Amnésie

CHAPITRE 2

C'est en cours de Français cette fois que quelque chose autre que la sonnerie me sort de ma rêverie. Nous nous levons tous à la vue de notre proviseur Monsieur Dyton un vieillard à lunettes, assez baraqué qui peut facilement impressionner la plupart des élèves qu'il croise sur son passage.

-Mes chers élèves, je me permet d'interrompre votre cours..

"merci, j'avais vraiment besoin d'une distraction" ma voix intérieure fait encore des siennes.

-...pour vous présenter votre nouveau camarade Thomas venu tout droit d'Angleterre plus précisément de York, une ville située au Nord du Royaume-Uni.

York...à l'annonce de cette ville je ressens comme une décharge électrique dans tout mon corps, la tête me tourne j'ai l'impression de tomber dans le vide et c'est dans un sursaut que je me raccroche à ma table, à deux doigts de tomber la tête la première. Tout le monde me regarde de la même manière que d'habitude. Se disant surement que je suis folle allié. Je remarque que Thomas me regarde aussi et quand son regard croise le miens, je me mord l'intérieur de la joue pour ne pas manquer de tomber comme il y a quelques instants. Il me semble qu'il l'a remarqué, c'est pour cela qu'il détourne le regard pour se concentrer sur les autres élèves présent dans la salle.

-Tout va bien Mademoiselle Young ?

-Oui, j'ai...je...oui ça va merci.

-Vous êtes sure de ne pas vouloir sortir prendre l'air ?

-Je vous ai dit que ça allait.

-Je vous disais donc...

Je le scrute de la tête au pieds, il est grand, musclé, brun aux yeux verts et je remarque une petite cicatrice au niveau de l'arcade sourcilière. Je suis avec attention la description de ce nouvel arrivant, jusqu'à ce que Madame Robertson face son entrée dans la salle de classe. "Non pitié pas maintenant !"

-Bonjour excusez-moi...Thalia ?

Elle me cherche du regard dans la pièce et me trouve grâce à tous les regards qui sont tournés vers moi, alors que j'essaye de me faire toute petite.

-As-tu oublié que nous avions rendez-vous ?

Je ne prends pas la peine de répondre, ramasse mes affaires et la suis jusqu'à son bureau.

-Etiez-vous vraiment obligée de venir me chercher maintenant ?

j'insiste bien sur le mot "maintenant".

-Cela fait trente minutes que je t'attends et ne te voyant pas arriver je me suis un peu affolée et j'ai décidé de venir te chercher pour être sure que tout allait bien excuse-moi.

-Ca ne fait rien j'étais juste concentrée sur la présentation du nouveau.

Quelque chose me dérange...c'est la première fois depuis que j'ai rendez-vous avec Madame Robertson que notre dialogue n'est absolument pas la copie conforme de celui de la veille.

-Parle-moi de lui tiens ! Il a l'air plutôt sympathique !

-Malheureusement, suite à votre REMARQUABLE intervention je n'ai pas assez d'informations à vous livrer sur cet individu.

Elle se met à rire. C'est bien la première fois que je fais rire quelqu'un. Décidément, que de changement, ce n'est pas normal...

-Mademoiselle Young aurait-elle un humour caché que nous n'aurions jamais découvert ? dit-elle ironiquement.

-Non, je réponds sèchement et de suite elle fait disparaître de son jolie visage ce large sourire qui s'était formé précédemment.

-Tu me sembles différente des autres jours Thalia.

Je constate que c'est à la fois une question et une affirmation à laquelle elle attend un réponse de ma part.

-Non.

Je me demande si je dois lui parler de ma réaction suite à l'entente de la ville de York, je m'abstient et garde ça pour moi. La suite de la conversation est la même que d'habitude et je sort de son bureau dans le même état dans lequel j'étais lorsque je suis rentrée, c'est-à-dire, totalement neutre. Mais arrivée à la porte de sortie de la salle d'attente je m'arrête, il y a quelque chose dans la salle que je n'ai jamais vu avant. La salle d'attente est toujours vide en général, mais là Il est là. Je me retourne et remarque qu'il me scrute avec attention.

-Salut

Je me retourne et m'en vais, mais je sens qu'il me retient par le bras et me force à lui faire face. Mon regard va de sa main autour de mon poignet à son visage.

-Je vais me montrer moins froide qu'à mon habitude d'accord ? Alors je vais te le dire une seule fois. Aurais-tu l'obligeance d'ôter ta main de mon bras je te prie !

Ma voix est montée crescendo sans que je m'en rende compte. Sur ce il obéit.

-Oui pardon, c'est juste que je t'ai saluer mais tu ne m'as pas répondu.

-Tu vas être en retard et elle ne va pas être contente.

Je fais la sourde oreille.

-Qui ça ?

-Madame Robertson !

Il rit, ce qui fait monter en moi une adrénaline que je ne connais pas.

-Oh mais je n'ai pas rendez-vous chez la psychologue, je t'attendais.

Pour ponctuer sa phrase il esquisse une sourire qui m'a l'air sincère, mais un mouvement vers le bureau me fait détourner le regard, la porte est ouverte et je remarque Madame Robertson qui nous observe l'air étonné. "Tu m'étonnes ! Toi qui ne parle jamais à personne !"

Je me sorts et me dirige vers l'arrêt de bus.