Le musicien de la gare

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C'était dans une gare. Une gare pleine de courant d'air. Des coups de vent, des gens pressés, qui attendent ou qui partent courant. On voit de tout. On voit de rien. On voit sans voir. Sans prendre le temps de regarder. On laisse les images défiler. Al gare se vide et se remplit. Juste un instant on est parti. Des retrouvailles sur un quai. Des déchirures et des regrets. On voit sans en prendre conscience, bercé par notre indifférence. Le train arrive, il entre en gare. On court pressé par notre départ. On est ici sans être là. On s'imagine déjà là-bas. De gare en gare, tous les arrêts qui composent tout notre trajet. Le temps qui passe, on entre en gare. A-t-on accumulé du retard ? On doit attendre, correspondance, preuve de patience. On court, on lit, on cherche une place pour être assis. Quelques messages, on tourne les pages. On se connecte dans sa bulle. Tout bouge partout autour de nous, mais nous on est pas là du tout. On pense à tout, on pense à rien. Que va-t-on faire sur le chemin ? Et de quoi sera fait demain ?

Mais je suis là du matin au soir. Je passe mon temps dans la gare. Dans les couloirs menant aux quais. Je vois des gens toute la journée et ils ne font que défiler. Parfois assis, parfois debout je suis toujours au rendez-vous. Personne souvent ne me voit, ne prend conscience que je suis là. Tout le monde passe, pas un bonjour, ils sont pressés, parfois ils courent. Pourtant avec mon instrument, je joue mais personne n'entend. Tous les matins et tous les soirs je joue toujours dans la gare. C'est devenu habituel, ma musique donne vie comme une ambiance perpétuelle. Rare sont ceux à s'arrêter, pour un sourire, pour me parler. Alors je montre que je suis là en livrant ce que je ne dis pas. Je joue de mon instrument, laissant la mélodie s'envoler dans le vent. Elle passe aux oreilles des gens qui entendent sans en être conscients. Petit rituel, certains sont des habitués, ils passent souvent sans s'arrêter peut-être pour aller travailler. Et puis un jour je ne suis plus. Alors ils se rendent compte et ils sont tout perdus. Cette étincelle a disparu, la flamme éteinte ne brille plus. Ils se rendent compte de mon départ, moi qui de ma musique donnait vie à cette gare.



Il était une fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant