CHAPITRE 1

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-Que ressens-tu aujourd'hui Thalia ?

Voilà la première question que Madame Robertson, la psychologue de mon lycée me pose tous les jours depuis 8 ans maintenant.

-Rien.

Et voici la réponse que je m'obstine à lui donner tous les jours depuis 8ans.

-Et bien...comme dirait ma mère...

-On ne change pas les bonnes habitudes.

Je finis sa phrase. Depuis 8 ans, j'entretiens avec ma psychologue -oui on peut dire MA psychologue car c'est simplement grâce à moi qu'elle travaille toujours dans notre établissement- exactement le même discours, à la virgule et au point prêt; et je lis toujours cette même exaspération dans ses yeux.

-Ecoute Thalia il serait temps que tu collabores...8 ans de travail, et aucun résultat...je cherche simplement à t'aider.

-Je n'ai jamais demandé à ce que l'on m'aide, pour la simple et bonne raison que je n'ai absolument pas besoin de l'aide de quiconque !

Sur ce, je quitte cette pièce dans laquelle je suis prisonnière depuis tant de temps et, toujours aussi dépourvue de tout sentiments et de toute émotion je m'aventure dans les larges couloirs de Lafayette college. J'entre en trombe dans la salle de mathématiques sans prendre le temps de frapper à la porte pour prévenir de mon arrivé, je prends tranquillement le temps d'aller m'assoir à ma place située au fond de la salle. Je prends le temps aussi de scruter chaque personne que je trouve en train de me dévisager, je leur lance mon regard des plus assassins pour les laisser croire que je suis réellement une folle. Arrivée à ma place j'essaye tant bien que mal de me raccrocher au cours que nous enseigne Monsieur Thom mais c'est peine perdue et je me perds dans mes pensées les plus lointaines à essayer -depuis huit ans- de me rappeler pourquoi je ne ressens rien. Pourquoi est-ce que j'ai fait taire mes émotions ? Pourquoi je ne connais rien à la joie, la peur, la tristesse, la colère et toutes ses autres sensations qui font parties des humeurs de l'être humain. Je ne me souviens absolument de rien...La sonnerie retentit et me sort de ma rêverie. Il est midi et comme tous les jours je me rends à la cafétéria pour prendre mon déjeuner, seule à une table, sans personne autour. Que voulez-vous, les gens me prennent pour une folle et ça ne me dérange pas, je n'ai besoin de personne et encore moins de quelqu'un qui me questionnerait toute les minutes à propos de ma déficience mentale. Et comme dirait ma psy : " comme dirait ma mère, il vaut mieux être seul que mal accompagné !".

Lorsque j'arrive chez moi, il est dix-huit heures, je laisse tomber mes affaires de cours dans l'entrée, enlève mes Stan Smith et arrivée au niveau du canapé, me laisse tomber dedans mais avant d'allumer la télé pour regarder la suite de ma série quotidienne, "Pretty Little Liars", je parcours du regard le salon salle à manger. J'habite ici toute seule depuis...trop de temps maintenant. Quand je suis arrivée ici, un soir de décembre, la maison comportait déjà ses meubles avec dessus des photos également présentent sur les murs ainsi qu'à mon chevet. Sur ces photos il y a un couple, toujours le même avec soit un enfant, dans les bras, ou alors sur une balançoire, sur un poney et pleins d'autres moment qui ont l'air "joyeux" (sensation dont j'ai souvent entendue parler mais dont je ne connais absolument rien). Je ne me souviens pas de ces gens là, je ne sais même pas si je les ai déjà connu un jour, je me souviens juste qu'un jour quelqu'un m'a dit de les appeler papa et maman si jamais on me questionnait à leur sujet. Je suppose alors que l'enfant à leurs cotés n'est autre que moi...Quelqu'un sonne à la porte et me tire de ma réflexion concernant cette étrange maison qui m'ai à la fois connue et inconnue.

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant