Chapitre 1

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Chapitre 1

La faim me tord l'estomac. La soif assèche ma bouche. La douleur rend mes jambes lourdes. Et le froid me paralyse. Assise et épuisée, sur un sol dur, la pluie commence à tomber. C'est mon jour de chance. Je me lève et cherche un objet pour récolter de l'eau de pluie. Il faut que je rentre, la nuit commence à tomber. Je marche en ayant faim,en ayant soif et en ayant mal. Mon refuge ne se trouve plus qu'à une centaine de mètres. Je ne m'éloigne jamais trop, par sécurité. Mes cheveux commencent à coller à mon visage. Je marche plus vite car la nuit tombe, elle tombe rapidement. L'eau que j'avais récoltée failli se renverser quand je me suis retournée brusquement. Rien derrière moi. On est jamais trop prudent. J'ouvre la porte du bâtiment et entre. Je m'arrête et regarde autour de moi. Une tornade semble avoir retourné l'endroit. Des feuilles de papier éparpillées un peu partout, des chaises renversées et des lampes explosées. Une ou deux baies vitrées sont brisées. Aucun bruit ni présence. Je me dirige vers une grande porte blindée grise. Le coffre fort de la banque national. Bien que l'argent qui s'y trouve ne me sert à rien, l'endroit est bien sécurisé. Détecteurs de mouvements classiques et thermiques, caméras infrarouges, ainsi qu'aucune entrée à part cette porte blindée. Mais comment y accéder ? J'ai découvert une entrée secrète il y a 1 mois. Depuis lors, je m'y réfugie. Dans le bureau juste à côté du coffre, celui du directeur, se trouve une petite trappe au sol en dessous du bureau, presque impossible à déceler. Je soulève la porte à peine assez grande pour m'y faufiler. Je descends avec le rétro de voiture auquel j'ai enlevé le miroir et dans lequel j'ai récolté l'eau de pluie. Je le pose et ferme la trappe après avoir jeté un dernier coup d' oeil à la pièce. Le conduit est étroit et je dois ramper en essayant de ne pas renverser l'eau. J'arrive au bout du couloir et au dessus de moi, une seconde trappe. Je la soulève et regarde dans la pièce si rien est à signaler. Je sors et referme la trappe. Tous les petits coffres forts se dressent devant moi en 4 longues rangées. Derrière moi se trouve un mur épais de 5 mètres de béton avec une couche de métal d'un mètre. J'avance le long des rangées et retrouve mon petit nid. Dans un coin tout au fond de la pièce de trouve ma "chambre", si je peux appeler ca ainsi. J'avais trouvé une tente avant mon arrivée ici. Elle m'offre un peu d'intimité même si personne ne peut me voir. A l'intérieur, un sac de couchage pour me tenir chaud. Et puis, un peu de confort ne tue pas. J'avais aussi récupéré un réchaud de camping dans un magasin de sport. Personne ne peut m'envoyer en prison maintenant. À côté de mon réchaud, il y a quelques boîtes de conserves et un bout de pain aussi petit que mon poing. Ma réserve de nourriture est à moitié pleine, ou à moitié vide. J'ai tendance à la voir à moitié vide. Je verse l'eau récoltée dans un récipient en aluminium désinfecté et je fais bouillir l'eau pour la filtrer. L'eau de pluie est infectée, j'ai appris à survivre au fil du temps. Mes vêtements sont trempés et avec ce froid, ils ne vont pas sécher rapidement. L'eau purifiée, elle, refroidit vite. J'utilise le réchaud pour sécher mes habits. Pas très pratique mais je fais avec les moyens du bord.

Ma réserve va encore diminuer. Une conserve suffira pour ce soir. De la salade de fruits en boite, appétissant. Même pas une goutte de jus de fruit, il a bien fait de pleuvoir aujourd'hui.

Je n'ai aucune idée de l'heure. Tout ce que j'ai pour la déterminer est un thermomètre. C'est un climat très contrasté semblable à celui qui règne au Sahara en Afrique du nord. Un froid glacial la nuit et une chaleur extrême le jour. Même dans ce coffre, les effets des températures se font sentir. Le thermomètre indique 5°C, une nuit assez douce. Contrairement au Sahara, les pluies ne sont pas rares, mais elles ne sont pas fréquentes pour autant. Quand elles arrivent, il faut en profiter. C'est ce qui m'a tenu en vie durant plusieurs jours sans nourriture.

Je suis épuisée. Et mon bras endolori devient lourd. Je décide d'aller me coucher. Dans ma tente, je dors avec une arme à feu chargée et jamais sur mes deux oreilles. Cette nuit, je ne rêva pas. Et quand je me suis réveillée, je n'étais ni de bonne humeur ni de mauvaise. Je survis parce qu'il le faut, mais la joie n'y est pas, elle n'y est plus. En quoi se réjouir à être condamné à survivre seule, dans la crainte et dans la misère ? Mais je garde espoir. Je ne suis peut-être pas la seule survivante.

Réveillée, je regarde le thermomètre qui indique 25°C. Début de journée, sûrement 8 ou 9 heures du matin. J'ai besoin de reprendre des forces. Et ma réserve de nourriture sera bientôt épuisée. Ainsi que mon eau. J'ai une autre arme, un sniper silencieux. Je prends mon arme, bois une gorgée d'eau et mange un petit morceau de pain sec. Je m'habille de mes vêtements toujours humides après une nuit auprès du petit feu. Je ne mets que mon short de camouflage et mon débardeur militaire, ainsi que ma ceinture avec deux guns et des munitions, une machette et dans chaque botte, une baïonnette. Je sors par le tunnel souterrain et sors du bâtiment. Le soleil tape déjà et la chaleur envahit mes poumons. Je marche, à l'affût vers le parc. Plusieurs animaux ont pris possession du lieu. Ce parc mesure plus de 3 hectares, on peut maintenant y trouver quelques cerfs et biches ainsi que quelques sangliers. Malgré ce climat aride, la forêt du parc tient bon. Les arbres, certes, sont moins touffus et l'herbe plus sèche. Mais, les pluies la tiennent en vie.
J'entre dans le parc, avance un peu et me cache dans un buisson. J'attends la venue d'un malheureux. Une heure passe sans que je ne bouge. Un sanglier pointe le bout de sa truffe à une centaine de mètres de moi. Mon sniper chargé, je le pointe sur ma cible. La bête dans le viseur, je tire et touche ma cible dans l'épaule. L'animal tombe aussitôt au sol. Je cours vers lui et découpe, le plus vite possible, ses 4 pattes que je dépouille. Elles sont maigres mais ça me suffit. Je les prends et commence à marcher vers la banque. J'arrive dans le coffre et y dépose les viandes. Vu la chaleur, la viande ne restera pas fraîche longtemps. Je fais donc sécher la viande dehors, au soleil. Risqué mais nécessaire.

Il faudra bientôt que je partes. Que je reprenne mon périple, ma recherche de survivant. Mais, pour l'instant, j'ai un autre problème. Devant la banque, un mouvement attira mon attention sur ma gauche, dans une ruelle où le soleil ne peut passer. Je marche doucement, sans bruit en direction de cette ruelle. Je m'arrête, j'écoute. Rien. Je continue. J'entre dans la ruelle à l'ombre. Je m'immobilise immédiatement. C'est trop tard. Je suis prise au piège. Je regarde autour de moi. Une sueur froide grimpa dans mon dos.


Je le vois.

SurvivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant