Chapitre 1 : L'entremetteur et le Fantôme

141 14 1
                                    

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.


Luhan se savait beau. Ne plaisant pas forcément à tout le monde certes, mais néanmoins personne, étant de bonne foi, ne pouvait dénier cela. Sans prétention, le jeune homme savait faire briller ses grands yeux de biche pour obtenir ce qu'il voulait, il savait rendre son sourire craquant au point de faire fondre un iceberg, et il savait aussi jouer de sa musculature forgée par des années de sport intensif. Il savait que ce dernier point contrastait avec son apparence innocente et sa petite taille, et, notamment pour les filles, ne faisait qu'accentuer son charme.

Luhan en connaissait un rayon sur la séduction, même si beaucoup de choses lui venaient d'instinct. Que ce soit en Chine, son pays natal, ou la Corée du Sud, où il vivait depuis plus d'une dizaine d'années, il se forgeait une réputation de tombeur. Mais, contrairement à ce que beaucoup pouvaient imaginer, cela ne lui convenait pas plus que cela.

Oui, il aimait plaire, peu de personnes n'aiment réellement pas cela. Mais il n'aimait pas plaire à n'importe qui. Il ne voulait pas coucher avec n'importe qui. Il ne cherchait pas à faire du charme à n'importe qui.

Oh, il avait des aventures, certes. Mais la réalité était loin d'approcher la réputation qu'on lui attribuait sans vraiment chercher plus loin. En particulier la réalité des sentiments propres de Luhan.

Car son visage était naturellement fin, enfantin, voire presque féminin (même si s'entendre qualifié de cette manière lui donnait des boutons, c'était un fait), et son entourage avait donc tendance à croire aussitôt ses airs innocents et à le penser fleur bleue et sentimental, et du fait de ses aventures dépassant le nombre de quatre, on lui attribuait même un cœur d'artichaut. Que d'amalgames pour une simple jolie figure, alors que le jeune chinois était tout l'inverse à l'intérieur, bien loin des attitudes dignes du pire des shôjôs qu'on avait tendance à attendre de lui. Il n'aimait ni minauder, ni changer de compagne comme de chemise, et surtout, à l'opposé de l'innocence et la pureté qu'il mimait en public, Luhan était blasé, las. Il pouvait même se révéler cynique dans le pire des cas, et n'avait développé aucun des sentiments qu'il avait pourtant joué à la perfection pour les personnes avec qui il était sorti. En ce qui concernait l'amour, il ne se faisait aucune illusion, ce qui était à la fois rare et effarant pour un jeune homme approchant la vingtaine d'années seulement, aux yeux du citoyen lambda.

Luhan avait en réalité une seule personne en tête, et ce depuis des années. Depuis sa première année en Corée, à vrai dire. Ce qui faisait son cynisme, que seuls ses meilleurs amis connaissaient, c'était que cette personne ne s'était jamais, en dix ans, intéressée à lui. Du moins de cette façon. Au début, il s'était fait une raison, se disant que cela changerait vite, tout le monde oublie ses chagrins d'amour en grandissant. Et à présent, il hésitait à se faire une autre raison : son attachement pour cette personne ne l'avait pas quitté en dix ans, il devrait peut-être vivre avec toute sa vie (ou du moins encore très -trop- longtemps), sans jamais avoir une chance de connaître le plaisir d'être dans ses bras dans d'autres circonstances que la joie d'un match victorieux. Sans avoir une chance de lui tenir la main en marchant à ses côtés, sans assouvir sa curiosité concernant le goût de ses lèvres, sans savoir s'il dormirait mieux dans ses bras.

Les Malheurs de JongdaeWhere stories live. Discover now