Chapitre 35

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Willa et Abby atterrirent lourdement dans l'accotement descendant fait de paille et de boue qui bordait les rails. Abby lâcha la main de son amie pour tendre les siennes devant elle. Mais la vitesse de la chute l'empêcha de faire ce qu'elle voulait et seul un craquement, sonore malgré le train qui continuait de rouler, retentit.

Abby jura mais continua malgré tout sa chute. Willa quant à elle resta bloquée en haut de la butte où se trouvaient les rails, se positionnant donc dangereusement à côté de ceux-ci. La force de passage des wagons de marchandises faisait voler les cheveux roux qui ne s'étaient pas retrouvés bloqués sous sa tête collée au sol par la puissance du choc. Elle se redressa doucement sur un bras, respirant bruyamment, puis regarda autour d'elle.

Le train était vraiment très long et les derniers wagons venaient tout jute d'apparaître dans le champ de vision de Willa. Elle regarda donc derrière elle, là où était tombée Abby.

- Ça va en bas ? cria-t-elle à l'attention de la sorcière du vent, en position fœtale tout en bas de la pente.

Abby se retourna doucement avant de pouvoir totalement s'allonger sur le dos. Elle leva son bras droit en l'air - laissant ainsi son bras gauche plié sur sa poitrine -, perpendiculairement à son corps et montra son pouce d'un air victorieux.

- Super ! plaisanta-t-elle. On vient de sauter d'un train en marche, et tout va bien !

Elle grogna en se redressant pour s'asseoir. Elle passa sa main droite dans son dos et en retira une longue tige dorée. Le train se finit enfin et un long silence suivit le bruit assourdissant que l'engin produisait.

- Par contre, ils aurait pu prévoir mieux que de la paille pour l'atterrissage ! continua-t-elle.

Willa rigola à cette plaisanterie. Toute petite trace d'humour était la bienvenue dans ce moment critique.

L'adolescente se releva totalement en chancelant sur quelques pas. Une fois son équilibre retrouvé, elle descendit la pente qui la séparait de son amie en trottinant. Abby était restée assise et observait son bras gauche avec intérêt. Elle leva la tête dès que Willa fut à moins de cinq mètres d'elle.

- Je crois que je me le suis cassé, dit la sorcière en montrant son bras gauche posé sur ses genoux.

Willa s'approcha d'avantage de son amie avant de se pencher au dessus d'elle.

- Non... Tu crois ? rétorqua Willa, une mine dégoûtée sur le visage.

Le bras qu'Abby avait délicatement posé sur ses genoux pliés était en bien mauvais état. Outre la couleur violacée qu'il prenait de secondes en secondes, une entaille qui semblait profonde le barrait sur toute la longueur de l'avant bras. Abby souleva légèrement son bras blessé avant de le tourner, grâce à son bras droit, ce qui permit à Willa d'observer la blessure plus précisément. Du sang noirâtre stagnait dans la plaie, empêchant de voir clairement la coupure, mais il était facile d'y distinguer une sorte de tube blanc. Au début, Willa ne comprit pas ce que c'était jusqu'à ce qu'Abby lui dise:

- C'est mon os...

Willa retint durement le haut le cœur qui montait dans sa gorge. Son pouls s'accéléra sous l'effet de la panique alors qu'Abby restait étrangement calme.

- Willa, calme toi ! lui conseilla-t-elle.

Mais la vue de tant de sang rendait floue la vision de l'adolescente. Elle s'écarta de quelques pas de son amie afin de respirer. Une fois gagnée d'un calme approximatif, Willa s'accroupit à côté d'Abby tout en évitant soigneusement de regarder la blessure.

- T'as ton portable ? demanda Willa à Abby.

Celle-ci fouilla dans ses poches à l'aide de son bras valide avant de secouer la tête de gauche à droite.

Le Cycle ÉlémentaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant