Il se balance, d'avant en arrière. C'est étrangement hypnotisant, je reste figé. Où suis-je ? J'ai cette sensation que mon âme s'ouvre à nouveau. J'ai cette sensation d'émerger d'un long et profond sommeil. Je me sens comme un nouveau né qui voit pour la première fois le monde qui l'entoure. La seule chose que je sais, c'est que le monde n'est pas aussi beau que le voit ce petit être. C. tourne sa tête de manière très difficile en continuant ses mouvements étranges. Je ne me concentre pas là-dessus, je risquerais de me rendormir. Il me sourit. Je fais mine de ne pas le remarquer pour éviter tout contact visuel. J'ai trop peur de sombrer une fois encore dans les méandres de l'inconscient. A ma droite, O. découpe des morceaux de papiers et les colore d'un rouge vif. C'est un rouge sang, elle a rédigé quelques mots mal alignés par-dessus lui. Je ne le lis pas. Je le fourre dans ma poche droite.
Il est 17h25.
Je ne me suis pas concentré sur cette porte, immense poids imposant. Un garçon, Van (quel nom...) tente de toute ses forces d'ouvrir celle-ci. En vain. Je ne l'aime pas, il ne m'inspire pas confiance.
"Je ferais bien couler ton sang sur ce carrelage si blanc Van. Van, vient ici, que ta vie s'enfonce dans les Enfers!"
Mes lèvres bougent. J'ai parlé fort, trop fort. La moitié de la classe se retourne et me fusille du regard. Van ne lâche pas pourtant la poignée, comme si elle pouvait s'ouvrir d'un instant à un autre par magie.
Malheureusement pour nous, pour eux, j'ai le sentiment que cette salle serait notre futur purgatoire mais notre actuel tombeau.
"Tu peux répéter ? Tu fais quoi toi pour qu'on puisse sortir tu fais rien ! s'exclama une voix insupportable.
"Ferme ta gueule grande gueule." Me dis-je à moi même. Avoir mes lèvres soudées est une véritable épreuve mentale. Je ne dois pas parler, ce serait trahir mes pensées et faire le Mal. Tu ne veux pas faire le Mal dis ? Je ne dois pas, il me crient dessus. Me harcelant, il prennent la défense de cette chose. Cette salle sera votre tombeau, cette salle sera votre tombeau. Vous vous repentirez. Pitié, arrêtez.
"T'es qu'une merde. Porte tes couille si t'en as et vas le dire encore une fois devant Van!"cracha à mon visage la fille.
Mon poing se serre de plus en plus. Je ne sens plus le sang affluer dans ma main droite. Elle continue à s'avancer.
"Grosse baleine, ne me force pas à faire le mal, lui réplique-je.
- Qu'est ce que tu vas faire ? Tu n'as aucun pouvoir. Je suis prête à voir ce que tu peux me faire. Mais attends toi à de fortes représailles de Van."
Calme toi, ne fais pas le Mal. Je touche le papier de O.
J'éjecte la table qui se trouve devant moi. J'arrache le sac de la grosse baleine. J'attrape sèchement ses cheveux. Elle tombe au sol d'un bruit sourd et se débat appelant à l'aide. Elle lance des regards d'alertes de tous les côtés. Personne ne fait un geste pour venir à son aide.
"À croire que personne ne t'aime grosse baleine."
Elle me plante ses ongles dans ma main droite. Je lui assène un coup de genoux franc dans ses côtes. Elle crie de douleur, elle agonise. J'ai presque fini. J'arrive au niveau de Van. Il m'observe d'un regard noir. Je soulève la baleine, elle continue de se débattre.
"Mange mon coude salope."
Van lève le bras pour agir. Ma main gauche, habitée par une force supérieure, amène son crâne en contact avec celui de la fille. Leur cervelle explose. Les corps sans vie tombent au sol. La salle est froide et à présent silencieuse. Personne ne bouge. Mes pieds nagent maintenant dans une mare de sang. Quel plaisir. Quel jouissance. O. et C. m'observent du fond de la salle. L'un sourit, l'autre non, je ne sais plus lequel. La professeure se jette sur son téléphone.
"C'est inutile. Nous sommes destinés à rester ici pour un temps. Voilà notre tombeau et le purgatoire de Van et la baleine. "
Les autres élèves restent choqués, m'écoutent mais ne bougent pas.
Nous sommes encore 29 dans la pièce. La tuerie ne fait que commencer. La chanson est terminée, Stairway to Heaven est finie.