One-shot deuxième ; les chaînes temporelles se resserent

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Ça faisait maintenant quatre ans. Quatre ans que Luke était vraiment mort. Je n'avais jamais compris comment ni pourquoi c'était arrivé, mais voilà. Je l'avais enterré dans le seul cimetière de la ville, très proche du lycée. Ça m'avait un peu étonnée d'ailleurs, mais rien de plus. J'ai rencontré le croquemort, Underprism. Ce gars est carrément flippant mais je l'aime bien. Je parle souvent avec lui après mes cours ou quand je sèche. On parle de tout et de rien, j'ai même fini par lui dire que je suis pécheresse. Il a rit et m'a dit qu'il s'en doutait avec la marque sous ma lèvre inférieure.

"C'est sûr" j'ai dit, "avec tout les livres occultes que tu lis."

Il a encore rit et m'a appris à nettoyer un cercueil. J'ai mit plusieurs mois à me remettre de la mort de Luke. J'ai encore du mal à dire ça, pour moi qui ne pouvait pas mourir, à ce moment-là, souffrir pour lui était libérateur. Je ne voulais plus de ce monde du milieu, pas plus qu'un autre. Si seulement on pouvait détruire son âme et ne jamais renaître, l'Humanité perdrait une sacrée douleur. Alors, comme si ça pouvait pouvait m'aider à ne plus revoir Luke en sang, je me suis crevé les deux yeux. Comme ça, sans rien dire à Underprism, avec un tesson de bouteille. Bien sûr ils ont guéris. Quelle chance me direz-vous, de revoir le monde monochrome. Car oui, depuis le départ de Luke, je vois le monde en noir et blanc, parfois gris, littéralement. Ce n'est pas l'atmosphère qui a changé ce jour fatidique, non, c'est moi. Je me suis mise à écouter, de temps en temps, en cours. Je sèche beaucoup moins, sauf les maths de Mme Eve. J'ai retrouvé Gwen et Sandra. J'aurais dû les tuer, selon ma logique meurtrière, mais à la place, j'ai déposé un bouquet de fleurs et une lettre anonyme, disant que Luke s'était suicidé. Je les aie regardé pleurer l'une dans les bras de l'autre pendant deux heures, assise sur une branche dans l'arbre en face de la chambre de Gwen. Je fume toujours autant, mais je bois beaucoup plus aussi. Je suis, comme a dit mon psy, en phase de dépression après la perte d'un être cher. Je n'y croyais pas trop au début, un peu plus maintenant. C'est l'été depuis trois jours, il est censé faire chaud. Je ne sens pas vraiment la chaleur, je ne ressens plus rien de toute façon. Comme si j'étais une coquille vide. Les résultats des examens sont placardés dans la cour, je vais voir, monotone. Quand je vois que je redouble, je rigole. Mais quand une main se pose sur mon épaule et qu'une voix rauque me dit que je suis décidément une thug, mes larmes coulent et les couleurs reviennent enfin. Je cligne des yeux et la réalité apparaît : Luke ne reviendra pas une nouvelle fois d'entre les morts. Je ne craquerais pas, je me le suis promis quand j'ai pleuré la dernière fois. Ma dernière crise de faiblesse, tenant le cadavre encore chaud de Luke dans mes bras. Je serre les poings et rentre chez, en faisant un crochet par une boulangerie qui vient d'ouvrir. Je vois des cookies et m'en prends un sachet de douze, sur le chemin du retour, j'en avais déjà englouti trois. Les vivants avaient eu l'illumination divine d'inventer ce délice croquant. J'ouvris la porte de mon studio, et une bestiole d'origine inconnue se frotta contre mes mollets. En simple réflexe, je bondis dans le couloir.

Quelques jours plus tard

Je sortis une boîte de sardines à l'huile d'olive pour nourrir mon nouveau compagnon. C'était une grande bestiole d'environ un mètre trente qui flottait dans les airs grâce à un pouvoir inconnu.

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