ce qui s'y trouvait. Francine avait entamé l’ascension en premier. Il fallait d'abord grimper à des rochers pour prendre de la hauteur. En effet, le rocher était situé plus haut. Francine était arrivée alors que Françoise la suivait du regard, gravissant les pierres à son tour.

Francine avait alors sauté sur le rocher mais avait glissé. Elle n'avait pu se retenir à rien et criait. Elle fut emportée par le torrent, la tête cognée au rocher. Françoise avait alors perdu tous ses moyens. Aucun son ne sortait de sa bouche, elle était pétrifiée. Son teint devint plus pâle que d'habitude. Françoise tremblait de tous ses membres. Elle essayait de se calmer, prenant de grandes inspirations puis soufflant le plus possible. Reprenant peu à peu ses esprits, elle se précipita en bas, essayant de rattraper son amie. Malheureusement, le torrent était déchaîné et Françoise ne courrait pas assez vite.

C'était une course contre la montre mais Françoise était décomposée. Ses jambes ne la portaient plus. Elle était au bord de l'évanouissement tant ce qui arrivait la bouleversait.Lorsqu'elle arriva à l'endroit où l'eau était calme, elle trouva son amie sans vie. Elle se précipita sur la route, à la recherche d'un adulte. Ce n'est qu'au bout de dix minutes que Françoise trouva du secours. Elle demanda de l'aide puis repris son souffle, posant ses main sur ses genoux, haletante. Elle emmena les renforts jusqu'au lieu où elle avait trouvé son amie mais il était trop tard. Elle était décédée.

Le corps de la jeune fille était pâle et inerte. Des ecchymoses parsemaient son corps. Sur son visage était encrée la notion de stupeur. La jeune fille avait eu peur. Cependant, elle paraissait reposer en paix...

Françoise se releva brutalement, tourna le dos au torrent et lui cria :

« Tu es un monstre ! »

Elle avait beau avoir tourné la page, le souvenir de cette affreuse journée lui était insupportable. Des larmes perlèrent sur les joues de Françoise.

« Adieu mon ami » dit-elle avant de s'en aller définitivement.

Avant de retourner à sa voiture, Françoise décida de marcher un peu, le long de la route. Marcher ainsi lui avait toujours permis de se vider la tête, de retrouver ses esprits. Elle s’engouffra sur un petit sentier sur la droite. Elle marcha une dizaine de minute puis s'arrêta. Devant elle se tenait une cabane en bois, souvenir de ses huit ans.

Pour son anniversaire, ses amis, aidés par son propre père, avaient construit cette maisonnette. C'était le rêve de Françoise, un refuge où elle pourrait venir. Un endroit rien qu'à elle. Au dessus de la porte, on pouvait lire son nom, écrit en lettres majuscules. La petite fille blonde émerveillée devant la porte avait laissé place à une vieille d'âme envahie de souvenirs de jeunesse.

Françoise poussa la porte de la maisonnette et entra dans l'unique pièce. Des photos ornaient les murs. Elle y voyait ses plus vieux amis, ses parents, le reste de sa famille... Françoise scrutait chaque photo, passant délicatement ses doigts sur celles-ci ; un geste de douceur pour bercer le témoignage de sa vie. Elle resta presque une heure devant ces souvenirs avant de ses décider à quitter les lieux.

Françoise observa une dernière fois la cabane avant de prendre le chemin inverse. La nuit tombait tôt en ce mois de novembre et Françoise voulait profiter des dernières lueurs du jour pour rentrer. Elle alla récupérer sa voiture et pris la route du retour.

À la moitié de la route, Françoise se gara devant une petite auberge. Elle savait qu'elle pourrait y manger un bon repas chaud. Elle entra et fut envahie par une avalanche d'images. L'auberge n'avait pas changé d'un poil. Les vieux murs crépis étaient toujours là, tout comme le vieux parquet défoncé et les tables en chêne massif. Françoise était ébahit. Tout était identique, c'était incroyable !

Elle demanda une table tout au fond de l'auberge, près de la fenêtre. C'était sa place habituelle. Lorsque Bernadette vit Françoise, elle accourut pour prendre place à ses côtés.

« Françoise ? Ça faisait longtemps ! Que viens-tu faire par ici ?

- Oh si tu savais Bernadette ! Ma vie a bien changé. Je voulais revenir sur mes traces avant de partir.

- Partir ? Tu as toujours été une grande voyageuse, tes allées et venues incessantes ne me surprennent même plus.

- Je peux manger avec toi ? Nous parlerons du bon vieux temps comme ça ! Je prends ma pause, nous n'avons pas grand monde de toutes façons ! »

Bernadette mentait, l'auberge était pleine à craquer mais elle ne voulait rater cette occasion pour rien au monde. Elle avait besoin de parler à Françoise, ça faisait tellement longtemps...

Françoise accepta bien volontiers, heureuse de ne pas passer la soirée seule et de renouer le dialogue la personne qu'elle connaissait plus que quiconque au monde.

La mort dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant