Chapitre 1

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Par une de ces nuits, je rêvai d'un jeune homme, beau, grand, les cheveux couleur café au lait, les yeux d'un bleu transparent et une peau d'une pâleur inouïe, je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi merveilleusement beau de ma vie. Dans mon rêve, il passait chacune des nuits qu'il le pouvait pour m'admirer, dans ma chambre, sur mon fauteuil qui était à mon bureau mais qu'il avait retourné pour me regarder.

M'admirer, moi, Klélya, une pauvre jeune fille de 17 ans tout juste, les cheveux bruns chocolat, me tombant jusqu'en bas du dos, avec des reflets acajous à la lumière. J'ai la peau d'un teint blanc rosé comme un bébé et les yeux gris argenté. Je ne prêtai aucune attention à ce rêve ni à ce garçon.

Je regardai l'heure, il était 5h46. Mon réveil sonne habituellement à 5h50 pour que je me prépare à aller au lycée. Je me levai pour la première fois avec quatre minutes d'avance. J'arrivai dans la cuisine avant ma mère du coup, je commençais à me préparer mon bol de lait avec mes céréales au chocolat quand j'entendis la voix de ma mère.

- Klélya, c'est l'heure, debout.

C'était son rituel du matin, me réveiller. Je souris. Elle arriva dans la cuisine et poussa un cri de peur, tellement qu'elle m'effraya aussi.

- Han, tu m'as fait peur, dit-elle en reprenant sa respiration.

- Toi aussi je te signale, fis-je terrorisée par ma propre mère.

- Qu'est ce qui s'est passé ce matin ? demanda-t-elle en reprenant ses esprits.

- Je suis tombée du lit, ricanai-je.

- Je vois bien.

Elle me rendit mon ricanement.

Cette nuit-là, je me réveillai en sursaut, je regardai tout autour de moi et au pied de mon lit, j'aperçus une apparition. Elle m'était familière par sa forme mais à la fois inconnue dans l'obscurité qui envahissait ma chambre. Je ne pensais pas que ce fût ma mère, cela avait plutôt l'air d'un homme, grand, taillé athlétiquement, donc pas mon père visiblement (sans vouloir dire que mon père a des bourrelets). Je pris peur et allumai ma lampe de chevet. Quand je posai de nouveau mon regard, je ne vis personne au pied du lit. Avais-je rêvé ? Etait-ce mon rêve que j'avais encore en tête ?

- Papa ! Hurlai-je, prise de panique et d'un tiraillement dans le ventre synonyme de tétanisation.

Je l'entendis accourir, dévaler les escaliers depuis le deuxième étage et même se cogner contre l'armoire imposante du couloir. Il passa l'encadrement de ma porte, affolé et tout ébouriffé.

- Qu'y a-t-il ? dit-il, paniqué à l'idée qu'il me soit arrivé quelque chose de grave.

- Papa, je vais bien, enfin je crois, mais...je crois surtout qu'il y a quelqu'un dans la maison, je viens d'aper...

Je n'eus pas le temps de finir qu'il courut chercher son fusil de chasse dans la grande armoire située au rez-de-chaussée de la maison. De ma chambre, on pouvait l'entendre s'égosiller.

- Sale rat de fumier, que fais-tu chez moi ?! Montre-toi que je t'explose la cervelle avec une balle de plomb. Touche à ma fille et je te fais sauter la bille !

Un blanc se fit, puis je l'entendis remonter à ma chambre.

- Klélya, il n'y a personne dans la maison, je te l'assure, me rassura-t-il venant me serrer contre lui.

Maman arriva, sans savoir ce qu'il venait de se passer. Les cheveux en bataille et bayant aux corneilles, elle passa la porte de ma chambre.

- Qu'est ce qui se passe ici ? demanda-t-elle, à moitié éveillée.

- Klélya a dû faire un mauvais rêve, elle pensait qu'il y avait quelqu'un dans la maison.

Sur ces paroles, Papa posa son regard sur ma fenêtre grande ouverte. Je regardai automatiquement dans la même direction que lui et compris. Mon père a toujours le réflexe de vérifier si la fenêtre est bien fermée quand il passe me dire bonne nuit, le soir.

- Je ne l'ai pas touchée, rétorquai-je sans avoir besoin que mon père ne me pose la question.

- Il se passe quelque chose d'étrange ici. En bas, tout à l'heure, j'ai cru entendre un bruit sourd mais il n'y a personne dans la maison, assura mon père.

Ce fut une nuit particulière, un rêve étrange d'un inconnu, et l'apparition d'un autre inconnu au pied de mon lit. Mon ventre se nouait, frustrée de ne pas savoir ce qu'il m'arrivait.

Puis une semaine se passa, sans aucune apparition, j'allais en cours normalement. Plus aucune nouvelle de cette étrangeté depuis ce matin-là, je me disais que j'étais tranquille et ne portais plus aucune importance à mon rêve ni à ce garçon.



La Légende De BleuennOù les histoires vivent. Découvrez maintenant