Chapitre 8

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Manhattan

Jamais ce maudit ascenseur ne lui avait paru aussi lent. Bobby avait nettement perçu l'excitation d'Helen Sandquist au téléphone, et il brûlait de savoir ce que pouvait bien contenir l'email qu'elle avait mentionné. Les portes s'entrouvrirent enfin, et il devina la silhouette de Rachel, plus excitante que jamais, postée comme à son habitude à la sortie de l'ascenseur. Tout à coup il fut pris de panique, tel un adolescent qui revoit sa première conquête un lendemain de surprise partie. Rachel était radieuse, portant un chemisier blanc immaculé légèrement décolleté, et une jupe courte qui laissait admirer ses sublimes jambes. Une recette immuable de séduction dont ne se lasserait jamais Bobby. Il remarqua qu'elle s'était également maquillée. Elle semblait elle aussi incertaine de l'attitude à adopter. Le temps fut suspendu à ce bref moment de flottement. Ils étaient comme deux enfants, et rien ne comptait d'autre en cet instant magique que lui et elle. Finalement Bobby s'approcha, lui prit tendrement la main, et instinctivement, lui donna un baiser. Au fond de lui, il savait que c'est ce qu'elle désirait aussi. Il fut rassuré de ne pas s'être trompé, lorsque Rachel emboita son corps dans le sien. L'instant magique et éphémère se brisa lorsque Rachel retrouva ses esprits et annonça à Bobby qu'elle avait commis une erreur en laissant traîner un email pendant plus de trois jours dans la boite de réception anti-spam. Le système de messagerie électronique de 9/11 Truth était équipé d'un filtre permettant de diriger les emails indésirables, publicité en tout genre, produits miracles, dans une boîte de réception dédiée. Seulement parfois, le système dirigeait un email valide accidentellement dans cette boite. Il fallait donc vérifier régulièrement que ces emails étaient bien sans importance avant que le système ne les détruise définitivement. Et cela, Rachel ne l'avait pas fait depuis trois jours.

Helen Sandquist faisait les cent pas dans le couloir, lorsqu'elle vit la silhouette massive de Copland se détacher dans l'entrée.

- Ah Bobby ! Venez vite dans mon bureau. Il faut que vous lisiez ce mail.

Elle courait presque, obligeant Bobby à accélérer le pas. Elle lui lança par-dessus l'épaule.

- Vous savez, je n'en veux pas à Rachel. Nous recevons tellement d'email ici, plusieurs centaines par jours. Et ce satané système anti-spam est loin d'être au point. L'important c'est que nous l'ayons reçu, n'est ce pas ?

Bobby acquiesça.

Ils se retrouvèrent enfin devant l'écran. Le mail était déjà ouvert. Bobby le parcouru en quelques secondes. Le message était vraiment succinct. Au premier abord, Bobby se dit que cela ne méritait pas de s'exciter ainsi. Mais en le lisant une seconde fois, l'évidence lui sauta aux yeux. Il y avait quelque chose qui clochait.


Chère Madame Sandquist,

J'ai pris ces clichés à Hong-Kong ce matin. J'espère que cela vous apportera une lumière dans votre recherche de vérité sur les attentats du 11 septembre. J'ai pensé que vous étiez la seule personne qui pourrait avoir une explication rationnelle à ce que j'ai vu. Et si vous n'en avez pas, je suis persuadé que vous en trouverez une.

Jay


Bobby se tourna vers Helen, dubitatif.

- Et ces fameux clichés, que représentent-ils ?

La veuve Sandquist fixa Copland comme pour lui signifier qu'il avait mis le doigt la où il fallait.

- Hé bien justement, il n'y avait aucunes pièces jointes dans ce mail. Rachel et moi avons vérifié une douzaine de fois, dans les différentes boites de réception, pour voir s'il n'avait pas renvoyé le mail avec les pièces manquantes. Non il n'y a rien. Je pense que ce type a tout simplement oublié de nous transmettre ces photos.

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