Une Vérité Aussi Nocive Qu'un Mensonge

Chapitre II

Une heure après, l'épisode du restaurant se termine enfin. On est maintenant sur le trottoir en train d'achever sur de quelconques salutations lorsque je propose, de bon cœur bien sûr :

« Si vous voulez je peux vous raccompagner jusqu'à votre voiture.

- Oh quelle amabilité, merci beaucoup jeune policier. »

Maintenant c'est jeune policier...On marche donc jusqu'à sa voiture puis arrivé en face de sa fenêtre, lorsqu'il se prépare à rentrer, je me dis que...c'est l'heure. Je plante derrière son dos mon pistolet et lui ordonne de ne plus bouger. Son regard change brutalement. Combien de fois ai-je vu ce regard ? Un regard plein de haine.

Je recule un peu et me prépare à tirer. Le mieux est de le faire d'un coup. Sans hésitation...BANG !!! J'ai tiré mais je l'ai raté, à la dernière minute il a bougé et court maintenant vers la droite pensant ainsi s'enfuir. Le tir se faire rapide, avec sang froid comme prévu.

Il tombe au sol, ce même sang coulant sur le sol. Je le regarde pendant quelques minutes puis retrouve un visage imperturbable. Je le cache dans un buisson pour éviter que tout cela s'ébruite et me prépare déjà à partir. Cette fois, je rentre dans la voiture puis ferme les yeux. Oui cela est vrai, je suis le bien et eux le mal...Je m'endors donc sur cette pensée.

Arrivé dans un nouveau niveau, je me lève doucement. Je suis dans un bâtiment, Il fait sombre ; sûrement parce qu'il fait déjà nuit. Je regarde par la fenêtre les environs puis constate que la police est dehors. Que se passe t-il dans ce bâtiment ? Je ne peux pas tergiverser plus longtemps car des cris se font entendre :

« AU MON DIEU ! ELLE EST LÀ ! LA VOLEUSE ! LA MEURTRIÈRE ! ELLE EST LÀ ! »

Il me fut donc donné une première information...c'est une fille. Je ne pense pas qu'on m'est envoyé dans ce bâtiment pour rien. Il faut que j'en aie le cœur net. Je cours donc après cette fille. Elle ne s'arrête pas pour autant. On continue de courir toujours tout droit puis je coupe par la droite pour la coincer chose qui, il faut le dire, fut assez corsée à faire.

J'arrive pile à l'heure pour lui barrer le chemin puis la plaque contre le mur. C'est bien elle ma proie, le cercle noir est bien présent. Elle me parle de son air sûrement le plus vicieux :

« De toute façon vous ne pouvez rien me faire ! Vous ne pouvez que m'emmener en prison ! »

Elle me casse déjà les pieds...

« Les policiers, vous me faites bien rire ! Je suis sûre que vous n'avez jamais tué quelqu'un de votre vie !

- Tu devrais faire attention à ce que tu dis...et tu crois vraiment cela ?

- Bien sûr vous n'êtes que des... »

Le pistolet pointé près de son visage, elle fait beaucoup moins la maligne.

« Qu'est-ce que tu fais ? Vous n'avez pas le droit de me tuer !

- Ça aurait été le cas si j'étais un vrai policier ma belle.

- Mais alors...qui es-tu ? Dit-elle le visage apeuré.

- Je ne suis personne dans ce monde. »

Ayant fini ces mots, mon visage s'assombrit. Il est temps d'en finir avant que les vrais policiers n'arrivent. J'approche donc la gâchette de son front puis d'un mouvement vif lui chuchote à l'oreille :

« Tu es juste mal tombée, ne sois pas mauvaise perdante.

- Nonn...nonn...NONNNNNN!!! »

La mort est une chose bien facile à donner mais beaucoup moins à subir. Tu ne peux juste que regarder ton assassin avec haine et dégoût...Je sors du bâtiment et tous les membres de la police me regardent ahuris. Un homme, sûrement le lieutenant, s'avance :

« Où est la meurtrière ?

- Morte. Je n'ai rien pu faire, je suis désolé mais elle était à deux doigts de me tuer. Je n'avais pas d'autres choix que de l'éliminer.

- Je vois, vous avez bien fait. Vous avez été très courageux.

- Ce n'était rien maintenant je voudrai bien vous laisser.

- Oui nous comprenons. Je suis fier qu'il y ait des personnes comme vous dans la police.

- Merci c'est un honneur, bonsoir. »

Je pars donc, m'éloignant peu à peu du lieu du crime enfin...de mon crime. Moi ? Courageux ? S'il savait la vérité il ne penserait pas ça de moi. Je suis même persuadé qu'il aurait les mêmes yeux que mes victimes, des yeux pleins de haine. Il faut que je sorte vite d'ici et que je retrouve cette Lucie...vite.

Après m'être isolé dans un parc, je m'allonge sur un banc pour encore changer de niveau. J'ai l'impression que tout n'est qu'une routine. Changer de niveau, tuer, changer de niveau, tuer. Non je suis le bien et il est de mon devoir d'éliminer le mal. Ils étaient mauvais de toute façon. Oui c'est ça. Je m'évanouis donc allongé sur le banc.

Quand j'ouvre les yeux, je suis sur un toit. Et bien ça change ! Mais le plus choquant est que je ne suis pas seul. Une fille est sur les barreaux qui longent ce toit. Elle s'amuse comme une enfant à avancer, les pieds sur ces barres en métal. Ses cheveux blonds volant au vent. Ses yeux verts s'assombrissant aux éclats de la lune, créant ainsi une similitude avec le bleu. Son corps fin mais habile comme un chat. Ce chat, les vêtements au vent, donne vraiment l'impression de voler.

Pourtant tout ça est assez dangereux, je me permets donc de la prévenir :

« Hé toi! Fais attention tu vas tomber !

- Ne t'inquiète pas et puis je t'attendais...Rémi. »

Pris d'un réflexe, je dégaine rapidement mon pistolet.

« Comment connais-tu mon nom ? Qui es-tu ?

- Si tu veux savoir mon nom je vais te le dire, je m'appelle...Lucie. »

Lucie...non ce n'est pas vrai ! À ce moment précis, un vent glacial nous encercle peu à peu. Ses cheveux bouclés virevoltent à travers le vent.

« Lucie c'est toi ? Sais-tu depuis combien de temps je te cherche ?

- Oui je sais mais je suis là pour te dire qui tu es puisque tu as perdu la mémoire.

- Dans la vie réelle ?

- Non dans une deuxième dimension, ironisa-t-elle, le sourire au lèvre. Ils ont voulu t'enlever tes souvenirs pour que tu oublies tout ce qui en rapport avec eux et que tu te raccroches sur tes deux missions. Cependant si tu continues comme ça, tu vas te perdre toi-même et tu ne te reconnaîtras plus jamais.

- Mais alors...tu sais qui je suis ?