┃POV : Akira┃
Tout a commencé hier soir, c'était un vendredi soir quelconque. J'étais à la fois épuisé par ma semaine de cours et soulagé de voir enfin arriver le weekend malgré le nombre incalculable de devoirs à rendre pour la semaine suivante. Oui, à priori, c'était un vendredi banal sur le quai d'une des innombrables stations de métro de Tokyo.
Comme chaque vendredi soir, je me retrouvais là à l'heure de pointe. Le quai était bondé de personnes se bousculant à la hâte. Tout le monde était pressé de renter chez soi, moi y compris.
J'attendais le métro qui m'emmènerait en direction de Shinjuku, en contemplant l'agitation qui m'entourait, jusqu'au moment où quelqu'un me bouscula, me sortant violemment de mes pensées. Vu la force du choc il était certainement arrivé en courant comme toutes ces personnes manquant de peu leur métro. Je me retournai par réflexe et vis qu'il s'était arrêté.
Je connaissais ce garçon, du moins, seulement de vue. Il était dans la même université que moi, on assistait au même cours de sciences, le mardi, je crois. Mais, de lui, je ne connaissais que son nom de famille. Il me semblait que c'était quelque chose comme "Matsumoto". Il paraissait très timide et renfermé sur lui-même, n'allant pas plus que nécessaire vers les autres étudiants. Ce qui expliquait certainement pourquoi il restait là, pétrifié, en face de moi et ne disait rien, bien qu'il avait l'air paniqué et complètement désorienté. À tel point que je voulus le rassurer en lui disant que ce n'était pas grave et que je me doutais bien que ce n'était pas voulu. Mais à l'instant où il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour me répondre, une voix se fit entendre malgré le bruit infernal de la foule se précipitant sur le quai. 《Takanori ! Tu nous quitte déjà ?》, l'interpelé se crispa immédiatement, tout comme moi.
Je reconnaissais cette voix, c'était celle de Yuu Shiroyama. Il était connu dans l'université pour ses excès de violence. Comme toujours, il était accompagné de deux autres gars, tout aussi violent que lui, qui le suivaient n'importe où. J'avais d'ailleurs déjà eu affaire à eux, je ne m'en était pas sortis indemne, ça m'avait valu deux côtes fracturées, pourtant, je savais parfaitement me défendre. Je compris alors pourquoi Takanori avait l'air si paniqué. Il paraissait si petit et si frêle par rapport aux trois autres, qu'il n'aurait aucunes chances de ne pas faire un séjour à l'hôpital.
Shiroyama reprit, en s'adressant à moi sur un ton ironique, 《Tiens ! Salut Akira ! J'ai une discussion à terminer avec ton nouvel ami. Tu permet ?》. Je savais parfaitement ce qu'il entendait par "discussion" mais ce qui m'importait le plus sur l'instant était cette "invitation" à partir. Ce que j'entrepris de faire immédiatement.
En me retournant pour rejoindre mon métro venant d'arriver, j'entendis Takanori prononcer quelque chose tout bas, d'à peine audible, mais je n'y prêtai pas attention car tout ce que je voulais était m'éloigner le plus rapidement possible et rentrer chez moi autrement qu'en fauteuil roulant.C'est seulement maintenant que je comprends que ce qu'il avait tenté de me dire la veille, dans la station de métro, était《Aide-moi》, seulement maintenant que je comprends que j'aurais dû réagir. Seulement maintenant. Maintenant que c'est trop tard et que je me retrouve avec ce journal entre les mains, annonçant en gros titre "un étudiant laissé pour mort sur le quai du métro de Kyôbashi".
Seul le bruit du fracas de ma tasse que j'ai laissée tomber sur le sol vint rompre ce silence lourd. Le choc que je ressent est si fort que je n'arrive plus à dire un mot. Je suis comme paralysé. Même les larmes refusent de couler.
Plus jamais je ne pourrai me regarder dans une glace sans haïr cette personne ignoble et lâche en face de moi. Si j'avais réagi où même simplement appelé à l'aide au lieu de m'enfuir, Takanori serait certainement toujours en vie à l'heure qu'il est. Je ne sais même pas si j'arriverai encore à vivre avec sa mort sur la conscience.
C'est promis Takanori, je te vengerais.
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Terminus
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