Texte n°3

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Texte n°3 - Montagnes russes
(Ou 1er essai à la poésie en prose : pas très sûr que ce soit réussi)

L'amour est un manège.

Il fait battre mon coeur, il le fait exploser, il me donne la nausée. J'ai la migraine mais j'ai aussi le sourire. Je hurle, c'est de joie et de mal-être. Je frisonne, souvent, de peur de te perdre et par plaisir de m'imaginer découvrir ton corps et te laisser explorer le mien. Je suis ivre de bonheur et pourtant j'ai un goût éternellement amer dans la bouche, et beaucoup de remontées d'acide dans l'oesophage. C'est ma bile noire qui s'exprime, j'attends la tendresse de ma mélancolie, mes quatre humeurs s'agitent en moi.

Ce sont les montagnes russes.

Je vais vomir dans cinq minutes. Vomir quelques mots doux, cracher quelques larmes.

Je cherche un sens. Mais il n'y en a pas.
Il n'y en a jamais.

Alors je dois l'inventer.

Mais ce message, s'il était transmis, serait si laid, les idées si confuses et les mots balancés un peu partout, que toute la terre pleurerait le décès de ma raison.

Mais, ah ! Hélas ! C'est déjà bien trop tard. Car j'ai déjà perdu la raison. Déjà, déjà... Tu m'as déjà changée, tu es déjà parti, tout est déjà fini et le "nous" déjà révolu. C'est toi et moi. Toi qui (te) réfléchis aux choses, moi qui me réfracte quelque part.

Lumières fugaces, rayons qui se sont séparés : cette rencontre était un incident, de toute façon.

Qu'est-ce que je devrais te dire ? Je ne sais pas. Que je t'aime ? Cela ne servirait à rien, l'effet que ces mots avaient sur toi s'est estompé. Il ne reste que moi qui ai compris à coup de larmes que je t'aimais vraiment. Je t'ai aimé trop vite. Il est sûrement normal que la blessure soit arrivée tout aussi rapidement.
Je chute en fait, je tombe, je tombe amoureuse, c'est littéral, j'ai sombré dans ses dégâts ; et le ciel étoilé a l'air d'un désastre et demain le soleil sera une menace.

Mais assez parlé de moi. Tout ne tourne pas autour de toi.
Je me demande comment les gens souffrent. Comment ils me voient. Heureusement que je n'ai parlé de toi qu'à moitié et en sélectionnant tout, je ne peux imaginer certaines réactions. Cette brève et morne histoire était tellement une folie.

Je croyais que mon amour était une illusion que je m'étais créée. Mais la vraie chimère, c'était l'affection que tu me portais. J'aurais dû le savoir, pourtant. C'était trop beau, c'était trop fou, j'étais trop heureuse. Ce n'est pas fait pour moi, ces trucs-là. J'étais faite pour être une héroïne tragique, moi, une nouvelle Chimène, mieux encore une nouvelle Infante : je suis une experte du désamour, des concessions faites pour les autres et de la perte, et je n'ai que ma fierté, ma dignité pour me consoler. Et même cela, c'est du mensonge, en vérité.

De ton côté rien n'est gravé dans le marbre. Cependant, moi, j'admets déjà ma défaire prochaine. Ceci est inéluctable : je ne suis pas faite pour être aimée. Que tu me reviennes ou pas, mes doutes et ma haine de moi-même seront toujours là.
Ça ne fait que quelques heures que tu m'as heurtée sans le vouloir. J'ai beaucoup pleuré, mais tu ne le sauras jamais : rien n'est pire que d'admettre ma douleur. Je préfère me voiler la face, m'aveugler et me croire invincible.

Tu ne verras jamais cette page, tu ne liras jamais ces mots, tu ne devineras jamais cette douleur qui m'apaise et cette douceur qui me tue.

Tu me prendrais pour une folle. Ou pas. Tu aurais un sourire triste, tu aurais pitié. Et je n'ai guère besoin d'un amour donné par charité. Comment tout cela a-t-il pu arriver, bon sang ?

Je souhaite aimer, je souhaite t'aimer, je souhaite qu'on m'aime, je souhaite que tu m'aimes.
Trop de nuances incompréhensibles.

Je me sens si peu en sécurité. Je sais que je vais me faire du mal, je sais qu'une partie de moi veut m'éclater le visage. Tu n'es que toi, qu'un être, qu'un amour bref, mais tu as réveillé mes maux, mon inutilité me suffoque. Tu ne m'as pas faite de mal. Tu ne m'en feras probablement jamais.

C'est moi.
C'est moi qui ai été imprudente. C'est moi qui ai fait ce manège, sans attacher ma ceinture. Et à force, à cause de l'inattention, j'ai fini par avoir un accident. Maintenant je suis une gueule cassée, la petite bulle de mon bonheur éphémère m'a éclatée au visage telle un énorme obus. Je me suis crashée sur le sol, voilà tout.

 Je me suis crashée sur le sol, voilà tout

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