Chapitre 4

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Chapitre 4 

C'est la tombée de la nuit et je n'ai toujours pas trouver d'abris. Il va falloir dormir dans la voiture. Le paysage n'a toujours pas changé. Le désert total et froid. Je m'arrête sur le côté de la route. Je pourrais rester au beau milieu. Mais, je préfère être prudente. On ne sait jamais qu'un chauffard déboule de nul part. J'ai besoin de la voiture. Je me chaufferai avec le réchaud. Ce sera certainement sa dernière nuit. Le gaz manque dans la bouteille. Il est 22 heures et 5°C. La nuit sera douce. J'ouvre une boîte de conserve.
- Alors, quel est le menu de ce soir,chef ?


Les mots sont sortis difficilement de ma bouche. Je les ai presque murmuré. Je n'ai plus l'habitude de parler. Je me racle la gorge et me force à tousser.
-Ce soir, c'est raviolis au fromage et sauce tomate. DE-LI-CIEUX.

Ma voix est redevenue claire. Je n'ai pas menti. Les raviolis au fromage tièdes sont très bons, même en boîte. Il faut se réjouir des petites choses en ces temps. Après mon repas, la faim ne me tiraille plus. Je regarde mon eau. Il n'en reste plus beaucoup. J'en bois deux gorgées. Le reste sera pour demain. Il faut à tout pris que j'en trouve demain. Il doit être plus de 23 heures maintenant. La flamme du réchaud se fait de plus en plus petite.Jusqu'à ce qu'elle s'éteigne totalement. Ce soir, je m'endormirai dans le noir et dans le froid. Je ne rêva pas.


C'est un bruit de cognement qui me réveilla en sursaut.L'aube se lève. Je ne sens plus mes lèvres ni mes orteils. Je me regarde dans le rétro, j'ai les lèvres bleues. Je ne m'attarde pas sur mon visage, il n'y a plus personne pour voir à quel point il est sale et creusé. La température va bientôt s'élever, ça devrait aller mieux d'ici quelques minutes. Je regarde les alentours. Rien.Qu'est-ce qui a fait ce bruit ? Je sens mes orteils picoter et mes lèvres retrouvent une couleur normale. C'est le moment du petit déjeuner. Je sors l'autre partie de la cuisse entamée de mon sac posé sur le siège passager. Je la mange calmement et je finis l'eau. Avant de reprendre la route, je sors me dégourdir les jambes.Je marche autour de la voiture et vérifie son état. Je cherche l'endroit de l'impact. Je n'ai pas rêvé, j'ai bien entendu un bruit de cognement. C'est au niveau du coffre que je découvris une bosse.Ou plutôt, un creu. Il n'est pas bien gros. Qu'est-ce qui a bien pu se cogner contre la voiture ? Je sonde l'horizon. C'est alors que je vois à une dizaine de mètres de moi, un oiseau. Un petit oiseau noir. Il picore le sol. S'il n'y en a qu'un, ce n'est pas dangereux. C'est quand il y en a plusieurs que ça devient problématique. Quoi qu'il en soit, il vaut mieux partir avant que d'autres n'arrivent. Je monte en voiture et démarre. Je dois trouver de l'eau. On ne tient pas plus de 48 heures sans eau. Devant moi, il n'y a que du vide partout. De la terre sèche et de la terre encore plus sèche, partout. Et ce silence. Un silence calme. Certes, le moteur tourne. Mais, tout autour, c'est calme. Tiens, si j'essayais la radio ? J'appuie sur le bouton ON. Ca crépite. Ca me fait penser à des chips. Je ne sais pas pourquoi, le crépitement m'a toujours fait penser aux chips. Peut-être est-ce à cause de tous ces films imprégnés d'un humour plus qu'ennuyeux, dans lesquels le personnage au téléphone chiffone un paquet de chips en prétextant des inter-ferences pour faire cesser la conversation. Au début,c'est drôle. Mais quand tous les films s'y mettent, cette scène ne devient que redondante et ennuyeuse. Je n'étais pas très films humouristiques de toute façon. Moi, j'étais plus dans la romance et le policier. Les Twilights n'ont aucuns secrets pour moi. J'aimerais les revoir. Mais, l'électricité ayant lâcher, ça va être difficile. Si je tombe sur une bibliothèque ou une librairie, j'irai voir après les livres. Je n'aime pas trop lire, mais il n'est jamais trop tard. Je souris. Tiens, de la végétation. C'est bon signe. Ça signifie que de l'eau circule sous terre. Après quelques centaines de mètres, les arbres me cachent du soleil. Avec 40° à l'ombre, il devrait bientôt être midi. Je suis bientôt arrivée. Le chemin aura pris plus longtemps. C'est vrai que je n'ai pas roulé très vite. Je m'arrête sous un arbre. Pour avoir une telle végétation en plein désert, il doit y avoir une source importante d'eau. Je sors de la voiture. Par où aller ? Sur ma droite, il y a plus de buissons et d'arbres qu'ailleurs. Ca doit être par là. Je marche durant 10 bonnes minutes avant de me rendre compte que j'ai oublié mon rétroviseur pour récolter l'eau. Je fais demi tour. Après avoir repris mon récipient, je retourne vers les arbres plus touffus. Je m'immobilise. Cette odeur. Une odeur de fraîcheur. Je suis sur la bonne voie. Quelques mètres plus tard, j'entends un bruit d'eau. Une chute d'eau. Je vais peut-être pouvoir me laver.J'arrive enfin à la source de ce merveilleux bruit à mes oreilles.Un petit lac d'une dizaine de mètres de diamètre s'étend devant moi. Avec une petite chute d'eau qui fait s'écouler un ruisseau plus bas. Enfin. Je vais enfin quitter cette odeur.

L'eau est infectée, je ne peux pas la boire directement. Il faudra que je la filtre. Mais, pour faire autant de végétation, elle ne doit pas l'être autant que l'eau de pluie.L'eau de ce lac a sûrement été filtrée par la terre. Alors quel'eau de pluie qui vient des mers et océans ne l'est pas. Je vais pouvoir me laver sans risque.

La fraîcheur de l'eau caresse ma peau nue. Je sens l'eau ruisselé sur mon corps maigre. Je sens la crasse, la saleté et la sueur s'en aller de ma peau. Je penche ma tête en arrière et ferme les yeux.Mes cheveux tombent sur mon dos. Eux aussi méritent un rinçage.Malgré la douceur de l'eau et le plaisir de cette douche, je ne dois pas m'éterniser. Je sors de l'eau. Je ne vais pas mettre longtemps à sécher avec cette chaleur. Je reste nue durant ce temps. J'en profite pour récolter de l'eau dans mon rétroviseur. Maintenant que je connais l'emplacement de cette oasis, ça me facilitera la tâche en cas de sécheresse prolongée. Après 5 minutes, je suis déjà sèche. Je me rhabille et reviens à la voiture avec ma récolte. Je me trébuche sur une chose ronde et tombe lourdement sur le sol.Merde, mon eau. En me relevant, je regarde sur quoi j'ai posé mon pied. Une pomme. Je lève la tête. Je suis sous un pommier rempli de fruits. Ca va me changer des boîtes. Bonjour merveilleuses vitamines. Je retourne en vitesse chercher de l'eau au lac. Je range soigneusement le rétroviseur dans la voiture le temps que j'aille cueillir quelques fruits. Je reviens avec 5 pommes rouges. Je range l'eau dans la bombonne vide. Ce sera plus utile.

Je mange une pomme sur le chemin vers Orlando. Il ne reste plus que quelques heures de routes. J'y serai pour la tombée de la nuit.

La nature semble avoir repris ses droits à Orlando. Des arbres ont poussés dans les fissures du bitume. Les animaux circulent librement. Ils s'écartent sur mon passage. Je souris.C'est beau. Mère Nature a su allier technologie et nature. Ce que nous, Hommes, n'avons même pas été capable de faire. C'est peut-être pour ça qu'elle nous en veut.


Dois-je aller à la fameuse piscine ? Non, pas la nuit. Le soleil s'est déjà couché. Je dois trouver un abris rapidement. Je roule le long de grands buildings aux vitres brisées.Je peux voir l'intérieur des immeubles totalement ravagé. Les eaux ont sûrement du faire leur job ici. Je continue à rouler. A ma gauche, je vois un restaurant. Parfait pour une nuit. Je m'arrête dans la ruelle à côté. Je prends mon sac et je sors.Machinalement, je me dirige vers le coffre. Il n'y avait pas une couverture dedans ? Je l'avais complètement oubliée celle-là !Je la prends. Le restaurant est ouvert et sombre. Cette fois, je n'ai rien pour m'éclairer. J'avance prudemment à tâton. Un nuage découvre la lumière de la lune. Je peux voir le fond du restaurant.La cuisine est droit devant. Je marche rapidement jusque là. La température a déjà beaucoup baissée. Je m'empresse d'allumer les premiers fourneaux que je trouve. Heureusement que les fourneaux professionnels sont généralement au gaz. Les flammes donnent un peu de lumière. Mais ce n'est pas suffisant pour générer assez de chaleur pour rivaliser avec le froid ambiant. 5°C, vite. J'allume les fourneaux se trouvant juste à côté. Ca fait du bien. Je me retourne pour regarder la pièce. C'est une assez petite cuisine. Les fourneaux derrière moi sont assez imposants. Juste en face, il y a la chambre froide. Je ne préfère pas savoir ce qui peut s'y trouver. A ma gauche, il y a quelques étagères et un plan de travail en inox. De l'autre côté se trouve la plonge. Et au centre,il y a plusieurs fours et plans de travail. Je vais dormir ici cette nuit. Mais, je dois manger avant. Je prends une casserole sur l'une des étagères et y verse ma récolte d'eau. Je vais la purifier.Dans une seconde casserole, je verse le contenu de mon souper.Asperges et dés de dinde. Ca devrait être meilleur chaud. En tout cas, j'espère que le goût est meilleur que l'odeur. L'eau bouille rapidement. Je l'enlève du feu et la laisse refroidir. Je suis dans une cuisine, il doit bien y avoir des épices quelque part. Je me mets à la recherche d'épices. J'ouvre toutes armoires, vérifie toutes les étagères et tombe enfin sur un petit pot de poivre. Ca devrait être suffisant. Je renverse le pot. Rien de sort. Les grains semblent avoir formé un bloc. Un peu comme le quinquagénaire dans son frigo. Le poivre a du prendre l'humidité. Tant pis. Le repas est prêt. Je me force à tout manger. En réalité, je n'avais pas faim.Je ne sais plus manger autant qu'avant. Mon estomac a rétréci depuis le Jour. La nourriture est devenue difficile à trouver après plusieurs mois. Seuls les conserves ne périment pas trop rapidement.Mais le reste, viande, fruits, légumes, pains,... Tout a disparu sous les insectes. A croire que ces bestioles ont un plus grand estomac que moi. Je bois un peu d'eau encore tiède. Je vais dormir à la lueur des fourneaux, à la faible chaleur des flammes et au doux réconfort que m'apporte cette couverture. La journée a été calme et paisible. Cette nuit, je rêva d'un petit lac, d'une chute d'eau et de pommes.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 08, 2016 ⏰

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