La dame de l'aéroport

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Légère, elle flottait pratiquement au-dessus du banc qu'elle occupait jours après jours. La dame de l'aéroport observait distraitement les gens qui passaient devant elle. Elle arborait un air pensif. La ravissante femme se pointait dès lors que les oiseaux se mettaient à chantonner et restait jusqu'à ce que le bus de dix-neuf heures démarre. C'était alors que la jeune dame repartait sans bruit, sans laisser de traces. C'était comme si elle n'était jamais vraiment venue.

Si elle se pointait beau temps mauvais temps, elle n'avais jamais pris ne serait-ce qu'un simple vol pour autant. Cependant, nul ne lui avait demandé la raison pour laquelle elle flânait à l'aéroport du matin au soir.

* * *

Un soupir franchit ses fines lèvres alors qu'elle prit place sur l'une des petites chaises bleues, la même que les jours précédents. Une fois installée, elle attendit patiemment.

On pouvait observer des personnes en vestons et cravates à l'air pressé, mais aussi des touristes on peu plus désorientés.

Une jeune femme, aussi belle que la rosé, se tenait aux côtés d'un jeune homme robuste. L'uniforme que le garçon portait attirait l'œil des gens curieux, il le différenciait des vacanciers et des gens d'affaires.

Ils se tenaient les mains de manière délicate, évitant de serrer trop fort de peur de se briser l'un l'autre. Les deux se regardaient droit dans les yeux comme si ils étaient seuls au monde, comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Une larme s'échappa et glissa le long de la joue matte de la belle. L'une des mains du jeune homme lâcha avec toute la douceur du monde celle de la jeune adulte avant d'entamer une trajectoire vers le visage attristé d'une jeune femme en peine. La main finit son chemin sur cette joue devenue rosée. De son pouce, il essuya délicatement la goutte d'eau. Leurs lèvres se scellèrent une dernière fois pour un doux baisé d'adieu. Deux cœurs battants à l'unisson, en parfaite harmonie.

L'homme lui glissa une dernière fois les mots les plus doux à l'oreille avant de partir avec sa valise où l'on pouvait y observer le symbole de l'armée Canadienne. Il se retourna une dernière fois vers sa bien aimée, le cœur gros, avant de continuer son chemin.

Une envie soudaine d'aller rejoindre la beauté, seule dorénavant, pour la consoler bouscula la dame de l'aéroport. Celle-ci n'en fit rien.

Un peu plus près vers la droite, un mouvement attira l'attention de la dame.

Une petite famille formée de trois jeunes enfants et deux adultes se tenait à cet endroit, ils observaient au loin, l'air hâtés. Se situant à l'endroit où leurs regards étaient fixés, arrivaient un couple âgé, un très vieil homme et une très vieille dame. Lorsque ces derniers aperçurent la petite famille, un sourire immense fendit leurs visages marqués par les années.

Dans un cri de joie parsemé d'éclats de rire, les enfants accoururent embrasser le couple qui avait reçu la marque du temps. Les petits les aidèrent à transporter leur sacs alors que les adoultes les embrassaient à leurs tour, les larmes de joie et les rires nostalgiques hantait l'espace.

Les lèvres de l'observatrice esquissèrent un léger sourire alors qu'une douce odeur de roses envahie ses narines. Son attention se détourna soudainement vers cet homme, il portais un immense bouquet de roses entre ses mains. L'homme arborait un sourire niais alors qu'il fixait de son regard attendrit un être cher. Ce dernier semblait chercher quelqu'un ; peut-être était-ce l'homme aux roses. Celui-ci se dirigeait lentement vers l'être aimé, une mine angoissée collée au visage. Au passage, il offrit une jolie fleur rouge à la dame qui venait de retrouver sa petite famille, le bonheur de ceux-là était à son comble.

Une fois arrivé au près du charmant jeune homme, qui était dos a lui, il éparpilla quelques fleurs autour de lui, sur le sol. L'homme de dos sentît des regards pesants derrière lui, il se retourna. C'était ce moment que l'homme aux fleurs eut choisi pour s'agenouiller, l'autre écarquilla les yeux de surprise avant de sourire de toutes ses dents lorsque l'homme à genou sortit une petite boîte, demandant, la voix tremblante mais le sourire collé aux lèvres, si il voulait bien l'aimer pour l'éternité.

Les larmes coulaient à flot sur les joues des deux hommes et le sourire de l'homme debout s'agrandit alors qu'il acquiesçait, incapable de prononcer un mot. Tout le monde présent à cet endroit, à ce moment, applaudit et même la dame de l'aéroport se surprise à applaudir toute souriante devant cette magnifique scène romantique.

D'un sursaut, la dame senti une présence à ses côtés. Elle se retournait avec prudence pour apercevoir une jeune adulte, seule. Celle-ci souriait. Malgré sa solitude, elle souriait. Ce n'était ni un sourire joyeux, ni un sourire niais. Ce n'était pas non plus un sourire triste ou psychopathe, c'était simplement un sourire, un sourire calme, doux. Il était jeune mais rempli de sagesse en même temps. La jeune femme se levait et marchait tranquillement vers une vieille dame, une très vieille dame. Délicatement, elle l'enlaçait. Puis l'aidait à se diriger vers la sortie de l'aéroport. "C'est bon de te revoir, grand-mère. Ça fait des années."

Dix-neuf heures, l'horloge indiquait l'heure de départ.

* * *

La dame revînt, jours après jours sans jamais se lacer de toutes ces histoires.

Et pourtant, personne ne posa jamais de question à propos de sa présence quotidienne.

Pourquoi venait-elle tous les jours, qu'il fasse un temps merveilleux ou qu'il y ait le plus gros des orages ?

Nul ne le savais. Nul ne le saura.

* * *

Pourquoi, d'après vous ?

La dame de l'aéroportOù les histoires vivent. Découvrez maintenant