2 - So stay awake with me, let's prove them wrong.

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Sur le chemin, le jeune homme efféminé tenait fermement la sangle de son sac, de peur que ses objets de vengeance lui échappent. La veille, il les avait placés avec précaution dans sa sacoche de cours, qui, tout comme lui, avait subis maintes épreuves… Cette fois-ci il y faisait très attention, décidé à atteindre son but. Il ne vivait que pour cela, depuis des mois ! Et à chaque pas qu’il faisait, sa vengeance se rapprochait. Rien de plus merveilleux pour lui. Il se souvenait encore parfaitement du jour où il avait commencé à mettre son plan en place, ce qui lui semblait être tout juste hier mais qui en réalité remontait à cinq longs mois. Les pensées de Finnegan divaguèrent automatiquement sur son père, qui aurait su voir le mal être de son fils et qui l’aurait empêché de faire tout ça… « Et peut-être même que je n’aurais pas pensé à faire ça », ajouta Finnegan dans sa tête, « s’il avait été là ». S’il avait toujours été présent ce serait parce qu’il aurait accepté la différence de son fils mais ça n’avait pas été le cas. Son père n’avait pas même été capable de continuer à vivre dans la même maison que ce « monstre », la différence l’avait effrayé. Où était passé ce lien si fort ? Où était passée cette promesse officieuse que fait un père à son fils ? Celle de ne jamais le laisser tomber et de le protéger jusqu’au bout ?

- 16 Mai… Souffla-t’il tristement.

Ce 16 Mai, il voulait s’en souvenir à jamais. Tandis que d’autres préféraient oublier les jours douloureux et souhaitaient les effacer du calendrier, le jeune homme lui, entourait, soulignait, mettait en avant chaque mauvais jour. Non pour se rendre encore plus désespéré qu’il ne fût déjà mais pour alimenter sa haine, pour se rappeler à tout moment comme ils avaient essayé de le tirer au plus bas. Le 16 mai était en première place : le jour où son père était sorti de sa vie ou plutôt le jour où son père avait sortis sa femme, Eddie et Finnegan de sa vie. Il n’avait plus voulu d’eux, à cause de Finnegan…

Ce matin-là, Finnegan s’était levé de bonne humeur en prévision d’une journée ensoleillée qu’il comptait passer avec son père. Certes, il ne lui avait pas adressé la parole depuis une semaine mais il comptait bien se rattraper et montrer à son père qu’il était toujours le même « petit Finn », comme le surnommait son père. Certes il était encore un peu vexé face à la réaction que son père avait eue lorsqu’il était sorti de la salle de bain en robe, une semaine auparavant. Certes il avait encore les marques autour de ses poignets dues à la punition qu’on lui avait infligé, soit rester attaché toute l’après-midi, en robe, au seul arbre du jardin. Mais il était prêt à mettre ce différend de côté car il aimait son père plus que tout au monde. Seulement quand il était entré dans le salon il avait trouvé sa mère, assise à table, en pleurs. Deux feuilles étaient étalées devant elles et en les voyant, Finn s'était imaginé divers scénarios dont le décès de ses grands-parents. Mais il ne lui vint pas à l’esprit que cette lettre venait de son père et qu’il était en ce moment même à plusieurs kilomètres d’Okarche. La mère l’empêcha premièrement de lire et après maintes supplications de la part de son fils elle finit par accepter et ainsi plongea inconsciemment son fils dans une tristesse dont il ne pourrait pas guérir.

Encore aujourd’hui il connaissait la lettre sur le bout des doigts, tant il l’avait lu et relu. Il ne restait plus rien des deux papiers car sa mère les avaient jetés mais les mots, eux, resteraient ancrés dans la mémoire de Finnegan pour toujours. Des mots si puissants qui l’avaient blessé au plus profond : « Je ne me pense pas capable de supporter ce qu’il est devenu, croyez-moi c’est au-dessus de mes forces. Alors je préfère m’en aller… Vous n’entendrez plus jamais parler de moi, il en est mieux ainsi. ». De ses quatorze ans, il n’avait pas réussis à comprendre ce qu’il était devenu, avec exactitude car pour lui rien n’avait changé mis à part le fait qu’il voulait assumer ce qu’il ressentait. Dans cette lettre, il avait même été traité " d’enfant raté " , " d’enfant du diable " et peut-être qu’il avait commencé à y croire.

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