Chapitre 1- La création

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                Il faisait très chaud. Il avait beau être tard, 23 h peut-être, les gens suffoquaient sous cette grande tente installée par le comité du village. Surtout cette jeune et jolie fille blonde, toute pantelante, en grande discussion avec une rouquine encore plus jeune. Il l'avait remarquée depuis le début du souper, mais sa timidité et son secret l'empêchaient de se jeter à l'eau. Et puis elle passait tout son temps avec la jeune rousse, peut-être était-ce sa petite sœur ?

Après avoir pris l'air, il retourna sous cette immense bâche blanche qui abritait plus d'une dizaine de tables. Les musiciens y mettaient du cœur : absolument tout le monde dansait pendant ce bal d'été. Arrivé à la table où était installée toute sa famille, il prit place à côté de son frère.

«-Arthur..? dit-il d'une petite voix.
-Quoi ? répondit-il bruyamment
-Je... J'aimerais un conseil, hésita-t-il.
-Ça, ça a un rapport avec une fille, j'en suis sûr ! Arthur souriait d'un air niais, mais avait l'œil brillant de malice.
-Oui, et je suis incapable d'aborder cette fille là-bas, la grande blonde un peu essoufflée.

Il désigna discrètement l'objet de son désir d'adolescent en rougissant légèrement.-Propose lui un rafraîchissement et une petite ballade autour du bal, en plus, avec les étoiles qu'il y a ce soir, c'est l'atmosphère romantique i-d-é-a-l-e, précisa-t-il de dire, la voix moqueuse, mais il finit par lui donner un clin d'œil pour l'encourager.
-Mais, mais... Comment ? Je... Et puis... », bégaya le jeune homme

Arthur se leva si précipitamment qu'il fit sursauter notre jeune amoureux. Il prit son frère par le bras et l'emmena directement vers la jeune blonde. Raide comme un piquet, il n'osait pas regarder la jeune fille et préféra observer ses chaussures.

«-Salut ! lança Arthur à l'intéressée.Elle le toisa de haut en bas, puis inclina son regard vers le frère timide. Ses yeux s'écarquillèrent quelques secondes, puis reprirent leur éclat naturel.

-Bonsoir, dit-elle aimablement, en s'éventant avec une main.

-Mon frère est un peu malade, et comme nous sommes en vacances, on ne connait pas trop le village et j'ai un peu peur que mon frère se perde, permettez-moi de vous demander de l'accompagner dehors, histoire de lui faire prendre l'air et de faire connaître un peu le coin. »

Elle semblait interloquée, mais en même temps un peu flattée. Un sourire apparut au coin de ses lèvres et elle prit le jeune homme par le bras, en lui disant que c'était un plaisir de faire découvrir son village bien-aimé à un touriste. Arthur se tourna alors vers la petite rousse et l'invita à danser. Elle accepta sans hésiter, elle aussi flattée qu'un beau jeune homme — beaucoup trop vieux pour elle — l'emmène au bal. Elle pourrait raconter ce beau souvenir à ses copines en les rendant jalouses.

               Un peu plus loin, dans un coin discret caché du monde, précisément ceux du bal, nos jeunes tourtereaux se regardent dans le blanc des yeux sans savoir quoi dire. Elle se sentait belle, regardée ainsi, et elle s'était toujours promis d'être la première de ses copines à avoir un amant. C'était une réelle opportunité, et puis la soirée était belle et chaude, comme le jeune homme. Grand et sec, encore plus roux que sa sœur, elle le trouvait séduisant à sa manière, avec son regard fiévreux et son sourire nerveux.
Il se creusait la cervelle pour sortir de sa bouche quelques mots, mais rien ne venait. Il la trouvait vraiment séduisante, avec ses longs cheveux blonds et ses yeux vert émeraude qui lui donnaient un physique somptueux. Il n'avait jamais ressenti ça auparavant. Ses doigts lui picotaient, il brûlait d'envie d'effleurer sa peau d'une pure blancheur.
Elle lui prit alors les mains, et, paume contre paume, ils continuèrent de se regarder. Il y avait de l'électricité dans l'air, ce qui donna au jeune homme le courage de l'embrasser d'un petit baiser innocent sur ses lèvres pleines. Elle écarquilla les yeux de surprise, puis les referma doucement en rendant son baiser. Les mains alors se lâchèrent pour aller explorer d'autres endroits qui n'avaient jamais été touchés avant.
Elle s'éloigna de lui avec regret, en le contemplant. Il avait les lèvres mouillées, rouges, et loin d'être rassasiées. Elle se mordit les lèvres et sourit, puis dit d'une voix claire :

« -C'était mon premier baiser.
-Moi aussi, répondit-il de la même intonation. »

Un bruissement de feuilles les fit sursauter, et une petite rouquine -celle de tout à l'heure- surgit de nulle part.

«-Mais qu'est-ce que tu fais ? demanda la jeune fille à l'adolescente.
-Va-t'en, le monstre ! »

La petite fille, vexée, reniflait en regardant sa sœur les yeux brillants.

«-Arrête de m'appeler comme ça, c'est vraiment méchant, ça me fait mal.
-Va raconter ta vie à ton copain bizarre, et laisse les adultes entre eux», dit-elle d'une voix calme, mais dure, en faisant un geste de la main.

La petite repartit en pleurant bruyamment, et courut en direction du bal.

Il l'interrogea du regard. Elle reprit une expression douce et passionnée.

«-C'est ma petite sœur, et c'est une fouineuse. Ah, et c'est un monstre aussi, elle a des "'habilités"' surnaturelles, enfin, selon elle et une école bizarre, avec un nom bizarre, bref, un monde de monstre.
-Et tu n'y crois pas ? Questionna-t-il, nerveux.
-Bien sûr que non, je ne veux en aucun cas me mêler de ce monde de fou. »

Il déglutit. Si elle devinait à quoi il pensait maintenant, il valait mieux ne pas lui dire qu'elle venait d'embrasser un sorcier. Qui, de plus, venait de se rendre compte qu'il était dans la même école que la petite. Il savait bien qu'il l'avait déjà vue quelque part.

«-Bref, où en étions-nous ?» Dit-elle d'une voix rauque en lui prenant les mains et les posant autour de sa taille.

               Ils ne dirent plus un mot de la nuit. Les hormones, le jeune âge, l'inconnu, ou encore l'interdit les emmenèrent jusqu'à l'acte suprême. Il a été doux, patient, minutieux et elle a été... un peu déçue.
Après s'être habillés chacun de leur côté, ils se retournèrent, se regardèrent une dernière fois en se demandant leurs prénoms. Ils se dirent au revoir dans une étreinte brève, l'ambiance électrisante étant devenue un peu gênante. Il retourna vers sa famille, dans la grande tente, et elle partit directement du bal pour rentrer chez elle.

Mlle LeahneWhere stories live. Discover now