Tonight is just another night

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Un bruit de clé dans la serrure me tire de ma somnolence. Je ferme les yeux un instant et pousse un petit soupire.

Nous y revoilà. Le moment que je déteste et que je chéris le plus. Ce moment de joie, de soulagement, et de tristesse mêlée.

Ce moment qui me rappelle un peu trop le passé et qui me blesse plus que je n'ose l'imaginer, mais que je ne peux pas refuser, parce que c'est la seule chose qu'il me reste.


Un bruit étouffé de sac posé au sol, sur la moquette, un autre d'une veste jetée dessus. Et puis un froissement de tissus presque silencieux.

Je garde les yeux fermés et écoute simplement, me délectant de ces sons trop familiers et à la fois trop lointains dans mes souvenirs à mon gout.

Un autre froissement et le drap glisse sur mon épaule. Mon dos rencontre bientôt un corps chaud, et je suis happé par les bras de mon amant, son odeur m'enveloppant immédiatement. Cette odeur de peinture qu'il traine derrière lui à chaque fois qu'il passe des heures dans son atelier.

Sa barbe pique légèrement mon épiderme et je ne peux réprimer un frisson. Il est là. Contre moi. Il est là et pourtant il n'est pas vraiment à moi.


- Tu es venu pour quoi au juste ? Je finis par demander, un peu durement je le reconnais, mais c'était ça où rien. Je veux qu'il sache que je le déteste pour ça. Même si il le sait. Je veux qu'il sache que ça me blesse.

- Liam... Je voulais te voir...

- Il est quelle heure ? Je soupire.

- A peu près trois heures...

- Pourquoi quand tu te décides à venir me voir, ça doit toujours être au milieu de la nuit ? Tu viens toujours pour la même chose. Tu tires ton coup, tu me dis des jolis mots pour te donner conscience, et le lendemain tu te barres comme un voleur. Pourquoi tu fais ça ?

-Parce que... Marmonne t'il, et je sais bien qu'il ne le sait pas lui même, mais j'aimerai au moins qu'il ait une réaction. Quand ça arrive... J'ai juste envie de te voir et... Du coup je réfléchis pas et je viens, parce que tu es content de me voir aussi non ?

- Donc tu as juste envie de me voir une fois toutes les trois semaines ?

- Liam on a toujours dit qu'on gardait notre indépendance, qu'on avait une relation libre, je croyais que tu voulais ça aussi...

Je préfère ne rien répondre, c'est assez douloureux comme ça. J'ai toujours voulu plus qu'être un coup d'un soir ou un sex friend pendant les tournées. On était plus que ça, on était proches, et parfois ça dérapait, alors c'est devenu une habitude.

Sauf que si au début c'était drôle, maintenant qu'il n'est plus jamais là c'est tellement plus différent. Il me manque terriblement. Excessivement peut être même. Nos moments complices me manquent, ces moments où nous n'avions pas besoin de faire quoi que ce soit, être dans la même pièce nous suffisait. Où un câlin guérissait tous les maux. Où il ne s'isolait pas pour laisser échapper sa créativité sur la toile.

Nous avons tout partagé. Les rêves, les fans, les scènes du monde entier, le tour du monde, les joies, les déceptions, les complicités, les engueulades, les incertitudes.

Et à présent tout ce qu'il me reste de lui sont ces souvenirs, et ces nuits où il me rejoint parce que je n'ai jamais eu le courage de lui redemander mes clés. Parce que je n'ai pas le courage de lui demander de choisir, d'arrêter ou de s'impliquer.

Ziam - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant