Pupilles dilatées

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Il est au dessus de moi et me regarde intensément. J'essaie de le repousser mais mes bras refusent de m'obéir et restent obstinément immobiles. Y s'passe quoi là au juste. Depuis quand je suis plus maître de mon corps moi ?

Mes yeux ont aussi décidé de saper mon autorité, au lieu d'essayer de voir où je suis ils se perdent dans les siens. On dirait qu'il n'y a rien du tout autour, comme du vide. J'comprends que dalle, pourquoi j'arrive pas à réfléchir normalement ?! Je commence à paniquer quand il se rapproche encore, plus près.

Ses lèvres se posent sur les miennes, je voudrais leur cracher dessus mais je n'y arrive pas. Crève Hoseok ! Casse toi putain me touche pas ! Au lieu de hurler ça comme mon cerveau me le demande je répond ardemment au baiser. C'est quoi ce bordel.

Je ne vois pas ses mains sur mon corps mais je les sens. J'ai chaud. Il se redresse de quelques millimètres, entrouvre la bouche et laisse apparaître ses dents. Je n'ai pas le temps d'écarquiller les yeux qu'il me mord la lèvre à sang.


***


Je me réveille en sursaut, le cœur qui bat à mille à l'heure. Un rêve. Un putain de rêve. J'ouvre les yeux en hâte et regrette immédiatement. Des néons allumés droit dans ma gueule m'agressent la rétine et me forcent à tourner la tête sur le coté. Je crois que ça va être une mauvaise journée.

C'est la troisième fois que j'arrive à m'extirper de mon sommeil, mais la première où je réussis à rester conscient. Pourtant ma tête est lourde, mes pensées floues malgré leur afflux paniqué et ma vision trouble. La peur m'envahit. On a du me droguer, je suis loin d'être en pleine possession de mes moyens. Bordel pourquoi je me souviens plus de rien ?

Ah si, je me rappelle juste d'Hoseok. Je sais que je l'aime autant que je le déteste. Même si je ne sais plus pourquoi. C'est quand je réalise que je ne me souviens même pas de mon prénom ni de ce que je fais ici que je me met à paniquer. Mes yeux affolés arrivent maintenant à discerner une seringue posée juste à coté du lit. Ça ne m'aide clairement pas à me détendre. Je reconnais cet endroit, c'est chez lui, chez ce Hoseok.

Je tente de me redresser pour me barrer d'ici au plus vite mais je suis rapellé brutalement contre le matelas. Un bref coup d'œil à mes poignets et je me rends compte que je suis attaché au lit. Là, ça pue. S'il me déteste autant que moi je le hais, je vais clairement passer un sale quart d'heure.

Au moment où je pense ça, la porte s'ouvre en grand sur le seul visage que je connais. La rage me monte immédiatement aux lèvres, en même temps qu'une furieuse envie de le saigner à blanc. C'est lui qui m'a attaché. Surement lui aussi qui a effacé tout ce que je savais. En me voyant, un large sourire se dessine sur son visage. A glacer le sang. Mais pourquoi je le trouve à couper le souffle moi ? Sa voix grave résonne dans la petite pièce et me fait frissonner.

-Pt'ain c'que t'es beau.

C'est qui ce malade ? Est-ce que cet abruti se rend compte à quel point la situation est embarrassante ? Et puis pourquoi je sens mon corps réagir moi ? Y'a vraiment rien de normal ici ?

Il referme derrière lui et s'approche de sa démarche féline. Je le laisse faire, les yeux mi-clos pour qu'il croie que la drogue fait encore son effet et l'attaquer par surprise. Il tend le bras vers quelque chose sur ma droite. La seringue. Ou pire encore. Je balance mes pieds en dehors du lit et tente de l'atteindre au ventre. Il m'évite nonchalamment et termine son geste comme si de rien était sans même m'adresser un regard. Ce qu'il m'énerve.

Pupilles dilatéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant