Chapitre III
Montluçon, de nos jours.
La lumière blafarde de la lune éclairait une chambre à la décoration féminine et laissait entrevoir un couple s'affairant sur le lit à barreaux.
La veine palpitait sous les lèvres du vampire, fébrile et envoûtante. La peau tendre céda sous la pression de ses canines. Puis, le liquide vermeil, chaud et savoureux, inonda sa bouche. Il resserra son étreinte, et l'humaine gémit dans ses bras. Il comprima la chair douce du cou et but goulûment. Cathal s'abandonna aux sensations que la morsure produisit. Il ferma les yeux d'aise. Le sang au contact de la salive de la créature fit son effet en quelques secondes. Telle une drogue, il pénétra chaque fibre de son corps, se propagea le long de chaque nerf. Le feu délicieux provoqua une montée d'adrénaline et de testostérone. Les bienfaits de l'apport ne tardèrent pas à se manifester. Son cœur accéléra, il sentit alors ses forces se décupler, ses sens s'aiguiser tout comme sa verge durcir davantage. Cathal donna un coup de reins brusque à sa partenaire d'une nuit. La femme se cambra de plaisir sous la violence du geste. À peine avait-il léché lentement la plaie pour qu'elle se referme, qu'il reprit ses va-et-vient avec frénésie. Son amante cria sous ses assauts. Il avait faim de sexe et n'allait pas s'en priver, après tout, elle l'avait emmené dans son appartement pour cela.
Une fois repu, le vampire se leva, s'habilla, déposa un billet de deux cents euros sur la table de nuit et partit sans un regard pour la femme endormie. Le soleil était déjà haut dans le ciel depuis quelques heures et avait réchauffé l'intérieur de sa voiture. Après une vingtaine de minutes, Cathal s'engagea dans le sentier menant à sa demeure. La bâtisse, un corps de ferme restauré, était nichée dans une clairière entourée de forêt. La grille automatique s'ouvrit et se referma derrière son véhicule. Les rayons de l'astre du jour nimbaient d'or et de rose l'ancienne maison de grès et de granit.
Il posa les clefs sur la console en verre de l'entrée et monta vers la salle de bains attenante à sa chambre. L'eau tiède coula sur sa peau, qu'il frictionna pour en faire partir l'odeur déposée par la femme. À chacun de ses mouvements, ses muscles saillaient, les entrelacs de ses tatouages celtiques ondulaient. Quand il sortit de la douche, le gel avait laissé sur lui un soupçon de parfum de santal. Ses pieds humides tracèrent de légères empreintes sur le sol de marbre bleuté. Il redescendit et s'installa dans un des confortables fauteuils de cuir blanc du salon. Cathal secoua ses longs cheveux de jais et étendit ses grandes jambes. Il saisit la télécommande de la chaîne hi-fi restée sur l'accoudoir et mit l'appareil en marche. Son album préféré était encore dans le chargeur. Les premiers accords de A Surbur To Hell de Thérion se firent entendre. Il ferma les yeux et se laissa emporter par la mélodie gutturale. Une fois la chanson achevée, il déplia sa haute silhouette et regagna son lit de bois sombre. Il se glissa sous les draps de satin noir et ne tarda pas à trouver le sommeil.
Quelques heures plus tard, il ouvrit les yeux et s'étira tel un fauve. Un sourire se dessina sur son visage anguleux, Cathal était satisfait de sa nuit. Il n'aurait pas besoin de sang avant au moins une dizaine de jours et la femme avait contenté sa libido. Il se leva, tira les rideaux de velours pourpres et observa le jardin en contrebas. Il admira la roseraie où croissaient de nombreuses fleurs odorantes. La piscine scintillait sous la lumière solaire, il descendit vêtu de son plus simple appareil et plongea dans l'onde tiède. Après plusieurs brassées, il en sortit le corps ruisselant et alla cueillir quelques roses, dont il huma le parfum avec délectation. L'un des plaisirs du vampire était de voir ses fleurs s'épanouir et embaumer son jardin.
Une fois son rapide repas avalé, Cathal se dirigea vers l'une des dépendances où une salle d'entraînement avait été aménagée. Dès qu'il le pouvait, le guerrier s'exerçait tant au combat à l'épée qu'aux nombreux arts martiaux qu'il maîtrisait. Les murs de la pièce étaient soit recouverts de multiples armes blanches, et de tout ce qui pouvait être utile pour tuer, soit d'espaliers. Le mannequin d'entraînement subit ses violents assauts. De tous les arts, Cathal préférait le maniement des lames quelles qu'elles fussent. Après plus de deux heures d'activités physiques, il s'assit le dos contre la paroi et laissa aller sa tête contre un pilier de bois où était accrochée la seule décoration de la salle : un tableau représentant un chevalier en armure qu'un de ses clients avait peint pour lui. L'Orgharr se remémora un bref instant la manière dont il était devenu ce guerrier craint de tous.
Que les années avaient été dures pour moi dans cette citadelle perdue dans le désert perse après un long voyage depuis le Pays de Galle où vivait le prince des ichoriens. Je me souviens encore de mon arrivée chez les sotrans7, présenté par Arawn. Le seigneur sotran m'avait toisé avec mépris malgré l'amitié que me portait le fils d'Edern. J'avais appris par la suite qu'il vouait une profonde aversion pour notre prince à tous. J'avais été traité comme un animal, mais voyant que je ne me plaignais jamais, il s'était intéressé à moi. Des heures et des heures, j'avais subi leurs entraînements aux différentes armes, aux diverses techniques, à parfaire tous mes talents vampiriques. Tout ce que je ne savais pas, et j'ignorais tant de choses, m'y avait été enseigné, jusqu'à ce que je devienne moi-même l'arme la plus mortelle. J'avais même eu l'occasion de perfectionner ma science de la forge et avais appris à confectionner des épées, des poignards solides et superbement ciselés. Lorsque les sotrans me jugèrent apte à servir notre prince, ils me renvoyèrent auprès de lui. Bien des années s'étaient passées... Eldrid, mon mentor, m'attendait.
Enfermé dans ses rêveries, il ne prêta pas attention au vampire qui venait d'entrer dans la pièce, mais par réflexe, il bondit prêt à pourfendre celui qui le dérangeait. Le sourire de Lothaire, son lieutenant, l'arrêta. L'ancien templier était bien plus petit que Cathal, mais sa musculature épaisse en avait découragé plus d'un. Au contraire de son ami, il portait ses cheveux châtain très courts, une paire d'yeux noirs regardait l'Orghaar, l'air surpris.
— C'est encore cette femme qui hante tes pensées, mon ami ? demanda celui qui aurait suivi Cathal jusqu'en enfer.
— Non, pas aujourd'hui, je me replongeais dans certains souvenirs.
Lothaire fronça les sourcils, l'esprit du guerrier lui était fermé. Cathal avait tant changé depuis qu'il avait sauvé la vie de cette humaine, cette Nelly. Jour après jour, il l'avait vu s'enfermer dans cette obsession qu'elle était devenue. Pourtant depuis des siècles, Cathal n'était plus homme à se laisser submerger par ses émotions, et c'est bien cela qui inquiétait son vieil ami. La mort de Margot, sans doute la femme qu'il avait le plus aimée au monde, l'avait profondément bouleversé. Les humains et plus encore leurs femmes étaient une plaie pour les ichoriens. Lothaire avait vu tant de choses au cours de sa longue vie.
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Dark-Side, le Chevalier Vampire
VampireRoman paru aux éditions Lune Écarlate en 2013. Je ne peux donc que vous offrir les premiers chapitres. Premier tome de la trilogie Dark-Side de Nathy. Le roman fait partie de l'ensemble des écrits rassemblés sous le nom d'Invictus Tenebrae *** De n...