Un village, quelque part... En 2054.... Une fête... Vieille comme le monde....
Une nature, logique et pourtant insensée... Soldat pour la patrie...
Un amour pénible...
Un one shot pour la st valentin ♥
Un quai. Envahi par les vagues fracassantes et aveuglantes du soleil naissant, vide et humide. C'est le souvenir qu'elle gardera. Au fond de son cœur, déchiré par le temps, asséché par la vie... Elle est assise sur un banc bleu, délavé par le temps, rongé par la rouille. L'un des uniques bancs de ce quai desert. Elle y est depuis à peine quelques instants et pourtant son coeur est serré et ses joues humides de larmes. Elle se souvient de ce chaud jour d'automne, lorsqu'elle avait attendu là que son train, ce dragon d'acier aux cheveux d'argent entre en gare... Elle l'avait vu descendre, doucement, un sac sur l'épaule, le regard vide, blasé. Il lui avait adressé un pauvre sourire, unique preuve de son amour, unique assurance qu'il ne l'avait pas oubliée. Elle la jeune fille qui avait traversé les bois et les routes en sa compagnie pour un jour de février lui annoncer que peut être, elle l'aimait. Pour quelques instant plus tard pleurer l'annonce de son départ. En internat, où en bon fils, il deviendrait le bras armé de la patrie... Un fier soldat.
La pluie avait ce matin lavé le ciel, elle admirait, toujours sur sa banquette d'acier froid, le grand grillage qui de l'autre côté des rails se faisait malmener par les arbres vigoureux dont les maints branchages tentaient de gagner du terrain... Un conflit silencieux entre la nature et quelques grilles d'acier...
Dans ses mains, froissée par ses sentiments, mouillée par ses larmes et la pluie, elle tenait la lettre.. Ce papier qui au matin, dans sa boite aux lettre avait changé son titre, son destin, son humeur... En ce jour de février, humide, froid mais ensoleillé, elle s'était réveillée dans sa petite chambre où ce lit deux place prenait une place énorme. Elle était passée devant la photo mémorable où elle riait aux éclats, une robe blanche couverte de boue la rendant plus belle que jamais... A ses côtés, la mine sombre, son âme sœur avait son costume noir tout aussi sale.
Avalant son petit déjeuner, elle avait attendu un appel, un message, sachant que l'élu de son cœur n'oubliait jamais la fête des amoureux qui, accessoirement, était leur anniversaire de mariage... Ils avaient d'un commun accord décidé de ce marier ce jour là, afin de narguer tous leurs amis. Afin de se souvenir que leur premier jour ensemble était un 14 février, sous la pluie, dans la forêt qu'ils traversaient...
Elle avait pris son courrier, souriant au soleil naissant, était tombée à genoux sur le chemin de terre menant à sa porte...
En larmes, hurlant, ce papier maudit à la main, elle avait couru.. De sa petite maison de campagne à la gare, elle avait couru comme jamais !
Et elle était là... Assise, seule, silencieuse, veuve....
Leur premier anniversaire de mariage... La St Valentin... Elle eut un petit sourire à la vue du train qui déchirait l'horizon. Elle se leva, ses pas la menant au bord de la voie où elle demeura, immobile, droite, fière...
La locomotive la frôla sous les regard désolés de sa famille, des villageois, des amis qui n'osaient venir la troubler... Elle n'avait pas besoin de leur pitié... Pas besoin de leurs larmes... Elle l'avait aimé. Il l'avait aimée. La patrie les avait séparés, cette amante qui se plaît à tous un jour les emporter...
Un uniforme. Un autre... Ils sortaient par une petite porte d'acier et de bois. Ils étaient quatre. Ils s'avancèrent, droits, fiers, le visage fermé... Elle leur adressa un large sourire. Ils ôtèrent leur casquette, le Général de l'amour de sa vie annonçant :
- Madame Eden, nous vous présentons nos sincère condoléances. En ce 12 février 2054, affrontant les ennemis de la patrie, Livaï Eden, sergent en chef de nos troupes et Capitaine du Vaisseau Selam 782 a été abattu comme tout son équipage au large des soleils de la Galaxie Nefta...
Elle l'interrompit, toujours souriante, malgré ses yeux rougis et ses joues humides, disant d'une voix chantante :
- Dans les étoiles, il demeurera à jamais, comme Soldat de la Patrie.
Le Général lui adressa un salut militaire, le cœur serré, la voix brisée, disant :
- Telle est certes notre devise, madame.
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