Chapitre 18

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blue - troye sivan

À 9h, l'infirmière entre dans la pièce et me pose un tas de questions. Je lui réponds poliment.

Je passe alors toute la journée à gribouiller avec un stylo et un carnet que j'ai trouvé sur la table de chevet à côté du lit.

J'observe la pièce dans laquelle je me trouve. Il y a un lit inoccupé à côté du mien. Les murs sont blancs. Il y a deux tables de chevet. Un réveil. Une lampe. Une fenêtre. Une porte. C'est tout.

L'infirmière me dit que je pourrais retourner travailler le lendemain. J'attends alors patiemment que la nuit tombe.

Je décide de dormir le plus longtemps possible pour récupérer un maximum.

Quand je me réveille vers 18h, je ne suis plus seul.

Dans le lit à côté du mien se trouve un autre garçon. Il est endormi.

Il doit être dans la section deux, son tee shirt est gris et il a l'air d'avoir moins de dix-sept ans.

Soudainement, il commence à convulser. L'infirmière entre alors calmement dans la chambre et elle le pique avec une seringue qui contient un liquide transparent.

Il arrête de convulser et se réveille, l'infirmière quitte précipitamment la pièce.

Le garçon se redresse sur ses coudes et il regarde dans le vide. Ses yeux sont rouges, ses pupilles sont dilatées.

C'est à ce moment là que je comprends.

"Hey. Tu vas bien ?"

Le garçon sursaute, tourne sa tête vers moi, mais il fixe un point loin derrière moi. Il hoche tristement la tête.

"Comment tu t'appelles ?"
"Brooklyn."

Il répond en chuchotant, comme si son nom était un secret.

"Qu'est-ce qui t'es arrivé ?"

On dirait qu'il a envie de me raconter ce qui lui est arrivé, mais que quelque chose l'en empêche. Il fixe la fenêtre derrière moi.

"J'étais à.. Mh.. À la maison blanche. Je sais ce qui se passe dedans maintenant, moi qui voulait absolument savoir.."

Il rit amèrement.

"Ce qu'il font dedans c'est tellement horrible.. Euh.."
"Michael."
"Il m'ont obligé à rester debout et réveillé pendant des nuits. À chaque fois que je tombais, ils me fouettaient. Mais le pire dans tout ça, c'est que j'entendais les autres garçons crier leur douleur. Tu sais ce qu'on est pour eux ?"

Je ne réponds pas, l'incitant à continuer son récit.

"Des cobayes. Ils font des expériences sur certains d'entre nous. Ils ne prennent même pas la peine d'enterrer les corps des garçons qui meurent à cause d'eux, parce que d'après eux on est juste des objets qui ont des défauts de fabrication. Ils savent même provoquer de l'amnésie."

Des larmes coulent sur ses joues. Il a l'air détruit, abattu. Brooklyn relève le bas de son tee-shirt, et je vois qu'il a été brûlé.

"Ils m'ont pris mes yeux."

Tout devient plus clair. Ils lui ont pris la vue, il ne peut pas me voir.

"Ils travaillent sur une expérience, sur un garçon de ta section. D'après ce que j'ai compris, il s'appelle Robert. Mais le problème c'est qu'il n'y a personne qui s'appelle Robert dans la section trois."

Brooklyn tremble. Je me lève et je regarde sa brûlure de plus près.

Les mots "cuius es nobis" sont marqués. Du latin, sûrement. Je note rapidement les mots sur le carnet.

"Ils.. Ils veulent faire quelque chose d'horrible avec lui."

Je le remercie et je sors de l'infirmerie. Je me fiche de ce que l'infirmière va penser.

Je reviendrais voir Brooklyn.

Tout ce qui compte pour l'instant, c'est m'assurer que tous les garçons de la section aillent bien et qu'ils sont en sécurité.

Je dois trouver qui est Robert.

Je rejoins ma chambre rapidement, le carnet et le stylo dans la main et je fais une liste des personnes qui sont susceptibles d'être Robert.

Il n'y a personne dans les couloirs, tout le monde doit être dans le réfectoire.

Je cherche des solutions, des indices. Déjà, je sais que Robert est un garçon.

Wow, bien joué Sherlock. Je lève les yeux au ciel face à ma stupidité.

Je dois trouver quelqu'un qui a déjà disparu et qui est revenu.

Quelqu'un qu'ils chercheraient à protéger pour le détruire eux-mêmes.

Peut-être que Robert est un prénom qu'ils ont choisi au hasard. Peut-être pas. Tout est possible ici.. Et c'est bien ce qui me fait peur.

dusty house | mukeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant