Chapitre 4

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- Bon sang, qu'est-ce que tu fous à l'université?

- J'y suis étudiante je te rappelle.

- Merci j'avais compris, ironisa-t-il. Tu n'es pas censée être à l'hôpital ?

- Eh bien écoute, la prochaine fois, tu accroches un beau et grand panneau à l'entrée, qui dirait quelque chose du style Faites demi tour, l'URS est là. Et là je te promets, je saisirai le message.

Elle n'avait pas prévu que sa voix se fasse si cinglante, ni qu'ils se retrouvent à une proximité si dérangeante l'un de l'autre, mais son ton moralisateur l'agaçait prodigieusement. Elle n'était pas une enfant, et elle ne se jetait pas consciemment dans la gueule du loup.

Elle se recula, soudain embarrassée de pouvoir sentir son souffle contre sa joue, et incapable de faire face à la tension qui devenait palpable entre eux.

Le professeur ferma brièvement les yeux en soupirant.

- Désolé, je ne voulais pas... l'après-midi a été un peu tendue.

- Explique-moi, souffla Gaby d'une voix radoucie. J'ai besoin de comprendre.

Elle le vit serrer les mâchoires tandis que ses yeux prenaient une couleur noire irisée encore plus sombre qu'à leur habitude.

- Pas ici Gabrielle, murmura-t-il.

Elle n'aimait définitivement pas l'entendre prononcer son prénom de cette façon. Le professeur qu'elle était censée détester. Pourquoi l'idée sonnait creux dans sa tête tout à coup ?

Elle rougit en essayant de stopper le fil de ses pensées. Elle ne devait pas occulter son pouvoir intrusif. Et elle tenait à se protéger un minimum.

- Alors où ?

Il sembla hésiter un long moment, avant de se décider à bouger. Il saisit une feuille et un stylo.

- Je finis dans une heure, rejoins-moi là, lui indiqua-t-il en lui tendant la feuille.

Gaby la saisit du bout des doigts et fixa ce qu'il avait écrit, sans trop savoir quoi en penser.

- C'est mon adresse, pas question de discuter de ça en public, précisa Matthew.

Elle s'attendait à un roulement d'yeux spectaculaire, mais en fait il avait juste l'air fatigué et résigné.

La jeune fille se refusa de réfléchir à voix haute sur le pourquoi du comment elle se retrouverait chez son professeur ce soir. Elle se contenta de hocher la tête, puis de sortir docilement de la pièce.

Arrivée sur le seuil de la porte, elle se retourna vers Matthew.

- Merci. Je ne sais pas vraiment de quoi tu m'as protégée mais... merci.

Elle quitta son bureau après avoir entraperçu un léger sourire sur son visage, qu'elle trouva plus sincère que tous leurs échanges récents mais elle ne souhaitait pas s'y attarder.

Dehors l'orage avait fini par s'imposer et le ciel grondait de façon menaçante. Gabrielle parcourut le parking à la hâte, mais pas assez vite encore.

Elle entra dans sa voiture les vêtements trempés par l'orage déchaîné.

Manifestement, la météo semblait s'accorder avec l'humeur de la journée.

Arrivée à Lake Road, elle coupa le moteur et s'observa dans le rétroviseur.

Les boucles blondes plaquées par la pluie et les cernes qui se dessinaient sous ses yeux rendaient son visage pâle plus hagard que jamais.

Déviants (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant