Chapitre III

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-Bien sûr.

- Avant cela, j'aurai une question.

- Laquelle ?

- Pourquoi et surtout comment as-tu disparu du monde réel ?

- Tu sais Rémi, dans ce monde, l'esprit est relié au corps mais le corps l'est également.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Tu poses beaucoup trop de questions.

À ces mots, Lucie descend des barreaux et s'approche lentement. Elle pose doucement ses mains sur mes oreilles. Le contact se fait doux et chaud, faisant ainsi frissonner tout mon être.

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J'aperçois une fille sautant tranquillement de bâtiment en bâtiment, l'air jovial illuminant son visage, des cheveux blonds s'élançant à chaque volée. Cette dernière ressemble exactement à Lucie, la similitude est frappante. Le soleil illumine son visage légèrement mat. Sa gaieté se ressent à chacun de ses mouvements. Elle saute comme si la liberté s'offrait à elle. Une liberté...si amère.

Dans un planétarium, une fille, un casque sur la tête, est inconsciente. Des voix graves rugissent à travers la salle.

-Monsieur! Que comptez-vous faire d'elle? Répondez !

Une voix plus reposée et monotone continue la discussion.

-Ce que je compte faire d'elle ? Hmm...elle m'a beaucoup servi.

-Vous savez que vous pouvez tout me dire. Et puis je trouve cela bizarre que Lucie prenne autant de temps.

- Je lui ai dit qu'elle pouvait prendre le temps qu'elle voulait pour tester notre jeu. Cela est en partie grâce à elle et à son imagination qu'il a pu être conçu...

- Mais ?

-...Je ne pense pas qu'il puisse y avoir deux rois pour partager la couronne.

- Que voulez-vous dire par là ? Vous savez très bien que pour déchiffrer vos expressions, je suis bien incompétent.

- Ne fais pas l'idiot, tu sais mieux que quiconque de quoi je parle.

-...

Dans le monde virtuel, cette fillette continue ses envolées. J'ai toujours voulu construire un monde comme cela, où l'on pourrait être libre et pouvoir également punir le mal. Un monde où la justice serait une force. Si ce genre de lieu pouvait exister dans la réalité...qu'est-ce que j'aimerais pouvoir y vivre, dit-elle intérieurement.

S'arrêtant sur ces pensées, elle atterrit sur le toit d'un bâtiment. Bon je pense qu'il est tant de partir, les autres doivent commencer à s'inquiéter, reconnaît la jeune fille sans une once de regret. Puis tout à coup une douleur lui transperce le ventre, la clouant ainsi contre le sol.

Elle se replie sur elle-même puis tente de se relever en vain. Admettant son inefficacité, elle change de position et met ses pieds en tailleurs. Elle se touche le ventre avec précaution mais quelle n'est pas sa surprise en voyant du sang couler sur ses mains. Mais qu'ont-ils fait à mon corps ? se demande-t-elle. Non ne me dites pas qu'ils l'ont...imagine cette dernière, le visage horrifié.

Oubliant sa douleur, transformée maintenant en pure colère ; elle se lève mais retombe, comme aimantée sur le sol. Elle tend ensuite le bras vers une quelconque sortie puis constate que sa vue commence à se brouiller. Elle ne désespère pas pour autant. Bien que ses cinq sens s'évaporent peu à peu, elle continue de pousser sur ses bras.

Quand tout à coup elle sent des chaines s'allonger sur ceux-ci, symbole de la fin d'une si belle liberté. Elle crie, hurle de douleur vers ces chaines qui se resserrent sur son bras puis étant à deux doigts de fermer les yeux, laisse un goût humide perler au coin de sa bouche.

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Je n'arrive pas à y croire. Qu'est-ce que c'était que ces images ? Elles avaient l'air tellement réelles.

- Voici mon histoire. Depuis ce jour, mon âme est à jamais enfermée sur ce toit. Ma prétendue liberté s'est complètement effondrée.

Plongé dans ses yeux, je l'ai vu sous un nouveau jour. Notre proximité me permet juste de voir son visage et le fond de derrière, composé de barreaux et d'un ciel bleu nuit. Son regard est froid. On peut y ressentir une profonde blessure mais également une haine très intense. Une haine d'une telle puissance qu'elle aurait même pu effrayer les ténèbres. D'une voix peu confiante, j'ose rétorquer.

- Alors c'est toi qui m'as emmené ici ?

- Tu étais amené à venir me voir.

- Comment sais-tu qui je suis ?

- Les rêves sont d'une précision sans aucune faille.

- Des rêves ?

- Nous n'avons plus beaucoup de temps. Rémi j'espère qu'en te disant ton passé tu recouvriras complètement la mémoire et que tu pourras te rappeler de ce qui s'est passé après que tu aies mis ce casque. Ainsi je suis sûre que tu pourras plus facilement trouver une solution à tes problèmes.

- Je voudrais bien le savoir moi aussi.

- Oui je comprends donc je vais tout te dire, déjà dans la réalité la fonction que tu occupes est lieu...

BANG !!! Un bruit rugit. Je vois Lucie tomber des barreaux et faire un grand plongeon dans le vide, la tête la première. J'en suis complètement déstabilisé. Mon cœur fracasse tout de l'intérieur. Je tremble de colère. Elle était là, puis a disparu. Retrouvant mes esprits, je positionne mon pistolet vers l'entrée du toit. Étant le lieu donnant un tir optimal pour quiconque voudrait tirer sur nous enfin...sur moi maintenant.

Ainsi je vois une silhouette en sortir, le pistolet en main.

- Il en fallait de peu, ouf heureusement que j'étais là.

- Toi !

À peine ai-je voulu enclencher la détente qu'il me prend au vif et vise mon pied droit. Je tombe parterre, la douleur se fait insupportable. Je sens mon esprit défaillir mais je tiens le coup. Il s'approche. Je peux enfin le distinguer correctement.

Des cheveux marron longent son cou. Une veste sombre, reflétant sa noirceur, enveloppe son torse caché par un tissu marron. Des bottes grises avec le lacet assorti font disparaître ses jambes sous toute cette pénombre et un pantalon cuir essaie tant bien que mal de dissimuler la longueur de ses jambes, mais...le plus effrayant sont ses yeux. Des yeux noirs, d'un noir exposant au grand jour l'étendue de son obscurité.

C'est tout ce que je peux distinguer car ma vue se brouille peu à peu. Il s'approche, mais en y réfléchissant bien ce visage...ne m'est pas inconnu.

-Bon maintenant que la fille est morte il ne me manque plus que toi.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qu'on t'a fait !?

- Rien tu as juste fané. Tu es devenu le mal. C'est trop tard alors...je suis venu te remplacer.

Une Vérité Aussi Nocive Qu'un MensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant