Isolé

Souvenir d'un passer proche

Je suis étendu sur une surface chaude et granuleuse qui je crois être du sable. Mon état semi-conscient ne me permet pas de pouvoir évaluer où je me trouve. Dans mon esprit, je ne cesse de sombrer dans le néant et de ressurgir dans ce que je crois être la réalité. Je revois les événements catastrophiques qui se sont déroulé la veille, enfin que je crois s'être déroulé la veille, je ne sais pas cela fait combien de temps que je me trouve dans cet état semi-comateux. Je revois les vagues, je revois le capitaine aboyer ses ordres à ses matelots, je revois la lumière rouge de l'alarme, le feu qui s'était déclaré dans la salle des machines et les éclaires qui déchiraient le ciel. Je revois le bateau tanguer, au point d'être presque à l'horizontale, je revois les passagers qui, paniqués, couraient dans tous les sens, essayant désespérément de trouver un endroit sûr et surtout, je revois le visage terrorisé d'Émilie. Pourquoi fallait-il que cela arrive ? C'était notre voyage de noce ! Pourquoi !? Nous étions supposés passer les plus beaux moments de notre vie et c'est ce que nous avions fait, du moins au début. Nous venions de quitter les Caraïbes quand des nuages qui semblaient venir tout droit de l'enfer apparurent de nulle part et c'est à ce moment que tout commença à dérailler, Des vagues monstrueuses commencèrent à faire ballotter le bateau comme si celui-ci n'était qu'un bouchon de liège et un feu se déclara dans la salle des machines. À partir de là, tout se passa au ralentit, je vis la vague titanesque s'élever à au moins cinquante mètres au-dessus du coté tribord du navire. Je cherchai Émilie du regard, complètement paniqué, puis je la vis, à environ vingt mètres, courant vers moi. Ses yeux laissaient paraitre, même à cette distance, la terreur face à la situation et l'espoir de réussir à me rejoindre avant l'impact. Je voyais la vague approcher et je voyais Émilie courir plus vite que jamais, mais plus mon regard passait d'Émilie à la vague et de la vague à Émilie, plus je me disais qu'elle n'allait pas y arriver. Mon cœur allait exploser! Je tendis une main désespéré vers elle, voulant à tous prix qu'elle réussisse à l'attraper. Quinze, dix, cinq mètres, elle se rapprochait, l'attente était interminable! Chaque centième de seconde amplifiait ma panique. Elle était si près, plus qu'un mètre avant que nos mains se touchent, mais c'était trop tard. L'impact fut titanesque! La vague déchira le bateau comme s'il était fait de papier, l'impact nous projeta pardessus bord et je réussis à attraper Émilie durant notre vol plané. Nous nous regardions dans les yeux, elle ne criait pas, moi non plus, nous attendions, entrelacés, le moment où nous allions toucher l'eau. Le plongeon fut catastrophique, tous mes nerfs se mirent à vibrer à l'unisson. Le choc fut d'une violence atroce, je sentis la décharge remonter jusque dans ma tête, puis ce fut le noir.