Chapitre 20 : le goût des larmes

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-Alors on va faire une petite balade nocturne, chuchota-il des étoiles dans les yeux.

Lucy acquiesça doucement, serra ses clés dans sa main et passa devant Natsu pour montrer le chemin. Il se mit à la suivre et elle lui chuchota précipitamment de fermer la porte d'abord. Il obéit, puis il la rejoignit. Elle avait déclenché la minuterie de la cage d'escalier et une lumière jaunâtre guidaient leurs pas. Elle grimpait lentement, ses chaussettes ne faisant aucun bruit sur les marches carrelées. Natsu devait marcher sur la pointe des pieds pour ne pas que ses baskets crissent. Ils traversèrent ainsi trois étages, puis au dernier Lucy les amena vers une porte toute simple se trouvant au bout du couloir. La jeune fille ramena derrière son oreille une mèche de cheveux blonds et introduit une petite clé dans la serrure. Elle tourna vers la droite et, voyant que ça ne tournait pas, poussa plus fort. Après dix secondes de lutte acharnée, elle laissa échapper une sorte de rire-sanglot.

-Je n'ai aucun talent pour ouvrir les portes...

Natsu sourit et posa sa main sur celle de Lucy qui tressaillit. Il tourna la clé vers la gauche. Le mécanisme s'enclencha et il tira la poignée pour ouvrir la porte.

-Pour ouvrir une porte, c'est dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, se moqua-il gentiment.

Bien que cela ne se vit pas à la pâle lumière qui les éclairait, Lucy sentit le rouge envahir ses joues.

-Pfff !

Natsu rit doucement et il ouvrit la porte. Le lieu était superbe. La nuit était noire, mais éclairée de milliers d'étoiles et d'une lune en un parfait croissant. Le toit était entouré d'une rambarde en fer. On voyait tout les immeubles et bâtiments alentours éclairés de lumières. Des insomniaques, des liseurs nocturnes, des noctambules, tout un petit monde privé que seul ceux qui restent éveillés la nuit peuvent comprendre. Le plaisir de sentir le froid fouetter le visage, de respirer l'air dépourvu de gaz d'échappements, d'écouter les rares murmures des voitures passants... La nuit, paisible lorsqu'on est blottit sous sa couette, affolante lorsqu'on entend le téléphone résonner, mortelle parfois quand elle nous surprend, monde inconnu mêlé de rêves évanouis, de pleurs silencieux, de cris muets, d'amours cachés. Les enfants en ont peur parfois, et les adultes aussi un peu. La nuit, c'est le noir, et dans le noir, toutes les peurs resurgissent. Les cauchemars assaillent les esprits sans défense, les pensées torturent les plus affectés, et ceux qui le jour gardent un masque arrogant se retrouvent aussi confronté à cette étrange phénomène qu'est la nuit. Lucy s'avança jusqu'au toit et agrippa la rambarde. Natsu, après avoir prit soin de refermer la porte, la rejoignit.

- Ça va mieux ? s'enquit-il.

-... Oui...

Il remarqua qu'elle tremblait. Il lui prit les bras et la frictionna pour la réchauffer. Elle balbutia un merci. Il y eu un silence, puis le chanteur finit par déclarer :

-  Les cauchemars ne sont jamais que des rêves qui ont mal tournés.

-Dans les miens, c'est plutôt la vie qui a mal tourné.

- Le monde n'est pas une usine à exaucer les voeux.

Elle sourit en reconnaissant la citation.

-Je ne savais pas que tu aimais les comédies romantiques.

-Tu m'en avais parlé, alors je l'avais regardé.

Amour interdit 「𝒏𝒂𝒍𝒖」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant