Chapitre 18 (R)

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KAYNA




Maintenant une semaine que je suis en total automate. Je ne parle à personne, je reste enfermé toute la journée dans ma chambre si ce n'est que pour chercher à manger.

Même le lycée j'y allais plus, rien que de penser à l'idée de me retrouver à nouveau entourer de tout ce monde me donne la gerbe.

C'est comme si toute ma ""sociabilité"" était arriver à son paroxysme. Mon être ne supportait plus de voir quiconque. 

Je suis vraiment une personne étrange.

Plus d'une cinquantaine de messages de la part de Farah ou de Zohra. Elles doivent vachement s'inquiéter les pauvres.

Durant cette semaine de confinement, une idée n'a pas arrêter de me titiller l'esprit...

J'enfile mes chaussons déterminer à parler avec Malik, j'entre dans son bureau après avoir eu son approbation.

Malik: Kay ! Tu vas un peu mieux ?

Moi : J'aimerais te parler de quelque chose.

Il tire une dernière taffe de sa cigarette avant de l'écraser dans le cendrier.

Malik: Dis-moi.

Moi: Je veux retourner à l'orphelinat.

Son visage se décompose littéralement suite à ma déclaration.

Malik: Pardon ? Non ! Jamais ! Pourquoi déjà ?!

Moi: J'ai plus envie de rester ici.

Malik: Mais Kayna non, que-ce qu'il s'est passer ? Quelqu'un t'as fait du mal ?

Ses yeux rougissaient de plus en plus.

Moi: Non. C'est juste que j'en ai un peu marre d'avoir constamment l'impression de me forcer. Et puis t'es jamais là. Sans vouloir t'offenser, j'vois pas l'utilité de mon adoption si t'es quasiment inexistant dans ma vie.

Malik: Mais tu ne manque de rien ici !

Toujours et encore le matériel.

Moi: Mais tu comprends absolument rien ! Ce n'est pas avec des paires de Nike que tu vas acheter ta présence Malik !

C'est bel et bien la première fois que j'hausse la voix sur lui.

Malik: Je...

Totalement déboussolé, Malik se retrouve dans l'incapacité de répondre. Sans rajouter quoi que ce soit, je retourne m'enfermer  dans ma chambre.


MALIK



Je me sens tellement... Mal, coupable, misérable.

Comment j'ai pu être aussi négligeant ? Avant l'adoption je lui ai promis d'être présent pour elle, compréhensif en vu de sa personnalité pas commune.

Et après quelques mois, je n'avais remplis aucun de mes devoirs de père. Que du matériel, je pensais peu être que la couvrir de vêtements et d'argent allait suffire, mais c'est beaucoup plus que ça être parent. Quand elle m'a dit qu'elle voulait retourner à l'orphelinat, ça m'a fait comme un électrochoc.

Au lieu d'avancer ensemble, comme prévu, on a juste fait du surplace. J'ai cru que je pouvais la rendre sociable et extraverti en quelques mois alors que ce n'est pas elle. Sabine m'avait pourtant prévenu que quelque chose clochait ces derniers temps mais j'ai préféré faire l'ignorant.

Me voila face aux retombées...





  KAYNA



" J'me tire, me demande pas pourquoi j'suis parti sans motif
Parfois je sens mon cœur qui s'endurcit
C'est triste à dire mais plus rien n'm'attriste
Laisse-moi partir loin d'ici
Pour garder l'sourire, je me disais qu'y'a pire ....".

C'est cliché et assez fleur bleu. Mais ce paragraphe résume un peu prés ce que je ressens depuis une semaine. Mon espèce de mutisme a toujours été vu péjorativement, que ce soit par les profs à l'orphelinat ou même par les quelques personnes qui ont tenté de m'adopter étant plus jeune.

A chaque fois j'entendais le même discours, ce discours faisant office de "disclaimer" auprès des gens : "Elle est assez renfermée sur elle-même, elle parle pas beaucoup." " Elle est associable " "Elle est assez spéciale" "Elle est pas normal".

Au début je comprenais pas pourquoi on parlait comme ça de moi. J'avais quand même droit de ne pas trop parler sans pour autant " ne pas aimer les gens" comme ils l'ont tant de fois répéter. Puis vers mes dix-onze ans j'ai commencé à comprendre les choses. Ce n'était pas forcément moi le problème, non, c'était juste que personne n'a la même définition du mot "Normal". C'est quoi être "normal" ? C'est quoi la normalité ? J'en suis venu à une conclusion : Chacun a sa définition de la normalité donc je suis normal à ma façon. Même si je n'entrais pas dans leurs normes.

Je n'ai pas apprécier la manière dont ils m'ont négliger sous prétexte que je ne parler pas beaucoup. C'est pas comme si je restais en boule dans un coin. Non, il m'arrivais même souvent  de me mélanger aux autres enfants, c'est juste que je ne pipais pas un mot. Je n'ai jamais vraiment aimer parler et c'est comme ça. Pourquoi essayer de me changer ? Enfin Bref.

Je ne sais plus vraiment où j'en suis mais... La nuit porte conseille parait-il.



K A Y (EN RÉÉCRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant