Enfantillage

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Cela fait cinq jours. Cinq longues journées que ses bras m'ont quitté, que je ne l'ai pas revu. Après ce moment hors du temps dans la fôret, nous sommes retournés au camp. J'ai prétexté un mal de tête et je suis rentrée à Londres.

Depuis, c'est le vide. Ma dépendance s'est intensifiée. Ses yeux noirs sont devenus une obsession. C'est une catastrophe. Ma jauge de contrôle s'est nettement réduite. Je ne serais plus maître de moi-même si une étincelle s'allume de nouveau. Ce qui ne doit plus arriver.

En cinq jours, Adam m'a donné peu de nouvelles au contraire de ma famille. Ma mère m'a appelé pour me sermonner suite à mon comportement. Elle m'a surtout loué les retombées du week-end. Toute la famille d'Adam a adoré, notamment Lyda Spark. Son mari, quant à lui, n'a pas partagé son ressenti, mais, selon ma mère, son silence est de bonne augure.
J'ai également reçu des SMS inquiets de Jace, Maxime et Josh pour avoir de mes nouvelles. Adam a timidement fait de même. 
Il m'a simplement demandé si j'allais bien. Nous avons alors échangé quelques banalités. Je me suis retenue avec force de ne pas approfondir la conversation ou de ne pas l'appeler pour entendre sa voix.
C'est inutile. Lui, comme moi, ne voulons pas de ça. Enfin, je crois. Je ne sais pas ce qu'il attend et je devrais le lui demander. Ou l'éviter ? Si je lui en parle, la boîte de Pandore sera ouverte et il n'y aura plus de retour en arrière. Je provoquerai une catastrophe.

Allongée sur mon lit, je jette un coup d'oeil à mon téléphone. J'espère honteusement et secrètement voir son nom apparaître. Rien.

-C'est l'heure de te faire belle! chantonne Minnie en entrant dans ma chambre.

-On ne peut pas repousser ça à demain? Ou à jamais?

-Lève-toi! me force-t-elle en me tirant le pied.

Je me lève douloureusement avant qu'elle ne m'arrache un membre.

-Tu me l'as promis je te rappelle. Cela t'évitera de penser à Ève.

-C'est un nouveau surnom pour Adam?

-Je trouve ça approprié.

Dans le salon, son arsenal est installé sur la table. Minnie me force à m'asseoir sur notre canapé.

-L'amour ça rend niais et stupide, je me plains. Cupidon a tiré sa flèche sans mon autorisation.

-Cupidon est sadique. Je te l'ai toujours dit, l'amour ça n'apporte que des soucis!

-Je commence à te croire. Comment je me suis encore débrouillée pour me retrouver dans cette situation ? Je suis une idiote et pourtant il me manque

Minnie claque ses doigts devant mes yeux et retrousse ses manches:

-C'est ton visage qui va te manquer après ta transformation.

-Tu n'as pas intérêt à me déformer.

-Fais moi confiance, rit-elle.

Elle commence à ouvrir un fond de teint marron-orangé, qui ressemble à un pudding visqueux.
Minnie est maquilleuse professionnelle. Auparavant, elle s'occupait de peindre le visage des enfants en papillon, tigre ou clown dans des parcs d'attractions. Désormais, elle travaille dans un club. 

-Ferme les yeux ma jolie et laisse l'artiste entrer en piste!

J'exécute sa demande, regrettant d'être son cobaye.

-Tu sais, commence-t-elle. Ce n'est pas rien ce qu'il s'est passé dans la forêt.

-Je sais.

-Non justement. Depuis quelques jours, je te vois ronger tes ongles en te demandant sans arrêt si tu n'es pas folle et si tu t'es imaginé cet instant. C'était réel.

Il Était TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant