Chapitre 1

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Ecrire pour me sentir mieux... C'est ce que m'a conseillé la psychologue au collège, car je refuse de me confier à qui que ce soit. Je ne suis pas certaine de l'efficacité de cette démarche mais je n'ai désormais plus rien à perdre si ce n'est que du peu de temps qu'il me reste. Depuis 5 ans je ne ressens absolument plus rien. Je me sens vide et sans but précis. Je n'ai même plus assez de larmes pour pleurer sur le sort qui m'a été destiné. La petite fille souriante de 10 ans a été contrainte d'être remplacée par une adolescente triste et malheureuse. Je n'ai personne avec qui parler et me renferme sur moi-même. Tout un petit monde s'est bâti autour de moi ; mon monde à moi. Je vivais désormais pour la musique, les livres, l'espoir d'un jour voir ma maman heureuse, que ce cauchemar s'arrête un jour. Mais comme on dit, l'espoir fait vivre. Je ne sors plus, je ne vois même plus le peu d'amis qu'il me reste, je suis là, chez moi, à attendre que le temps passe et que la roue tourne sur quelqu'un d'autre en attendant de mourir un petit peu plus chaque jour.

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Nous avions passé un merveilleux après-midi d'été en allant se balader à vélo avec ma grande soeur Eva à travers les petits coins tranquilles de mon quartier. Nous avions apprécié ces petits endroits tranquilles, isolés et habités par la nature. Le ciel était si bleu ce jour-là. On entendait les oiseaux chanter et les enfants du square rire à gorge déployée. C'était si agréable. Je me souviens des rayons chauds du soleil sur ma peau et l'air chaud qui nous caressait le visage. Nous passions nos journées dehors, à profiter du beau temps avant la rentrée scolaire qui approchait à grand pas. Nous décidions de rentrer de notre fatiguante promenade, ma soeur et moi. En pénétrant dans le séjour de l'appartement de ma mère, nous entendions de gros ronflements. Ma mère s'était assoupie sur le divan, la bouche ouverte. L'appartement était en désordre, on aurait presque cru à un cambriolage. La table basse était envahie de bouteilles et était collante. Je m'approchais de ma mère, alors qu'une odeur forte et amère se répandait dans mes narines, je la vis, affalée. Je l'ai alors secouée dans l'espoir de la réveiller.

"Maman, maman! Est-ce que ça va? Pourquoi tu ne me réponds pas? Réveilles-toi!"

Aucune réponse, elle ouvrit les yeux, essayant de toutes ses forces de les garder ouverts. J'étais inquiète pour elle, étant donné que je ne l'avais jamais vue dans une telle situation. Ma soeur s'approchait de la table basse, puis dit :


"Charlotte, elle va bien mais ne la réveille pas. Maman est épuisée, elle a dû passer une dure journée. Viens, on va dans ma chambre."

Ma soeur avait très bien compris ce qu'il se passait mais essayait de ne pas m'effrayer en me mentant. Eva avait commencé à barricader la porte de sa chambre avec des chaises. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi.

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Nous nous sommes réveillées en sursaut à cause d'un énorme bruit qui était venu pertuber notre sommeil. Je m'étais levé d'une traite et étais allée voir d'où venait toute cette agitation. Cela venait du couloir. Ma mère était bel et bien réveillée cette fois. Elle était nue, et ne marchait pas vraiment droit. Elle me faisait peur. Elle m'avait vue, effrayée et les larmes aux yeux. Elle essaya de se rapprocher de moi, manquant de glisser sur le tas de vêtements qui jonchaient le sol.

"Pourquooooi tu pleures?" dit-elle d'une manière inhabituelle.

Je m'étais mise à pleurer et ma soeur me tirait à l'intérieur sa chambre, tout en prenant le soin de barrer l'accès à l'extérieur de la pièce. Ma mère frappait de toutes ses forces en nous demandant de lui ouvrir, dans le but de nous donner notre bisou du soir.

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Je me réveillai en panique, regardant partout autour de moi. Ma soeur était visiblement resté éveillée toute la nuit. Elle a avait de petits yeux rouges, ce dimanche matin.

"Charlotte, j'ai appelé papa, on doit partir maintenant, vas faire tes affaires.

-Mais et maman?"

Aucune réponse de sa part. Elle me regardait d'un air désespéré et j'ai compris que je devais m'exécuter sans râler. Je sortais de la chambre de mon aînée. Pas de signe de maman. Elle doit sûrement être encore en train de dormir. J'avais un mauvais pressentiment. C'est avec une boule au ventre et les larmes aux yeux que je faisais un sac d'affaires. Ma soeur entra dans ma chambre en me demandant si j'étais prête à partir pour prendre le bus.

"Je veux pas la laisser toute seule et l'abandonner.

-...Le bus passe dans 5 minutes, dépêches-toi."

Sa réponse me déchirait le coeur. En empruntant le couloir, j'appercevis furtivement un énorme bazar, puis nous partîmes à l'arrêt de bus.

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En nous voyant arriver, mon père nous pris dans ses bras comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Mon père n'était pas du genre à montrer ses sentiments affectifs envers nous, même si on savait qu'il nous aimait. J'ai pu voir de l'inquiétude à travers ses yeux bleus. Alors que j'entrais dans le salon, j'entendais mon père et ma belle-mère discuter depuis la cuisine.

Je ne savais vraiment pas ce qui se passait mais j'étais loin d'imaginer la suite.


Work hard, dream big.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant