Chapitre 18

461 60 7
                                    

"Mon cher journal,

Tu es à ce moment ce qui se rapproche le plus d'un membre de ma famille.

Je suis orpheline."

Willa s'arrêta d'écrire et leva les yeux. Elle respira un grand coup en empêchant ses larmes de déborder de ses yeux déjà tout mouillés.

"Je n'ai toujours pas fait ma rentrée. Ça fait deux jours que je le sais mais Maïlana m'a laissé du temps. Elle pensais que j'étais au courant.

Je ne lui en veut pas.

Je m'en veut à moi.

Mais surtout à mes parents. Qu'écris-je ? Mes parents ? Ne devraient-ils pas être honnêtes avec leur fille pour pouvoir se voir attribuer le grade de parents ?

"Ce n'est pas bien de mentir" disait ma mère. Sans blague ?

"Tout finit par se savoir !" renchérissait mon père. Ha oui ? Ne faut il pas se corriger avant de corriger les autres ?

Je ne pensais pas qu'une telle hypocrisie puisse exister sur terre. Un mensonge de seize ans... Il faudra que je cherche si on a battu un record.

On pourrait penser que je me sens déchirée, déplorée. Mais non. Je ne sais pas... Je ne ressent qu'un vide, impossible à combler. A part peut être par de la haine. Et là, je suis sur la bonne voie...

Une part de moi a envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de m'apitoyer sur mon sort. Mais l'autre partie est déconnectée de la réalité. Non. Cette autre partie de moi s'est créée une autre réalité dans laquelle j'ai toujours su que je n'étais pas à ma place.

Dans laquelle je n'ai pas de parents. Seulement des amis. Sur qui je peux compter et qui ne me mentent pas. Une vie où je suis entourée de personnes sincères, parce que je le suis moi même.

Tiens, d'ailleurs, je vais te laisser pour appeler Alison. Je ne l'ai toujours pas fait depuis que je suis arrivée ici, alors que je lui avait promis."

Willa ferma son petit journal et prit le temps de respirer calmement et méthodiquement. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer.

C'est Maïlana qui lui avait expliqué cela. Lorsque Willa s'était réveillée à l'infirmerie, la jeune directrice et une des infirmières se trouvaient à son chevet.

Willa s'était souvenu de tout. C'était gravé à tout jamais dans sa mémoire.

Au début, elle avait plutôt bien réagi: elle avait versé quelques larmes, mais bien moins que ce à quoi on aurait pu s'attendre.

Elle était allongée dans le lit juste à côté de celui de Jean, toujours endormi. Il paraissait paisible. Même inanimé, il faisait partie des seules personnes qui réussissaient à réconforter Willa. Elle était restée environ dix minutes dans les vappes avant de se réveiller.

Elle s'était redressée mais un horrible mal de crâne l'avait assailli. Elle avait porté sa main à son front et avait trouvé un tissu mouillé.

- Qu'est ce que j'ai ?

L'infirmière avait prit la parole d'un ton rassurant que n'importe quel médecin emploie habituellement.

- Lorsque tu es tombée, c'était trop soudain pour que quelqu'un puisse réagir. Tu t'es cognée assez violemment le crâne contre le sol.

Willa avait hoché la tête, ce qui avait ravivé le mal de crâne.

Maïlana lui avait expliqué la situation, c'est-à-dire que tout le monde était en cours et qu'elle avait une journée de repos accordée exceptionnellement.

Le Cycle ÉlémentaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant