Chapitre 2 : Un an plus tôt

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- Elena ?

Je sursauta, laissant tomber ma tasse en porcelaine sur le plancher du salon, où elle explosa en mille morceaux.

- Tout va bien ?

Pourtant, je continuais à fixer le vide, trop absorbée par mes pensées. J'aperçus mon père, du coin de l'œil, s'approcher de moi, jusqu'à me faire face.

- Elena, dit-il une nouvelle fois en agitant la main devant mon visage toujours impassible.

Je devais être assise sur le canapé, recouvert d'un drap blanc, à regarder le vide depuis des heures maintenant. Je cligna des paupières et releva la tête vers mon père.

- Désolée papa, dis-je en constatant l'ampleur de mon dégât sur le sol.

- Pas de problème chérie, je n'aurai pas dû te laisser seule, encore, aujourd'hui, continua-t-il.

J'ignora son constat, préférant nettoyer les morceaux tranchants sous mes pieds et le reste du café sur le sol. Ça ne fessait qu'une petite semaine que c'était arrivé, j'allais devoir m'habituer à me changer les idées par moi-même. Heureusement, ou malheureusement, je commençais l'école ce lundi. J'allais pouvoir me concentrer sur les études et tenter d'oublier les images qui me hantaient. Cependant, j'allais aussi devoir confronter tous les étudiants curieux de connaître la petite nouvelle timide. Peut-être connaîtront-ils déjà mon histoire et voudront connaître ma version des faits ? Étais-je vraiment prête pour cela ? Depuis l'événement, je voyais son visage partout. Dans les journaux, sur les réseaux sociaux ... Son nom était sur toutes les lèvres.

- C'est inutile papa, je sais que nous avons besoin d'argent, je ne veux pas que tu manque le travail sous prétexte que je suis seule ici.

- Je déteste te voir tourner en rond. Je sais que c'est dur... Et puis il y a toutes ses boîtes qui ne sont pas encore défaites, dit-il en pointant les cartons de la cuisine.

Oui, on pouvait dire que ma vie s'était arrêté le temps de 7 jours. Mon père avait fait son possible pour rester fort, pour moi, pour la famille qui nous restait. Seulement, je l'avais surprit à maintes reprises à pleurer et frapper dans les murs. Le voir comme cela me blessais énormément. Toute cette peine, cette incompréhension, ces questions et cette rage qui nous habitait tous nous paraissait insurmontable. Deux jours seulement après l'incident, mon père prit la décision d'abandonner la maison et quitter la ville.

Je termina de ramasser mon dégât et débuta la préparation pour le souper. Depuis le départ de maman, je me chargeais de la plupart des tâches ménagères, question d'aider mon père du mieux que je le pouvais. Nous n'étions que deux dans ce petit appartement à présent. Peut-être devrais-je même regarder pour prendre un boulot.

- Ça sent bon, remarqua-t-il.

Je souris.

- Papa ... Tu sais que je cuisine les mêmes pâtes qu'à l'habitude ?

- Oui je sais, mais ce sont les meilleurs, dit-il en déposant un baiser sur mon front.

Cette épreuve nous avais beaucoup rapproché, lui et moi. Enfin, ce n'était pas comme si nous avions eu le choix.

- Tu es sûre de vouloir recommencer lundi Elena ? J'ai appelé le directeur, il ne veut pas que tu te presse à reprendre les cours. Si tu ne te sens pas prête ...

Lettre à Harry Où les histoires vivent. Découvrez maintenant