Texte n°8

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Texte n°8 - Occasion ratée
(Ni de la poésie en prose, ni en vers, ni une nouvelle, rien du tout. Juste moi qui me plains.)

L'amertume. C'est tout ce qui me reste. Le goût ne quitte pas ma bouche. Il ne part pas. Et je peux la laver autant que je veux, laver mon corps et mon coeur tout entiers, l'amertume est toujours là partout. Et je souris, mes lèvres créent un rictus triste, mélancolique, presque cruel. Cruel envers la vie. C'est une expression qui montre que j'ai envie d'haïr la vie, actuellement.

J'avais touché quelque chose d'exceptionnel du bout des doigts mais je me suis éloignée. J'étais enfin plongée dans un rêve, mais on m'a violemment réveillée.
J'avais atteint l'idéal mais il s'est échappé.

Tout cela pour dire que toute cette histoire était une occasion ratée, une courte période totalement brisée. Je veux posséder ce qui m'est à présent inaccessible. Je le veux, je le veux tellement. Je le veux tant que j'en pleure parfois.

Je veux tout savoir. Le bon, le mauvais. Je veux te connaître. Je veux être ton soutien. La personne que tu auras envie d'appeler à n'importe quelle heure pour lui dire ce qui ne va pas, que tu vas mal. Je veux être celle qui te réconforte, celle qui te fait rire, celle qui t'harcèle, celle à qui tu penses tard le soir, celle à qui tu oublies d'offrir des fleurs, celle à qui tu t'excuses et que tu pardonnes aussi, parce que je ne suis pas parfaite non plus. Je veux que tu me câlines, que tu me dises que tout n'ira peut-être pas toujours à merveille mais qu'au moins on sera ensemble dans tous ces moments difficiles. Je veux que tu me dises qu'il y a d'énormes chances que je ne sois pas la plus belle fille au monde - de toute manière je sais que je suis laide - mais que je serais toujours la plus belle à tes yeux, parce que je suis celle que tu aimes comme tu n'as jamais aimé auparavant. Je veux te faire renaître, je veux profiter de ta chaleur, je veux te faire des blagues, te faire des clins d'oeil, t'embrasser jusqu'à en être étouffée, te toucher partout, te crier dessus quand tu es bête, m'assurer que tu vas bien, te forcer à dormir, et dormir avec toi d'ailleurs, regarder des films d'horreur avec toi et détourner la tête et que tu te mettes à rire en voyant à quel point je peux être peureuse. Je veux être courageuse pour toi. Je veux savoir que je peux tout te dire. Toutes ces choses que je cache au monde entier, parce que je ne sais jamais à qui je peux réellement faire confiance. Je veux savoir que tu seras là pendant longtemps, pour toujours si possible.

La nuit, je regarde la nuit et j'imagine que tu m'aimes. Je me demande ce que ça fait. Puis je réalise que je serais sûrement choquée, si jamais tu venais à me vouloir comme moi je te veux. Parce que pour moi je suis toujours celle qui adore en silence. Et c'est vrai. Que quelqu'un puisse m'apprécier me semble irréel. Alors que ce "quelqu'un" soit toi... Tout bonnement impossible.

Et ça m'énerve, ça m'énerve. Pourquoi je n'y ai pas droit ? Pourquoi suis-je comme je suis ? Pourquoi es-tu si loin ? Inaccessible, toujours plus éloigné, toujours plus insouciant.

Je sais que tu te moques de moi. Que je suis là et que ça te distrait un peu, mais pas plus que ça. Je sais que si je venais à disparaître, tu continuerais à vivre comme avant.

Il y a tout une partie de toi à laquelle je n'aurais jamais accès. Et il y a tellement, tellement de choses que j'aurais voulu te donner. Je voulais parler de toi à ma mère, je voulais sortir avec toi, aller partout, regarder les étoiles avec toi, te donner mon premier baiser et ma virginité, prendre tes photos de toi avec mon petit frère parce que vous êtes les deux personnes que j'adore le plus, te présenter à mes meilleures amies, leur empêcher de te critiquer, chanter avec toi, t'écrire des poèmes et te les montrer et qu'on en rigole ensemble...

Je voulais me donner à toi. Et tu ne m'aurais pas. Et ça me rend tellement triste.

***

Hier. Hier, on a discuté de tes rêves. On a parlé du futur. Et tu étais... J'avais envie de te prendre dans mes bras, de t'embrasser, encore et encore. J'étais encore une fois en train de tomber amoureuse de toi.
Je ne t'ai jamais vu bordel. Pas une fois. Et je t'aime pourtant. Comme c'est étrange. Je suis tombée amoureuse des détails. Je suis tombée amoureuse de tes smileys. De tes gentillesses. Des quelques petites fautes que tu fais quand tu écris et que je ne corrige pas parce que ce ne sont pas des fautes graves, et que c'est aussi souvent des fautes de frappe. Des points de suspension que tu utilises quand tu es troublé, que tu as une réaction surprise devant ton écran et que je ne peux pas la voir, ou quand tu veux dire quelque chose mais que tu n'oses pas le faire. De tes compliments. De ta fragilité. Tu es fort, je le sais que tu l'es, physiquement, intérieurement. Mais tu es fragile aussi. Tu as un poids sur tes épaules que tu te mets tout seul, et qui te fait du mal. Tu as des peurs. J'ai envie de toutes les effacer. De te dire que je suis là, que ça va aller. Tu es tellement attendrissant dans ces moments-là. Tu ne t'en rends même pas compte. Et tu me fais tellement sourire, tout le temps. Et quand je te parle, à chaque fois que je reçois tes messages, je n'ai pas les papillons dans le ventre. Je n'ai pas non plus le coeur qui bat la chamade.
J'ai un sourire aux lèvres, et j'ai mal parce que tu me plais tellement que j'en ai le souffle coupé, et je peux te jurer sans mentir que mon coeur s'arrête. Il loupe quelques battements. Et il repart. Dans quelques minutes il s'arrêtera encore.

Oui, j'aime aussi ton physique. Ce n'était pas le cas au début. Je t'ai vraiment liké sur cette application que je ne nommerai point distraitement, parce que tu avais Harry Potter dans tes intérêts. J'ai aimé ton physique après. Après que je sois déjà attachée à toi. J'ai aimé tes lunettes mal choisies, ton expression candide, tes yeux bleus plissés un peu douloureusement, ton sourire et mon dieu, ta fossette au menton... Je pourrais passer des heures à en parler.
Mais ce physique, c'est juste un bonus. Mais j'ai vraiment envie de le voir en vrai, de me faire frapper par sa beauté, t'effleurer ta main, sentir ton odeur, m'accrocher à ton T-shirt, t'en voler un, m'endormir avec le soir.

Et ça n'arrivera jamais. Triste sort, triste, morne vie.

Je me lève le matin et je pense à toi. Je me couche et je me demande ce que ça fait si tu m'aimais. Je m'imagine notre première rencontre, notre premier baiser, et plein d'autres choses encore. J'imagine tout ce qu'on pourrait vivre.

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