Chapitre 8 (Partie 2)

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Une fois seule avec Julia, Gaby eut une énorme envie de s'écrouler. Toujours en mode automate, elle saisit la valise de son amie et lui fit signe de la suivre.

- Voici ta chambre, et la salle de bain est juste à côté. Essaie de te reposer un peu. Ma chambre est juste en face de la tienne. Viens m'y rejoindre quand tu es réveillée d'accord ?

- D'accord. Attends Gaby ... Juste... Merci.

- Avec plaisir, lui répondit-elle en posant la main sur son bras.

La jeune fille traversa le couloir et s'effondra littéralement sur son lit, refusant de s'appesantir sur les évènements des dernières vingt-quatre heures.

A peine avait-elle clos les paupières que le sommeil s'empara d'elle, pour son plus grand plaisir.

Seulement il ne fut pas vraiment de tout repos et, lorsqu'elle se réveilla, elle ne se sentait pas vraiment reposée, consciente d'avoir passé ces deux heures de sommeil à s'agiter, sans se rappeler de ses rêves.

Ou plutôt cauchemars, ce qui était très inhabituel pour elle.

Elle plongea avec délice sous l'eau fumante de la douche, décidée à chasser non seulement la fatigue, mais aussi toutes les tensions qu'elle avait pu ressentir.

L'eau chaude ruisselant sur son corps eut l'effet escompté, elle se détendit presque instantanément.

Elle savait qu'elle y avait passé sans doute un petit peu trop de temps, mais elle sortit de la douche revigorée. Elle enfila un vieux jean et un t-shirt noir trop grand, et se dirigea vers la chambre d'amis.

Elle tendit l'oreille, curieuse de deviner si Julia était réveillée, avant de descendre.

Après tout, ce qu'elle avait vécu était sans nul doute plus intense que son propre ressenti des évènements, et Julia avait besoin de dormir. Peut-être même de se retrouver un peu seule.

Il était plus de quinze heures et Gaby s'aperçut qu'elle n'avait rien avalé depuis le matin.

Elle entrouvrit le frigo et regarda son contenu d'un air dubitatif. Rien ne lui paraissait alléchant. Elle se contenta de saisir le beurre et le jambon, puis fit griller du pain. Dans tous les cas, elles ne devaient pas se laisser dépérir. Elle confectionna deux club sandwichs et s'apprêtait à mordre dans le sien lorsque ses yeux rencontrèrent ceux de Julia, qui descendait doucement les escaliers.

- Hey, tu as faim ? Il n'y a pas grand-chose mais j'ai préparé des sandwichs. Jambon beurre, ça te va ?

- Parfait. Merci.

Contre toute attente, Julia semblait bien plus décontractée qu'à son arrivée à la maison. Même plus détendue que Gaby elle-même.

Elles mangèrent leur semblant de repas en silence, bien que Gaby ne puisse occulter toutes les questions qui lui trottaient dans la tête.

- Tu vas m'expliquer maintenant ? lui demanda-t-elle à bout de patience, lorsqu'il ne resta pas une miette des deux sandwichs.

Julia soupira lourdement, avant de lui sourire.

- Je ne vais évidemment pas te laisser dans le flou. J'ai juste un peu de mal à savoir par où commencer.

- Et si tu commençais par le début ?

- Ah Ah, quel humour Gaby ! lui répondit-elle en roulant des yeux.

Depuis qu'elle l'avait réellement rencontrée, c'était bien le premier instant où elle retrouvait son amie.

- Bon. Comme tu le sais, je bossais hier, mon service prenait fin à vingt-deux heures. On a été appelés sur une affaire vers vingt heures, autant te dire que personne n'était jouasse. Soi-disant une histoire de cambriolage qui aurait mal tourné, avec échange de coups de feux. Bref, on est arrivés sur les lieux vers 20h30. On a mis en place un périmètre de sécurité parce qu'un gars était allongé par terre. Mort par balle. Le temps d'éloigner la foule des curieux et d'enfiler les gants, je me suis approchée et mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai tout de suite vu que c'était un gars de l'URS.

Déviants (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant