Mission Sauvetage.

Le Plan Rouge.

Le visage de Gustav se figea puis se décomposa lentement.
Georg, quant à lui, se bloqua, et son regard se voila.
Un monde venait de s'écrouler.
Seulement trois mots et tout était fini.
Si tôt.
Si vite.
Etait-ce seulement réel?
Impossible.
Ils devaient se réveiller de cet affreux songe.
Impossible.
Ils devaient finalement affronter cette réalité.
Impossible..

"-Tu mens." Cracha le blond.

"-Non, Gustav... J'aurais préféré. Je suis sincèrement navré."

"-Non, non, non, c'est pas vrai! NON!"

Georg ferma les yeux, peiné de voir son ami dans cet état.

Gustav poussa le médecin et franchit les portes.
Son regard tomba directement sur une table où un corps gisait.
Il survola presque le sol tant il allait vite; mais il se stoppa net lorsqu'il arriva juste à côté de son ami.
Il le regarda, choqué.
Non, ça ne pouvait pas être lui.
Il paraissait si paisible, là, allongé sur cette table; comme endormi.
Un long et lourd sommeil.
Tout autour était rangé, nettoyé.
Il était couvert d'un drap blanc, aussi blanc que sa peau.
Seuls ses bras étaient posés au dessus du tissu, laissant apparaître ses épaules et son visage.
Les doigts de Gustav vinrent effleurer la main d'Andreas, il la prit ensuite dans ses propres mains. Il tremblait désormais.

"-Non mec! Non, non, non, non! Tu peux pas! T'as pas le droit Pourquoi?! Tu peux pas partir! T'as pas le droit de nous laisser seuls! Merde Andreas! T'en fais quoi de tous nos souvenirs?! T'en fais quoi de tout ce qu'on a fait ensemble?! T'en fais quoi de nous putain!? C'est injuste. Tellement injuste, bordel. Avec qui je vais pouvoir faire des blagues aux autres? A qui est-ce que je vais pouvoir mettre la raclée de sa vie sur FIFA? Qui est-ce que je vais pouvoir faire tomber dans la piscine alors qu'il a la crève? A qui est-ce que je vais pouvoir raconter mes pires hontes et mésaventures? Avec qui est-ce que je vais pouvoir me vautrer sur le canapé les dimanche après-midi, avec une série sur Netflix ou devant un match de foot? Avec qui est-ce que je vais pouvoir parler des ragots et rumeurs qui courent comme de véritables Gossips? Non! T'as pas le droit de m'abandonner! Je refuse! Je te déteste! Tu peux pas juste nous quitter! Non, putain! NON! Tu lâches comme ça, sans pression! T'as cru que j'allais accepter de te perdre? Non, c'est pas si facile que ça mon pote! Bordel mais j'suis pas prêt à te dire adieu, moi. J'en suis incapable! Je peux pas me résigner à te laisser partir, mon frère... Andreas... Reviens... Je t'en supplies... T'as pas le droit de nous abandonner!" Sur ces derniers mots, il fit s'écraser son poing contre le mur à sa droite. Il explosait enfin.

Il recommença à frapper ce mur, des larmes de rage et de tristesse s'écoulant à torrent sur ses joues.
Il se retourna et fit chavirer une tablette à roulettes où des instruments de chirurgie étaient posés.
De colère, il renversa tout ce qui se trouvait à sa portée.
Brutalisant totalement la salle.
Des bruits de métaux claquants contre le carrelage et des feuilles volantes faisaient un immonde vacarme.
Un vacarme presque aussi bruyant que celui qui avait pris possession de l'esprit agité du blond.
Un sentiment sourd oppressait sa cage thoracique. Il avait l'impression d'étouffer.
Il pleurait pour une des rares fois dans sa vie.
Il ravageait tout sur son passage.
L'endroit n'était plus que ruine après la tempête. Vestige d'une guerre intérieure ayant explosée.
Il envoya valser un énième objet métallique, frappa une énième fois le mur.

"-Gustav..." Appela une voix faible. Mais rien n'y fit, il continuait son massacre. "Arrête."

Cette fois, la voix s'était faite plus forte, plus dure, plus autoritaire.
Le blond se retourna à la volée, levant brusquement la tête.

"-Toi." Cracha-t-il amèrement, la voix tremblante en s'élançant vers l'autre personne, tel une véritable furie avant de l'attraper par le col de son haut qu'il serra entre ses poings. "Tu m'avais promis! Tu m'avais promis qu'on allait le sauver! Qu'il allait s'en tirer! T'as pas tenu ta promesse! Tu m'as trahi! Comme lui! Je te hais, Georg. Je vous hais! Vous aviez pas le droit."