[BTS] : "Une vie embaumée. Doux parfum chaleureusement glacé."

♦ Prologue ♦

                  

La boule grandiose de lumière s'apprête à visiter d'autres pays en laissant un ciel flamboyant, ou plutôt un panorama époustouflant. Ce rouge vermeil si inhabituel que parade le firmament chaque journée dégagée de nuées me noue la langue, me laissant béate. Tout être humain doit prendre dix bonnes minutes de sa vie afin d'apprécier ce spectacle offert.
Je m'apprêtais à retourner chez moi après une longue journée de cours et comme d'habitude le coucher du soleil m'avait retardée. Ce n'est point de ma faute si je suis une grande admiratrice de la nature...mais ma mère ne comprend pas du tout ça et n'arrête pas de me répéter que je traine avec quelqu'un. Sûrement mon "petit-ami". Elle me lance des désapprobations à longueur de journée, comme quoi je devrais faire attention plus à ma vie scolaire, qu'à l'amour, parce que les études n'attendent pas.
Ce qui m'énerve en fait ce n'est pas ça ! Ah non. Non non. Du tout. C'est plutôt le fait qu'elle ne me fasse absolument pas confiance qui me démange.
J'ai toujours été seule. Et toujours eu par conséquent le surnom de la "solitaire". Néanmoins je suis sociale. C'est tout paradoxale. Je suis juste un peu trop...Étrange pour me faire des amis. Ou un seul, une seule.
Puis, comme vous l'avez remarqué. Je suis extrêmement bavarde. Ça m'aide, des fois, parfois, mais je dérape toujours et finis par sortir une phrase ou deux, qui métamorphoseront en deux temps trois mouvements l'image que les gens ont bâti de moi. Il faut que j'apprenne à tourner ma langue non pas sept fois dans ma bouche avant de parler, mais plutôt un million de fois. Ça m'évitera des gaffes. Oui, oui.

Le chemin du retour est long, et j'ai déjà mal au jambes. Ma bicyclette refuse d'avancer et je n'ai pas la patience de trouver la source du "problème". Je marche donc, et la nuit ne tarde pas à tomber.
Eh ! Nuit ! Tombe pas maintenant s'il te plait. J'aime le ciel étoilé aussi, mais pas l'absence de lumière quand je suis seule, sur une route, qui est déserte en plus.
Omo...Faut que je me dépêche !

J'ai commencé donc à courir, courir et courir encore, mes mollets s'enflamment et me consument. Mon cartable me fouette le visage, qu'est ce qui m'a prise de ne le porter façon koala ? Je ne pense pas vivre pire à ce moment.
Ah non. J'ai parlé trop vite.
La pluie. Oh que coucou !

Au final. Je suis rentrée chez moi, toute essoufflée, toute exténuée, toute mouillée et toute crasseuse.
Une paire d'yeux noisette me transperça froidement, et me glaça encore plus les membres, et les veines.

–   Que faisais-tu jeune fille ?
–  Je...Le ciel ! Il était beau maman ! Et puis, la pluie...j'ai dû courir ! Et ma bicyclette, bah elle a refusé d'avancer !

Aucune phrase n'est convenable. Aucune. Je m'enfonçais juste dans mon ravin. Bafouiller n'a fait que me jeter à l'eau.
Quand je disais que je devais tourner ma langue un million de fois avant de parler, je ne plaisantais pas...

–  Je veux des excuses mademoiselle. Pas des mots mâchés. Nous nous sommes mises toutes les deux d'accord que dès 19:15 aucune excuse n'est valable.
Mais là, tu rentres à 19:56 sans raison ?

Maman et son sens très précis, très stricte. Du genre "Tu bouges j'te nique, capiche ?" Voyez-vous ?

–  Maman...Tu sais très bien que j'adore le coucher du soleil...Ça m'est difficile de ne pas y assister ! J'ai dû donc y passer un moment avant de me résigner à rentrer, ma bicyclette m'avait lâchée du coup, je me suis retrouvée obligée de faire le chemin à pied, et comme quoi, la pluie n'ai pointée son nez qu'à ce moment-là. J'ai filé à toute allure, j'aurais pu rentrer plus tard maman !
–  Plus tard, je t'aurais pas laisser entrer ma puce. Tu le sais très bien, et moi aussi. Donc tu as bien fait de te dépêcher. Ah et je ne suis pas dupe, ange, c'est pas le coucher du soleil que tu vois, c'est ton "mystérieux" petit-ami. Ce qui est louche, c'est que tu n'as aucune photo de lui, aucun message de lui, tu n'écris rien sur lui dans ton journal intime, tu ne souris pas bêtement quand tu es seule. Tu es une experte pour la discrétion en fait !