Partie 1

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Ma maman m'avait réveillée de bon matin ce jour-la. Nous devions déménager. J'avais 10 ans a l'époque, j'étais en CM1, soit a une année de terminer l'école primaire et me voilà traînée vers un nouveau quartier. Nous allions quitter le quartier le plus bruyant de la banlieue pour aller habiter dans le quartier le plus huppé de notre ville saint-louisienne( du Senegal). En effet, avec mes parents, mes deux grands frères Abdou et Ousseynou, et mes deux grandes soeurs Kine et Ramatoulaye, nous vivions dans la maison familiale de mon grand-père paternel. Il y avait aussi les trois frères de mon père avec leur famille, la deuxième femme de mon grand-père, que je n'arrivais pas a appeler Mami car elle n'était pas vieille. N'empêche, je l'ai toujours considérée comme ma grand-mère, étant donné que la mère de mon père était décédée avant ma naissance, je porte d'ailleurs son nom. C'est pourquoi Papa m'appelle Maman Daba. Il est vrai que dans les maisons familiales ne règne pas toujours la belle vie, mais je dois dire que notre cohabitation était plutôt facile. Il n'y avait pratiquement pas de problèmes a part les banalités et jalousies entre mes grandes soeurs et mes cousines. Cela ne nous affectait guère ma cousine Soda et moi qui étions les meilleurs amies du monde. Nous étions nées la même année durant le même mois a sept jours d'écart et on nous appelle les jumelles car en plus de cela on se ressemble même si je suis un peu plus élancée et qu'elle est plus fine. La mère de Soda, Tata Anta a tout fait pour créer de la jalousie entre nous en essayant de me monter contre ma jumelle mais ses tentatives sont toujours restées vaines. Cette femme est en effet de ce genre de personnes qui aiment rivaliser pour tout, elle aurait du avoir une coepouse. Quand elle était encore nouvelle dans la maison, maman a dit qu'elle ne cessait de lui lancer des piques pour créer des problèmes. Mais vu que Maman n'était pas disposée a lui répondre, elle a fini par laisser tomber. Ma mère, Fatou Ba était une femme calme et respectable. Elle ne haussait le ton que lorsqu'elle était dépassée. Elle n'a pas besoin de demander qu'on la respecte, qui la connait la respecte. Elle est gentille avec tout le monde, toujours souriante, très belle avec son teint clair éclatant, ses dents toutes blanches et bien rangées, sa carrure imposante sur ses 1m68, ses yeux ni gros petit, son nez si fin( je lui dis toujours qu'elle a le plus beau nez du monde) et ses fossettes qui se creusent quand elle sourit. Petite, je disais que son sourire me guérissait et je rêvais de lui rassembler, moi qui était tellement moche qu'on me surnommait "Etoile" pour faire contraste lol. Il faut croire que j'ai bien changé en grandissant car au fil des années, je suis devenue une fille mignonne d'un teint noir d'ébène et ma précocité accusait déjà des hanches qui promettaient un joli corps. Mon père, Ibrahima Ndiaye était quant a lui l'homme le plus brave, le plus courageux et le plus travailleur que je connaisse. Il était professeur de Maths dans un lycée et s'est toujours battu pour sortir du cocon familial. Il disait que cette maison n'était pas la sienne mais celle de son papa et qu'il lui fallait avoir sa propriété. Et voilà qu'il nous amenait dans le plus beau quartier de la ville. Je n'avais jamais visité la maison avant le déménagement mais Ramatoulaye qui y était m'a dit que c'était une très grande et belle maison, que nous avions chacun notre chambre et que celles-ci se trouvaient a l'étage. Ainsi j'étais partagée entre la tristesse et le bonheur. Triste car j'allais quitter une partie de ma famille, mes amis avec qui j'ai fait les 400coups, mon quartier que je connaissais mieux que ma poche mais surtout parce que je n'habiterai plus avec ma jumelle Soda. Et heureuse car nous avions notre propre maison qui s'avérait être très spacieuse et jolie.
Nous étions arrivées dans notre villa aux environs de 12h. C'était un samedi et nous n'avions pas cours. La maison avait une joli devanture peinte en crème avec une grande porte noire. Il y avait une énorme cour et Papa m'expliqua qu'il ambitionnait d'acheter une voiture dans de brefs délais. Ensuite y avait la véranda, le salon, la cuisine, les toilettes, des chambres pour chacun d'entre nous et deux chambres d'ami. C'était vraiment une belle maison, voire luxueuse. C'est après que Maman me fit comprendre que mon père avait fait un prêt pour construire la maison et qu'en même temps ses champs au village rapportaient beaucoup. Aussi,dans le quartier ou nous étions, il n'y avait que des maisons luxueuses avec de superbes voitures garées devant a savoir c'est un quartier de riches. Plus tard, on se rendit compte que beaucoup de blancs et d'étrangers y vivaient et que les autres habitants se comportaient comme tels. Ils faisaient beaucoup de chichis, ne parlaient jamais wolof et faisaient du français leur langue maternelle. Ils se tapaient la bise a longueur de journée et n'étaient point simples même si y'en a qui étaient super gentils et sociables. M'adapter a ces protocoles n'étaient point facile car j'ai grandi dans une banlieue après tout.

Mon Amour De Jeunesse, Mon Amour Pour La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant