3. À force de trop penser...

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À force de trop penser, les mots se mélangent dans ma tête, les idées se bousculent, tout devient flou, je n'arrive pas à me concentrer sur une seule chose à la fois, non, ça je ne l'ai jamais réussi, et pourtant c'est pas faute d'avoir essayé. À force de trop penser, ma haine grandit, ma colère aussi, tous ces sentiments négatifs font presque partie de moi désormais, la peur est présente, tout comme cette envie de tout détruire. Et je ne sais plus quoi faire, à force de trop penser, je suis terrifiée par ce monde, déçue par l'humanité, dégoutée par moi-même. À force de trop penser, j'en viens à me détester, à m'en vouloir de ne jamais me reposer, de toujours me torturer, de continuer de me poser toutes sortes de questions, ces questions qui encombrent le cerveau pour rien, ces questions qui devraient interpeller plus de monde, enfin c'est ce que j'aimerais, mais les gens me disent "Tu es trop jeune pour te perturber avec ça, ce sont des sujets d'adultes". Mais qu'ils soient sérieux ou enfantins, ces sujets, au fond, à quoi bon, puisque nous ne faisons que tourner en rond, à rester sans réponses, ou alors à refuser d'admettre ces réponses tout simplement parce que ça nous dépasse, parce que le monde nous dépasse et parce que le pourquoi du comment dépasse tout le monde. Mais moi je ne peux m'empêcher de penser à tout ça, à l'Humanité, à tous ces sujets d'adultes. Parfois on me dit "Profite de la vie" ou même "On ne devrait pas être triste à ton âge" mais moi j'essaie, j'essaie de ne pas être triste sauf que je n'y arrive pas. Tant de fois j'aurais aimé être comme tous ces adolescents, tous ces collégiens, oui, j'aurais aimé être comme eux, tant de fois aussi je me suis torturée l'esprit pour comprendre comment ils pouvaient être heureux. Mais je n'arrive pas à trouver de réponse à cette question, ou plutôt je refuse de l'admettre, je refuse de croire qu'ils n'ont jamais pensé à ça, parce que je me sens différente après, et je hais tout simplement ressentir ce décalage entre moi et eux. Il est vrai, je suis toujours en train de penser à tout ça, mais pourtant ça fait mal, de ne jamais être en paix, de ne jamais avoir l'esprit tranquille, mais pourtant je continue. Alors, à force de trop penser, j'en suis arrivée à cette conclusion : l'autodestruction est devenue mon art le plus subtil.

Les OneShots d'une dépriméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant